51 - Un frère, une sœur

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8e jour de la saison du sapin 2450

— Buhrik ! s'exclama Tyrath avec énergie. Fayne !

La paire d'hydromanciens s'approchèrent doucement, principalement en cause de l'épaule meurtris du dragon bleu qui l'empêchait de se mouver à son aise. Il grimaçait de temps à autre, démontrant qu'il était toujours peiné malgré les soins qui lui avaient été administré. Sur ses blessures était étendu une espèce de pâte verdâtre, recette de Leith.

— Tu t'es bien débrouillée en fin de compte, complimenta Arièlla en souriant.

L'herboriste se vira vers sa meneuse, eut de mouvement de recul, sûrement dû à son physique alterné, l'examina pendant un instant et enfin, hoche de la tête.

— Ari ?

Elle réalisa vite que c'était bien Arièlla. Ses joues virèrent au cramoisie et elle baissa honteusement le regard.

— J'ai bien performée, mais... p-pas autant que je l'aurais voulu... Buhrik... Il est...

Elle fit une pause alors que son compagnon blessé l'encouragea silencieusement en frôlant son museau sur ses cheveux, les ébouriffant davantage le désastreux état dans lesquelles ils se trouvaient.

— M'enfin... O-où est Azéna ? questionna-t-elle, le visage crispé d'inquiétude.

Arièlla lui indiqua où d'un signe de tête. Harath et Ella s'écartèrent, révélant Naëshirie et Tyrath qui étaient accroupies, observant une jeune demoiselle étendue au sol. Naëshirie lui effleurait la joue tandis que Tyrath la fixait avec incrédulité, semblant trop sous le choc pour réagir autrement.

— Zé ?! s'exclama la brunette en s'élançant vers son amie d'enfance.

La dragonnière grise ne répondait pas. Elle semblait paisible, ses traits faciaux tranquilles, sereins mêmes. Ce qui était choquant, c'était son physique. Ici et là était parsemée des petites écailles violettes, souvent déformées ou trop petites pour être matures. Sa chevelure, autrefois purement d'albâtre, était striées de la même nuance que les écailles. Ses ongles et ses canines étaient légèrement pointus.

— Qu'est-ce q-que... ? balbutie Fayne.

— La transformation semble s'être reversé, mais pas entièrement, expliqua Naëshirie d'une tristesse profonde. Risque-t-elle d'en garder les effets de façon permanente ?

— J-je... Enfin... Je n'en sais honnêtement rien... Je n'ais jamais vu une telle chose.

— Tu as appris de Leith dans tes temps libres, ainsi que d'une variété de dragonniers accomplis, mentionna Buhrik à mi-voix, ses yeux turquoise veinés. Tu es sûrement capable de dénicher de l'information. Vas-y. Va l'examiner.

Les traits de l'herboriste se durcirent comme si elle avait gagné de la confiance. Elle acquiesça, ôta sa main du portail de son partenaire patient et rejoins Tyrath et Naëshirie sous le regard curieux des autres. Elle réalisa avec choc que la poitrine d'Azéna, ferme et petite, était à découvert. Comment ne l'avait-elle pas vu avant ? Elle l'avait vu maintes fois dans leur chambre partagée ; peut-être que c'était l'habitude. Elle a ressenti un profond embarras pour son amie qui n'était même pas consciente de ce qui se passait.

— Il faudrait la couvrir, suggéra Teriondil dont le sens de décence apporta de la joie à son amie. J'offre ma cape, ajouta-t-il en retirant la broche en forme de saule pleureur qui la tenait en place.

La cape glissa de ses épaules moyennement robustes. Il la prit dans ses bras comme un enfant, s'approcha avec nonchalance et la plaça sur l'archère en faisant attention de ne pas couvrir son visage pour qu'elle puisse bien respirer. Il lui offrit un petit sourire et se retira gracieusement.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant