Ces choses que tu caches [NEWTMAS]

Chapitre six

Thomas avait passé la soirée dans son lit éclairé seulement par l'écran de son téléphone qui, espérait-il, lui indiquerait qu'il a reçu un nouveau message. Mais il n'en fut rien. Il avait gardé espoir pendant des heures jusqu'à ce le sommeil vienne le chercher de force. Il avait alors fermé les yeux, le cœur un peu lourd. Peut-être qu'il n'était pas si important que ça aux yeux de Newt ? Juste un ami de plus, un membre du groupe... Rien de plus.

Newt, de son côté, avait longuement fixé son téléphone. Devait-il envoyer un message ou attendre encore un peu ? Il ne voulait pas avoir l'air collant ou désespéré à lui sauter dessus. Et pourtant, il avait envie de le remercier pour aujourd'hui. Thomas avait été là pour lui, il l'avait écouté. Et c'était déjà beaucoup. Mais quelque chose le retenait, sans trop savoir quoi. Peut-être la peur, le doute ou la désagréable impression de tout s'inventer ? Le blond était le genre de personne à ne plus pouvoir croire à ce que quelqu'un puisse s'intéresser à lui ou même l'aimer.

L'aimer, c'était un bien grand mot. Il doutait que ce genre de chose puisse lui arriver à nouveau depuis Alby. Cette expérience ajoutée à l'habitude de rejeter son propre corps et en être dégouté ne faisait qu'empirer ce sentiment. Newt savait qu'il était différent. Il détestait cette différence qui l'avait poussé à se haïr lui-même et l'avait pendant un temps éloigné de sa famille. Parce que c'était de sa faute à elle si les choses avaient fini comme ça, avant. Alors ce soir-là, Newt avait posé son téléphone et avait fait face au miroir. Il avait pris son courage à deux mains et s'était dévoilé à lui-même. Retirant chaque vêtement, petit à petit... Jusqu'à finir torse nu, à se regarder. Ses mains avaient lentement parcouru ses cicatrices qui parcouraient son torse. Il les aimait et les détestait à la fois. Elles l'avaient sauvé mais le renvoyaient sans cesse à sa différence. Ce corps affreux, raté, difforme. Tels étaient les mots qui traversaient l'esprit du blond en se voyant. Comment pouvait-on le trouver attirant, beau ? Comment pouvait-on aimer un garçon comme lui ? Et si les autres avaient raison ?

Et s'il n'avait jamais dû survivre ?

Cette dernière pensée le fit fondre en larmes. Il récupéra ses vêtements en vitesse et se dépêcha d'éteindre toutes lumières. Il ne voulait plus se voir. Il aurait aimé ne plus pouvoir se sentir être. Sentir ce corps, cette existence. C'était lourd, bien trop lourd. Newt s'enfonça sous sa couette et se berça avec ses propres pleurs. Et au milieu de tout ça, son téléphone était encore ouvert sur Thomas avec comme seule indication [Brouillon enregistré].

Le lendemain, Newt n'eut pas la force de se lever. Sa nuit n'avait pas du tout été reposante, pleine de cauchemars. Il s'était réveillé en sueur dans ses draps et avec cette profonde envie de pleurer à chaque instant. Sa mère, ne l'ayant pas vu dans cet état depuis presque deux mois, accepta qu'il reste à la maison. Elle espérait qu'un week-end de trois jours loin de la foule lui ferait du bien. C'était une femme qui aime son fils plus que tout mais rien n'avait été facile avec lui depuis sa naissance. La différence de son fils l'avait éloignée de son mari qui voyait en l'acceptation de sa femme, un abus.

« C'est une maladie, tu comptes vraiment encourager ce comportement malsain ? lui avait-il hurlé à la figure

-Il est mon fils, quoiqu'il arrive. Si c'est ce dont il a besoin pour être heureux, je ne peux que l'aider. Tu devrais en faire de même.

-Je ne l'appellerai jamais mon fils. »

Ça avait été une de leurs dernières discussions précédant le divorce, d'un commun accord. L'un prétextant que l'enfant deviendrait un être instable, l'autre clamant qu'il était leur devoir d'aimer ce jeune enfant sans conditions. Tout cela sans savoir que Newt avait été témoin de cette altercation verbale. Du haut de ses 9 ans, il en avait énormément souffert. Et il en souffrait encore aujourd'hui. Comment oublier que l'on a été la cause du divorce de ses parents ? De la solitude de sa mère puisque personne n'avait accepté son choix ? Comment oublier que l'on a été abandonné par son propre père ?