3 - Visite au bercail

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17e jour de la saison du soleil 2449

Les apprentis avaient été envoyés à leur région natale pour les vacances d'été qui durait exactement une saison - soit durant la saison du soleil. Certains décidaient de rester à l'académie, le voyage étant trop long pour le peu de temps de répit qu'il leur était accordé, d'autres tout simplement car ils n'avaient plus d'autre endroit où aller. C'était presque le cas pour Azéna qui ne portait pas sa famille adoptive dans son cœur mis à part pour Argent qui résidait maintenant à Elthen et pour Gendrel, son petit frère né quelques saisons après elle et qu'elle considérait un peu comme son jumeau. Il était l'unique raison pour laquelle elle y retournait. Éventuellement, elle n'allait plus avoir ce luxe étant une dragonnière accomplie. Argent lui manquait déjà grandement et son absence lui pesait au cœur. Les lettres qu'elle recevait d'elle n'étaient tout simplement pas suffisante; elles ne comparaient en rien à sa véritable présence. Au moins, elle savait que sa sœur était bien, qu'elle recevait de la tendresse de son nouveau mari, qu'elle avait débuté son entraînement en tant que chevalière ainsi que reine à en devenir et qu'elle était entourée d'amis qu'elle s'était fait durant son voyage au royaume de la Coupe Dorée. Tout cela lui apportait un sourire.

— Dame Azéna, appela une voix féminine provenant de l'autre côté de la porte de la chambre à coucher de l'archère.

La demi-elfe cligna des yeux, encore déshabituer à la présence de servantes. Elle grommela, se dissimulant le visage sous son oreiller comme si cela allait chasser la présence indésirable. Au moins, elle n'avait pas fait de cauchemars cette nuit-là. Pas de Vyrius, tout allait bien.

— Dame Azéna, puis-je entrer? La lumière du jour est déjà bien haute dans le ciel. Il est temps de se lever. Ce n'est pas un comportement digne d'une dame, vous savez.

Elle n'était pas présente pour la plupart de l'année et on la traitait toujours comme si son destin était d'être une noble. Était-ce à ce point difficile d'accepter qu'elle était dragonnière? Qu'elle avait en somme rejeter les demandes de sa famille, de son père? Une pointe de colère s'éveilla en elle, mais elle prit une longue respiration et se calma. Elle libéra son visage de l'emprise de son oreiller pour mieux se faire comprendre:

— Tu peux disposer Ryah. Tu sais, tu n'as pas besoin de te préoccuper de mon horaire de la journée.

— J'ai une lettre pour vous, continua la blonde.

Cette déclaration remplie l'adolescente de curiosité et aussi d'énergie car elle avait déjà une idée de l'identité du l'auteur de ce message.

— Bon d'accord... Je me lève.

Elle arracha la couverture blanche et violette de son corps qui semblait bouger au ralenti. Elle ouvrit lentement la porte et se retrouva face à face avec une jeune demoiselle de quelques années son aîné qui lui offrait un sourire étincelant.

— Bon matin Dame Azéna! s'exclama la servante qui était un peu trop enthousiasme. Si je peux me le permettre, vous devriez prendre un bon bain.

Ryah avait tentée de ne pas paraître insultante, mais ses efforts étaient vains. La pauvre... Elle était si naise, mais c'était innocent.

— J'y vais, ronchonna Azéna en empoignant le parchemin roulé des mains de son interlocutrice.

Habituée à sa vie à l'académie, elle avait développé un amour pour son indépendance. Cela faisait à peine quelques jours depuis son arrivée et elle trouvait le quotidien au château de ses parents écrasant.

— Merci Ryah, dit-elle en lui faisant signe de partir.

La blonde s'inclina légèrement, tourna les talons et disposa, laissant Azéna derrière. L'adolescente soupira, s'observa dans un miroir momentanément et ronchonna. Elle avait piètre allure mis à part sa chevelure argenté qui était comme à son habitude, intacte. Des ronds noirs entouraient ses yeux creusés. On dirait qu'elle n'avait pas dormie depuis des jours, mais c'était tout simplement sa famille qui rongeait son énergie. Être d'héritage noble était tellement lourd; elle ne manquait pas cet environnement. Elle ramassa une tenue décontractée que sa famille considérait comme trop garçonnet et elle se dirigea vers la salle de bain des femmes.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant