One Month - Tome 1

-1- Take My Hand

                                   Mad World – Jasmine Thompson

                 « The dreams in which I'm dying are the best I've ever had »

Dimanche 4 Mars 2018

Angie

Une semaine. Une semaine que je traînais dans les rues de New-York à peser le pour et le contre de cette décision. Une décision qui marquait définitivement un tournant dans ma vie, c'était le moins qu'on puisse dire. De toute façon ça faisait un bon moment que je n'en avais plus, de vie. Je survivais. Et encore c'était un bien grand mot.  

Je n'avais plus rien et plus personne à qui me rattacher. Si cela n'avait pas été pour que les médecins me laissent tranquille ou pour montrer un peu de respect à ma nouvelle famille, j'en aurais déjà fini. Plus personne ne me retenais ici, de toute façon. A qui allai-je manquer ? Personne.

J'avais quitté ma nouvelle famille il y a un peu plus d'une semaine déjà, je ne pouvais plus rester. Ils n'étaient pas méchants, non ce n'était pas ça le problème, c'était moi. Je savais ce qu'on pouvait raconter sur certaines familles d'accueil mais moi j'avais eu de la chance, je suppose. Ils n'étaient pas méchants, au contraire il étaient très gentils, et généreux, et heureux. Trop heureux pour moi.

J'avais piqué de l'argent dans le porte-monnaie de celle qui était censé remplacer ma mère avant de faire mon sac et de fuguer en pleine nuit. J'avais eu assez d'argent pour dormir deux nuit de suite dans un petit hôtel miteux mais depuis c'était dans la rue que je dormais. Cela aurait pu paraître effrayant pour une personne normalement constituée mais moi, j'en avais plus rien à foutre de ce qui pouvait m'arriver. Je n'étais plus la gentille petite Angelina, fierté de ses parents et petite fille modèle innocente. Cela faisait bien longtemps que cette Angelina avait disparue.

Et maintenant elle était enterrée avec eux. Je ne cherchais qu'à les rejoindre.

Vivre sans eux n'avait plus aucun sens. Surtout lorsque tout était de ma faute. Si j'avais fait les choses autrement ils seraient toujours là, en vie, auprès de moi.

J'étais désormais dans le quartier de Brooklyn. J'observai les alentours, visitai New York par moi-même à défaut de le faire avec eux. Mon père m'avait toujours promis qu'il m'emmènerait à New-York un jour, et ce depuis que j'étais toute petite. Mais c'était trop tard maintenant, il ne tiendrait jamais sa promesse. Moi, en revanche, j'avais fini par découvrir cette ville, mais ils n'étaient plus là pour le faire avec moi.

Mes parents n'avaient jamais eu l'occasion de m'emmener à New-York. Nous n'habitions pas loin pourtant, avant toute cette merde j'habitais dans une belle maison dans le New Jersey. Nous n'étions qu'à quelques kilomètres de New-York et pourtant nous n'avions jamais pris le temps pour faire ce voyage dont je rêvais. Mes parents étaient souvent trop occupés pour prendre des vacances où même pour faire attention à moi. Plus je grandissais et plus j'avais l'impression qu'on s'éloignait.

Pourtant ils étaient toujours là pour me mettre la pression, pour me dire de faire mieux encore, pour me dire que mes notes devaient remontées, pour me dire que je ne faisais pas ce qu'il fallait. Ils avaient placés de grands espoirs en moi mais la pression était difficile à supporter. Mes parents étaient tous les deux médecins, ma mère était neurologue et mon père était oncologue, alors ils espéraient que leur fille ait, elle aussi, une brillante carrière dans un domaine prestigieux comme la médecine ou la justice.

Mais cela ne m'a jamais vraiment intéressé. Alors, à cause de la pression qu'ils me mettaient et des choix qu'ils m'imposaient, mais aussi pour leur faire payer leurs absences fréquentes, je me suis rebellée. Je leur en ai fait voir de toutes les couleurs, je séchais les cours et passais mon temps à faire des conneries. J'ai été une adolescente très difficile avant de grandir d'un coup, bien malgré moi.