31 - La grande prophétie

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2e jour de la saison de la lune 2450

« N'ait aucune crainte, lui assurais sa partenaire de duel. Ce ne sont que des bouts de bois.

- Facile à dire pour toi, rétorqua Fayne en grimaçant. Tu as pratiquement été bénit pour manier ces trucs horribles. »

Elle n'avait jamais été compétente en combat. L'an précédente, elle aurait failli son cours si ses amis ne lui avaient pas venu en aide. Cette-fois, cet entraînement supplémentaire ne suffisait pas. Chaque dragonnier doit manier son arme de choix comme une extension de son corps, leur répétait Jendriken, le nouveau professeur de tactiques et combat. Nous sommes les Gardiens d'Aerinda et pas moins est attendu de nous. Vous êtes apprentis de troisième cycle. Vous n'êtes plus des enfants. Si la guerre vient, nous devons être prêt. Il était plus dur que son précédent, le vil Vyrius qui s'en tenait à martyriser ses préférés et à négliger les autres. Jendriken était originaire d'Elthen et avait été un chevalier aux services de Lôre, le Roi Brun, pendant plusieurs années. Il n'avait pas partagé comment il était devenu dragonnier, insistant que c'était sans importance. Il portait toujours une expression d'acier et ne paraissait pas particulièrement content de son nouveau poste.

Fayne était armée de son esprit académique, mais son corps ne répondait pas aux réflexes. Jendriken ne lui accordait aucun répit. Il mettait les plus faibles avec les plus habiles dans l'espoir de les préparer plus rapidement à l'éventuelle guerre dont plusieurs bouches jacassaient. Arièlla avait accepter de l'entraîner en échange d'une leçon en herboristerie. Cette-dernière vivait par les mots de sa mère : un commandant n'est pas que son talent en combat et en leadership, mais aussi, son savoir. Elle prenait son ascension au sérieux, apprenant les bases de tous les sujets.

Fayne devait se concentrer si elle ne désirait pas se retrouver parsemé de bleus. Elle maniait son bâton aux bouts équipés de lames et même si elle avait l'avantage du fer tranchant, un coup bien placé de l'étoile du matin d'Arièlla pourrait aisément sérieusement la blesser. Heureusement, les pointes avaient été sablés afin de ne pas percer la peau. De l'autre côté, la réplique était tout-de-même pesante, accentuant sa dangerosité.

Songeur, Buhrik était allongé paresseusement sur une colline à proximité, veillant sur sa partenaire en caressant sa barbiche d'un bleu laiteux. Il n'approuvait pas de ce ces actes qu'il caractérisait de barbaresques et superflu en ce qui concernait Fayne. Ces deux-là était du même avis, mais l'académie ne leur accordait pas d'exception.

Harath était parti à la chasse avec Tyrath à ses trousses, insistant pour l'accompagner. La dragonne avait protesté, mais c'était vite lassée de la querelle.

« Viens! beugla la blonde, sa voix aussi puissante que son bras. »

Si Arièlla n'avait pas eu la chance de devenir chevalière, elle l'était d'âme et de prouesse. Depuis une saison, ses pairs la surnommaient Ailes Cramoisis en cause des ailes draconiques qui reposaient sur les tempes de son heaume façonné à l'image d'Harath. Ceux-ci étaient renforcées d'écailles de la dragonne, leur accordant la couleur brillante du feu. Elle paraissait réellement autant intimidante que noble. De son visage, seuls ses yeux perçants paraissaient au travers de la visière.

« Tu prends chaque combat trop sérieusement, commenta une voix familière qui approchait de derrière.

- Chaque entraînement est une leçon à ne pas prendre à la légère, grogna Arièlla en maintenant sa position défensive, son étoile du matin brandit vers les cieux. »

Déstabilisée, Fayne tourna les talons et reconnu immédiatement la longue crinière argentée qui luisait sous les rayons des soleils jumeaux.

« Accorde-lui une pause, requêta Azéna. »

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant