22 - La terrible Norkux

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33e jour de la saison de la mort 2449

Le Festival du Crâne, plus communément appelé le Festival de la Mort dû à son intention de célébrer les défunts, est assurément la période festive la plus émotive de l'année. Certains individus superstitieux refusent de se faire enterrer jusqu'à ce jour spécifique, croyant que cela aiderait leur esprit à obtenir la faveur des divinités. Durant le crépuscule et l'aube, les deux dimensions se connectent et les gens se réunissent autour des tombes de leur proches dans l'espoir d'entrer en contact avec eux. Si l'esprit trouve son chemin depuis Shruk'Näydan jusqu'à la dimension des mortels, il attendra à son endroit de repos. Tout dépendant de la puissante du défunt, il pourra soit se faire ressentir des vivants, soit communiquer avec eux, ou encore, mais rarement, apparaître sous forme spectrale devant eux. Dans plusieurs royaumes, c'est un temps de célébration, de retrouvailles et d'appréciation, mais dans d'autres, c'est tout le contraire.

Norkux, la capitale des elfes gris, est en charge se lancer le festival officiel. Peu de gens y assistent puisqu'ils sont occupés à fêter à un endroit spécifique, mais cela n'est que l'excuse primaire. En toute honnêteté, rares sont ceux qui font confiance aux elfes gris et ne désirent pas mettre les pieds dans leur plus importante cité.

Azéna n'avait pas vraiment d'intérêt en cette coutume. Elle ne connaissait personne qu'elle chérissait et qui était décédé. Du moins, pas qu'elle en soit sûre. De surcroît, elle ne pouvait pas quitter l'académie depuis son ascension au titre d'apprentie dragonnière. Durant toute son enfance, elle avait été forcée d'assister aux retrouvailles des Kindirah et se retrouvait toujours enfermée dans sa chambre car elle troublait la famille d'après son père adoptif. Elle n'était pas une grande amateure de ce festival, mais elle était consciente que lorsque le temps sera venu, il allait devenir son plus chérit.

Cela faisait quelques jours qu'elle, Tyrath et un grand nombre d'apprentis, dragons et maîtres étaient en route vers Gosform. Les Aerindiens n'avaient que rarement la chance de voir un dragonnier à dos d'un dragon, encore moins un groupe entier. Les réactions étaient variées, passant de l'effroi à de l'admiration. Le long voyage avait permis à la jeune archère de pratiquer sa méditation et de réfléchir aux évènements récents de sa vie.

Visiter le bercail de Serfantor lui était étrange et inconfortable. Elle était au courant de la cruauté de la reine des elfes gris. Elle s'inquiétait pour la sécurité de ses amis, incluant la sienne. Mais c'était là la seule opportunité qu'ils possédaient à enquêter à son sujet sans attirer la colère des maîtres. Cela faisait une année que le dragonnier noir avait été condamné à mort puis, qu'il avait disparu. La demi-elfe se souvenait fraîchement du sentiment de panique et de rage qui lui avait agripper le cœur lorsque Fayne lui avait annoncée la sombre nouvelle. Depuis, Arièlla n'avait plus été exactement la même. Elle était plus nerveuse, plus émotive, plus instable sur ses pieds. Dernièrement, elle avait fait du progrès en se concentrant sur le skotar et sur son apprentissage pour devenir dragonnière de tête. En revanche, ce n'était jamais assez pour oublier. Azéna espérait de tout son être qu'un peu de chance allait leur sourire. Elle leva le regard, adoptant une expression sévère. Droit devant, une masse sombre gonflait lentement alors qu'elle s'approchait.

— Norkux, dit-elle haineusement, serrant les mâchoires.

Bientôt, elle allait y être et elle était incertaine de si elle se sentait plus craintive ou déterminé. Elle ferma les yeux, sachant que Tyrath n'allait pas l'atteindre avant une bonne demi-heure. De plus, la lumière des deux soleils ne les atteignait plus. Le ciel n'était qu'une nuit artificielle et certains dragons n'étaient clairement pas à l'aise avec ce phénomène : grognant et sifflant doucement. Les elfes gris étaient affligés par une obsession avec Noktow. Leur amour pour le Dieu de la Noirceur ne connaissait pas de limite, au point de bannir le jour de leur vie.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant