One Month - Tome 1

-4- New Home, New Rules

         Stone – Alessia Cara ft Sebastian Kole

         « In a world uncertain say you'll be my stone »

Mercredi 7 Mars 2018

Angie

Cela faisait deux jours maintenant que je vivais chez Nate. Deux jours depuis ma fuite, depuis que Nate m'avait retrouvée dans ce café avant de me convaincre de revenir. Deux jours que j'avais accepté son aide bien que je savais que mon mal être ne pourrait pas se soigner en un mois, à moins d'un miracle. Cela faisait aussi deux jours que je voyais Nate me surveiller plus étroitement et je devais admettre que cela devenait oppressant. Je savais qu'il craignait que je m'enfuis encore une fois mais je lui avais promis que je ne le ferais plus, j'aurais aimé qu'il ait confiance en moi, même si je savais que je n'avais rien fait pour mériter cette confiance.

Alors, en attendant, Nate continuait de garder un œil sévère sur moi. Je savais qu'il passait brièvement dans ma chambre chaque matin avant de partir au lycée pour vérifier que j'étais toujours là. Nate pensait certainement que je dormais mais ce n'était pas le cas, mon sommeil était de très mauvaise qualité depuis ce jour là, le jour où j'ai appris qu'il n'y aurait plus que moi, que ma famille avait disparue et qu'elle ne reviendrait jamais. Je le sentais, alors, ouvrir la porte et regarder dans ma direction pendant quelques secondes avant de repartir discrètement. La première chose que Nate faisait ensuite, en rentrant des cours, était de faire le tour de la maison jusqu'à me trouver, généralement je me trouvais toujours dans ma chambre. Enfin, Nate contrôlait aussi ma prise d'antidépresseur, il m'avait même demandé mon ordonnance pour vérifier que je prenais bien les bonnes doses.

Je subissais cette surprotection sans rien dire parce que je savais que je l'avais mérité. Je savais aussi que Nate ne s'arrêterait pas, quoi que j'en dise. Aussi étrange que cela puisse paraître, Nate semblait vraiment s'inquiéter pour moi. Ce n'était pas de la pitié comme avec tous ces médecins ou ma famille d'accueil, c'était de l'inquiétude sincère. Je voyais dans ses yeux qu'il tenait à ce que j'aille mieux, à ce que je fasse attention à moi, à ce que je recommence à vivre, aussi difficile que cela puisse paraître.

Je n'avais plus l'intention de fuir. J'étais sincère, dans ce café, lorsque j'avais dit à Nate que j'avais l'intention de revenir. De nombreuses personnes avaient essayé de m'aider depuis l'accident mais je n'avais jamais voulu accepter leur aide. Je ne savais pas vraiment pourquoi je donnais cette chance à Nate, peut-être parce que je sentais qu'on était pas si différent. Pour la première fois je ne me retrouvais pas avec des personnes qui me disaient que tout irait bien, qui reniait ma douleur et ma colère, pour une fois je ne me retrouvais pas en face de personnes à qui il n'était jamais rien arrivé. Pour une fois, je voyais que je n'étais pas la seule à souffrir, je rencontrais des personnes qui avaient un passé, qui avaient leur propre histoire, leurs propres blessures. Alors je laissais Nate m'aider, je sentais qu'il en avait besoin.

Et puis, je devais admettre que le fait qu'il était parti à ma recherche il y a deux jours me prouvait qu'il tenait réellement à notre accord. Il ne m'avait pas seulement proposé cet accord pour éviter d'avoir la mort d'une inconnue sur la conscience, il me l'avait proposé parce qu'il s'inquiétait réellement de mon sort, parce qu'il tenait vraiment à me faire vivre. Nate prêtait tellement d'attention à notre accord que je me devais de le respecter. Un mois, c'était tout ce qu'il me demandait.

Je me tenais donc à carreau depuis ma fuite dont Lucya ne savait d'ailleurs rien. Lorsqu'elle était rentrée ce soir là il était déjà tard et nous étions déjà revenus depuis quelques heures. Nate n'avait rien voulu dire à sa mère à propos de ma fuite, comme il n'avait rien voulu dire par rapport à ma tentative de suicide. Je savais qu'il y avait une raison à cette omission, Nate voulait protéger sa mère, et j'allais découvrir pourquoi.