PRISE AU PIÈGE

22- "KATHÉLYNA"

Je suis figée, les yeux plongés dans la créature en face de moi.

Un immense loup nocturne.
Ses yeux sont d'un jaune déstabilisant et effrayant à la fois.
Sa taille dépasse presque les arbres et m'impressionne plus qu'elle ne m'effraie.

Il me fixe, cherchant sûrement à sonder mon âme.
Ses poils sont noirs et je réprime l'envie irrésistible de m'approcher de lui pour caresser son pelage.

La bête s'approche de moi, et lève son énorme patte.

Je ferme instinctivement les yeux et prie intérieurement.

Couché, pensais-je.

Alors que je m'attendais à ce que la grosse patte noire m'écrase sans ménagement, un bruit retentit à mes côtés.
Je tourne la tête vers la gauche et manque de trébucher en voyant l'immense bête allongée à côté de moi.

Un chiffre est tatoué sur sa grande patte et fait incliner ma tête sur le côté.

69.

Je décide de me bouger en regardant le ciel, désormais noir.
Mais, c'est sans compter le grognement bestial de l'animal à mes côtés.
Il ne semble pas être d'accord avec mon choix et se sert de son immense patte pour me barrer la route.

Je soupire puis le regarde dans les yeux. L'animosité que j'y avais lu au départ a complètement disparu.

Il frotte son énorme tête contre moi et manque de me faire tomber à la renverse.
Je m'accroche à l'aide de ses grandes oreilles noires et grimpe sur sa tête.
Il l'a balance, comme s'il avait compris mon idée et me fait atterrir sur son dos.

Je grimace, à cause du choc.
Ses poils sont doux et me servent de couverture.

Je me positionne correctement et observe les étoiles dans le ciel.

C'est reposant.

Les astres m'ont toujours fascinée étant enfant, et je pense pas que cela ait changé.

Seuls leurs lumières me permettent de voir à travers la nuit.
Je me perds dans ma contemplation et tombe peu à peu, dans les bras de Morphée.

                                ▪▪▪

Une voix résonne dans mes oreilles, essayant de m'arracher de mon rêve.
Moi, je suis coincée dans une sorte de bulle, quelques nuages autour de moi.

Un visage est encré dans ma mémoire, sans que je parvienne à y mettre un nom.

Des traits durs et doux à la fois, des iris bleutés et un visage tiré par la douleur.

Je parviens sans difficulté à comprendre qu'il s'agit d'un homme.

Puis, le paysage s'écroule brusquement et je le vois, à terre, dans une cellule crasseuse.

Il hurle et lance des éclairs avec ses prunelles qui me semblent si familières.

Sa mâchoire est crispé et ses poings en sang. Je n'arrive pas à détourner les yeux de son visage et de sa silhouette.

J'ai l'horrible impression de le connaître mais de ne pas m'en souvenir, c'est terriblement frustrant.

Il parle à quelqu'un que je n'aperçois pas.
Je sens sa rage et sa haine m'envahirent, comme si c'était moi dans cette cellule.

Il frappe le mur et émet un cri de frustration.
Ses yeux bleus deviennent noirs et me clouent sur place.

Qu'est-il ?

Ses iris ténébreuses me scrutent désormais et me font tressaillir.

Je suis persuadée qu'il ne peut pas me voir, c'est impossible.

C'est un rêve sordide.

Il s'approche doucement de moi, comme s'il craignait que je m'envole.

Il passe sa main entres les barreaux en fonçant ses sourcils bruns et c'est à ce moment que je remarque une longue cicatrice sur son arquade sourcilière.
Ce qui lui donne un air menaçant.

Soudain, des épaules m'aggripent fermement et me secouent brutalement.
Je fronce les sourcils, ce n'est pas l'homme devant moi qui responsable de ce geste.

Ça vient du monde extérieur.
De la triste et dure réalité.

Je ferme doucement les yeux , me sentant partir.
L'homme au visage familier et à l'allure ténébreuse crit quelque chose que je n'arrives pas à comprendre.

Je m'éloigne peu à peu, et lorsque mes yeux se rouvrent, ce n'est plus pour se noyer dans les iris changeantes du garçon, mais dans des perles bleu foncées.

Je devine sans mal à qui elles appartiennent et me redresse, déboussolée.

Khôl, Derek et Lynh me fixent étrangement.

Je fronce les sourcils et lance un regard interrogateur à mon amie.

Celle-ci soupire et se lève pour revenir avec un verre de sang.
Elle me le tend gentiment et je la remercie d'un hochement de tête.

Je le bois d'une traite et grimace.
Le goût ne me revient pas.

J'accours vers la salle de bain et vomis dans la cuvette des toilettes.
Des mains soulèvent mes cheveux.

Je me retourne vers Lynh en m'essuyant la bouche et demande :

-"Qu'est-ce qui m'arrive, putain ?"

Ses yeux bruns me fuient.

-"Je sais pas trop. Ça doit juste être le fait que tu ne t'es pas nourris depuis longtemps."

J'acquiesce mais reste suspicieuse.
Elle s'inquiète, je le sens.
Si tout cela était seulement dû au fait que je ne me sois juste pas nourris depuis longtemps elle ne serait pas aussi tendue.

Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête. Mais je n'aime pas ça.

                                 ▪▪▪▪

-"Du coup.. pourquoi vous me fixiez tous ce matin, comme si j'avais trois paires d'yeux ?", demandais-Je, intriguée.

Derek se décide à prendre la parole.
Je plisse les yeux mais décide quand même de l'écouter.

-"Un énorme loup nocturne est venu te déposer devant le manoir, moi j'en avais jamais vu et franchement c'est immense en plus ses yeux j'-

-"Viens en au fait", le coupais-je brutalement.

Khôl arque un sourcil et ses lèvres s'étirent en un petit sourire moqueur.

Lynh décide de continuer les explications de Derek et je l'en remercie intérieurement.

-"Il n'avait pas l'air agressif, mais quand on s'est approchés il a sorti les griffes et s'est mit sur la défensive.. On a alors attendu qu'il parte pour te réveiller, mais une chose étrange nous a intrigués.."

Je fronce les sourcils, pas encore sûre de tout comprendre.

Khôl soupire et termine :

-" Tes yeux sont devenus noirs, ténébreux et menaçants, Kathélyna."

Je les regarde tour à tour, perdue.

-"Nous avons la confirmation que tu n'es pas seulement vampire, et sommes désormais persuadés que quelque chose d'autre coule dans tes veines."

" À cet instant, l'air se raréfia pour Kathélyna, sa respiration se fît irrégulière et le sang sortit de sa bouche sans qu'elle ne comprenne ce qu'il allait advenir d'elle "