15 - La forêt dans ses yeux

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2e jour de la saison de la faux 2449

Après la tragédie au terrain de skotar, Nixie-Elle avait passé deux jours à l'infirmerie en compagnie de Leith qui refusait de laisser sa patiente partir bien que cette dernière se sentait relativement bien après quelques heures de repos. Elle avait reçu un sale coup au visage, mais rien que la guérisseuse ne pouvait arranger. De plus, elle avait eu pire. Grâce aux herbes de Leith et à peu de support de nature magique, les os s'étaient bien guérit, mais le nez était toujours endoloris et de toutes sortes de couleurs.

Heureusement pour elle, elle ne s'était pas trop ennuyée durant son séjour. Azéna était venue la voir à deux reprises avec Fayne qui semblait être la source de motivation pour ce bel acte. L'archère était irritable et son langage corporel n'était pas bon menteur : elle désirait partir et savourer son bref moment de liberté. Nixie-Elle ne lui en voulait pas; elle en aurait fait autant à sa place. Cette timide brunette semblait être l'une des seules à être capable de convaincre cette tête de mule à faire quoi que ce soit. C'était une interaction bien amusante à témoigner.

Deuxièmement, il y avait eu une petite visite d'Èrionda Murkwan qui lui avait emporté un livre de poésie apparemment populaire chez les elfes sylvains. L'assassin n'était pas amateur de la lecture, mais elle l'avait acceptée avec autant de joie que d'hésitation.

- J'ai entendu dire que tu as fait preuve d'héroïsme, dit l'apprentie avec un sourire coquin.

- J'ai ben essayé, répondit Nixie-Elle en examinant le petit livre. L'important, c'est qu'la peste est sauve.

- En tout cas, tu sembles bien te porter, gloussa la jeune elfe.

- Va le mentionner à Leith, grogna la garde du corps qui était confinée à son lit. J'suis prête à sortir d'ici, mais elle m'crois pas.

- Ah la la... On ne discute pas avec Leith comme tu t'en ais sûrement rendu compte.

- M'ouais... J'préfères l'ancienne guérisseuse, mais ça va. Elle est bien informée et fait du bon boulot alors, j'me plains pas.

- Pas trop, corrigea l'elfe taquine.

Nixie-Elle avait détournée le regard, sachant que son interlocutrice allait lui sortir un de ses fameux sourire qui lui déchirait et ravivait l'âme simultanément. Elle ne pouvait pas le supporter donc, elle l'avait évitée complètement. Il fallait qu'elle soit forte et qu'elle complète sa mission. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre la tête et de s'enfuir en cause d'un cœur chamboulé.

- Bon, je vais te laisser à ta lecture. Soit sage Nix, salua Èrionda en se dirigeant vers la sortie de l'infirmerie.

- Mhmm, marmonna l'assassin en pinçant les lèvres.

Elle avait attendu. Elle avait attendu pour les quelques grincements de bottes qui confirmèrent qu'Èrionda s'était retournée pour enfin lever les yeux vers elle. Comme d'habitude, l'elfe se dandinait les hanches. Parfois, Nixie-Elle se demandait si c'était sa façon naturelle de marcher ou si c'était pour l'allumer. Dans tous les cas, à cet instant, elle avait senti ses joues rosirent doucement et elle avait ensuite plongée son attention dans le livre de poésie.

Troisièmement, en fin des deux soirées, Sièrre s'était pointé le bout du museau. La dragonne grise avait tendance à être silencieuse, mais elle s'exprimait au travers de gestes. Elle avait grogné, rugit, secoué la queue et sa dragonnière l'avait compris : elle en avait marre de ce que les Gardiens d'Aerinda lui faisait subir et qu'elle allait traquer et détruire cet esprit étrange.

- Fait rien d'impulsif, ordonna Nixie-Elle. Les conséquences pourraient être pires que la situation courante.

Sièrre avait sifflé puis, claqué des mâchoires, clairement mécontente qu'elle ne pouvait rien faire.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant