Chapitre trente-quatre

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Pour la première fois depuis des mois, Thomas passait le week-end seul. La mère de Newt avait réservé un week-end juste eux deux pour voir de la famille, se retrouver entre mère et fils ... Bien qu'à ce stade, le brun était également devenu un membre à part entière de la famille il était également important pour Newt et sa mère de se retrouver ensemble. Puis après tout, ils devraient s'y faire : dans un mois, le couple serait séparé par cinq heures de décalage horaire et un océan.

Mais ce week-end, les jours lui semblaient long. Personne n'était disponible. Alors Thomas décida d'aller au piano-bar. Depuis l'anniversaire de Newt, ils y allaient souvent. Thomas avait même plus ou moins fait ami-ami avec Jorge. C'était un peu comme leur deuxième maison, la bande était clairement reconnue comme des habitués. Cependant, il n'y était encore jamais allé seul.

S'asseyant au comptoir, il discuta vite fait avec Jorge et commanda à boire avant de trainer sur son téléphone et d'écouter les personnes qui, de temps à autre, s'installer au piano. En journée, c'était clairement plus calme mais l'ambiance restait agréable.

« Salut Thomas.

L'intéressé sursauta avant de relever la tête. Brenda se tenait face à lui, de l'autre côté du comptoir, et passait un chiffon légèrement humide afin d'en nettoyer la surface.

-Salut, répondit-il dans un petit sourire gêné.

-Tu vas bien ?

-Euhm, oui ça va et toi ? Pourquoi est-ce qu'elle lui parlait ?

-Ça baigne ! Écoute, je finis mon service dans trois quart d'heure. Possible qu'on se voit après ? demanda Brenda dans un grand sourire

-J'ai rien de prévu, je suppose que oui. T'as besoin d'aide ?

-T'inquiète, j'suis pas la seule serveuse tu sais ! »

Elle eut un léger rire qui embarqua Thomas avec elle. Il commanda donc une seconde boisson, histoire d'avoir de quoi faire passer le temps. Finalement, les quarante-cinq minutes s'écoulèrent relativement vite et les deux jeunes étaient maintenant en train de marcher côte à côte, à échanger des banalités. Lorsqu'ils s'assirent à la terrasse d'une brasserie, Brenda entra dans le vif du sujet.

« Vous êtes très mignon avec ton petit ami, complimenta-t-elle en souriant.

-Oh, euh. Merci.

Thomas se gratta la nuque, un peu gêné.

-Ca fait longtemps que vous êtes ensemble ?

Très bonne question.

-Honnêtement, je sais pas trop. C'est un peu particulier, on va dire. Mais je crois que oui, ça commence à faire un petit temps maintenant.

-Il te rend heureux, ça se voit. Thomas la regarda, l'air de dire 'développe'. Je te connais Thomas. Je suis peut-être pas la personne qui te connait par cœur mais je sais quand tu es heureux. Et tu l'es. Ca se voit dans ton sourire quand tu parles de lui, dans tes yeux, dans ta voix. Je vous ai vu à la soirée. Quand t'es avec lui, c'est comme si ta personnalité s'illuminait cent fois plus fort. Je veux dire, regarde-toi ! On dirait qu'il te complète. Comme si tu étais... Elle fit une pause, cherchant ses mots. Ok Thomas, tu es du pain. Le pain est grave bon déjà seul tu vois, mais Newt c'est la confiture. Les deux ensembles se complètent et vont parfaitement bien ensemble, ils se complimentent l'un l'autre et se rendent encore meilleurs que ce qu'ils sont individuellement.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? demanda Thomas, se retenant de rire.

-J'en ai aucune idée, répondit Brenda en riant avant de reprendre son sérieux. Je remarque seulement... Je remarque que tu commences à t'accomplir. Quand on était ensemble, tu avais beau sourire et être joyeux, je sentais qu'il y avait quelque chose au fond de toi qui restait bloqué. Et même si pendant un moment, j'étais triste de pas pouvoir t'apporter ce dont tu avais besoin... maintenant je suis heureuse que tu aies trouvé la personne qui en est capable.

-Sans lui tout serait différent, c'est certain. Il m'aide beaucoup, surtout ces derniers temps.

-Je sais pas ce qui t'es arrivé mais je sais qu'avec ou sans lui tu l'aurais surmonté. Mais je pense que Newt t'as aidé à recoller les morceaux plus rapidement et peut-être plus solidement. Tu sais je suis très observatrice, cher Thomas !

Les deux rirent légèrement.

-Et qu'as-tu observé ?

-T'es fort mais tu as ton point de cassure. Je sais pas qui a appuyé dessus assez fort pour te faire craquer mais il l'a fait. Je sais que tu es assez fort pour te reconstruire seul. Mais...

-Mais ? Continue, c'est intéressant

-Intéressant parce que ça te met en valeur, va ! répondit Brenda en riant et lui donnant une petite tape amicale. Tu peux te reconstruire sans lui mais Newt agit comme... je sais pas, de la colle ou du ciment dans tes fissures. Le seul truc qui m'inquiète, c'est que rien ne dure Thomas. Il faut que tu apprennes à être ton propre ciment. A recoller tes fissures toi-même. Parce que si un jour Newt s'en va, tu risques bien de plier.

Thomas ferma les yeux un instant, les lèvres pincées. Il hocha la tête, son ex avait raison. L'inévitable se rapprochait de plus en plus et le temps semblait s'accélérer à mesure que juillet pointait le bout de son nez.

-Je vois que j'ai touché une corde sensible.

-Newt déménage dans un mois et demi. Il retourne en Angleterre.

-Oh merde. Tu tiens le coup ?

-Pour l'instant, oui. »

Puis ils changèrent de sujet, payèrent pour leurs boissons et continuèrent leur petite balade. Vers 19h, Brenda raccompagna Thomas chez lui. Debout devant la porte d'entrée, ils échangèrent encore quelques mots. La jeune femme décida finalement d'enlacer le brun.

« J'aimerais bien qu'on redevienne amis, dit-elle en s'éloignant un peu. Tu salueras tes parents pour moi, s'il te plait ? Bonne soirée Thomas. »

Puis elle déposa un baiser sur sa joue avant de partir en lui faisant signe de la main. Il l'imita et rentra dans la maison, criant un 'j'suis rentré' en allant directement dans sa chambre. Du coin de l'œil, il regardait ses instruments prendre la poussière. Depuis sa confrontation avec son père, il ne les avait plus retouchés et il devait avouer que la sensation des cordes de sa guitare résonnant en lui lui manquait. La sensation du poids de la harpe contre son épaule lui manquait. La musique lui manquait. Et une idée lui vint à l'esprit. Une idée qui allait lui demander le mois et demi qui leur restaient pour s'entrainer et tout mettre en place. Souriant d'avance, il se tourna en direction de son appareil photo. Il allait avoir besoin de l'aide de ses amis.

***

« Mais c'est carrément une super idée ! s'écria Minho face à la requête de Thomas. Tu peux carrément voler ma caméra à ce niveau-là ! Mais je veux tout voir en avant-première en échange !

Thomas se mit à rire un peu et céda finalement.

-Ok ok, je t'y montrerai.

-Yes ! s'écria son ami en fermant le poing dans un geste victorieux. J'suis trop content de t'aider à ça, je te pensais pas si romantique finalement ! »

Minho le poussa amicalement d'un coup d'épaule, auquel Thomas répondit en levant les yeux au ciel. Minho lui tendit la caméra, soigneusement enfermée dans son sac de transport accompagnée de tout son matériel.

Une fois de retour chez lui (et de nouveau enfermé dans sa chambre), le brun prit place à son bureau. Ses doigts gribouillèrent quelques mots avec maladresse sur une feuille de brouillon. Il divisa ses idées en deux grandes parties. Le grand un coulait de source, le grand deux allait lui demander un peu plus de réflexion. Et sans s'en rendre compte, il souriait comme un idiot en se mettant volontairement face aux souvenirs amassés depuis cette rentrée de junior. Ses pensées furent interrompues par son téléphone qui s'illumina à côté de lui.

« Newt : Enfin rentré. Tu as passé un bon week-end ? »

Il lui répondit et parlèrent un peu, de tout et de rien, du week-end de Newt et de sa famille.

« Newt : Prêt pour cette dernière semaine de cours ? J'te lâche pas des vacances après, tu es prévenu. Je serai un vrai pot de colle ! »

« Thomas : Marché conclu »

Ces choses que tu caches [NEWTMAS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant