chapitre 5

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Ce fut beau, comme rêve. Ça ressemblait à ces jolis contes de fées que nous raconte Andersen et les frères Grimm ; ceux avec des princesses, des princes, et toutes autres sortes de créatures imaginaires. Ce fut drôle, quand même. Pas drôle dans le sens où ça me faisait rire, mais drôle dans le sens de l'étrange. Jamais je n'avais rêvé de ces choses, je me l'étais toujours interdit, alors chaque nuit de mon existence je rêvais de chats, de soirée, de pluie, ou d'autres choses complètement banales. Ça faisait du bien aussi, de s'autoriser à penser aux belles choses pendant la nuit, même si elles n'étaient que fictives.

Pour l'une des premières fois de ma vie, je regrettai de me lever pour faire face au jour. Alors, doucement j'immergeai de ce doux sommeil en ouvrant mes paupières. La pièce était déjà remplie de lumière donc je tournai la tête pour constater que dehors, il ne faisait ni beau, ni moche, pour ainsi dire que le ciel n'avait aucune expression.

C'était l'un de ces jours qui créaient en moi un ennui profond parce qu'on ne savait pas comment se comporter. Je sais, c'est bizarre, mais quand il y a du soleil, mon envie de rire et de sourire est quotidienne, alors que quand il pleut, je suis dans une sorte d'humeur triste et maussade à repenser au passé, bien que le cliquetis des gouttes m'apaise et que cette vague immergeant du ciel m'obsède. C'est bien simple, le soleil me faisait vivre le jour présent et la pluie me faisait revenir dans les jours d'avant. Seulement, quand le ciel était aussi vide que ce matin, je ne savais jamais s'il fallait être joyeux ou nostalgique, alors je me contentais de ne rien faire, de rester niaise.

Cette journée promettait d'être longue et quelque peu ennuyeuse. De plus, je n'avais absolument rien prévu pour m'occuper avec mes amies. Mais bon, comme d'habitude, ça me faisait du bien d'être seule.

Je me dirigeai vers la salle d'eau, fis mes soins et me fis couler un bain. Quoi de mieux pour commencer sa journée ? Une fois la baignoire remplie, j'ôtai mon peignoir mit auparavant et rentrai dans l'eau chaude. Directement, mes muscles se décontractèrent, et même si sur le coup mes blessures me brûlèrent, après quelques minutes ça allait mieux.

Alors, pendant ce long instant, je pensai. A tout et à rien, à des choses multiples et variées. A ma vie, future, actuelle et passée ; à mes dernières nuits vécues, à ce beau garçon et à ses cheveux roses ; à mes amis, à leur gentillesse, leurs sourires et leurs rires ; puis surtout, à moi. Je réfléchis à la fille qu'étais Lucy Hudson aujourd'hui.

Je ne me posai pas souvent la question, je me demande même si je me l'étais déjà posée, mais en ce moment, j'avais besoin de recentrer ma vie.

Je ne parlais pas de mon physique en me demandant qui j'étais, non, je voyais assez mon reflet tous les matins dans le miroir pour savoir à quoi je ressemblais ; mais je parlais de comment j'étais mentalement, de comment j'étais dans ma tête.

Certes, je n'étais pas au plus haut point de ma forme, mais il me semblait qu'il restait encore un petit brin de lumière au fond de moi. Un rayon de soleil enfermé dans une cage, qui ne pourrait en sortir qu'au jour venu. Encore une fois, tout le monde allait penser que j'en faisais beaucoup trop avec cette histoire, mais ce jour précis, celui que j'attendais, c'était ma déprogrammation. C'était la seule chose qui pouvait faire partir ce nuage noir pour laisser place à ce soleil éblouissant.

Certaines personnes aimaient le fait d'être programmées, elles vivaient très bien leur vie de cette manière, seulement, moi, je ne voyais rien de pire que ça sur terre. Elle vous empêchait de vivre, vous étouffait en vous faisant faire un million de choses involontaires, et surtout, à mon goût, elle vous empêchait aussi de respirer.

Pas respirer au premier sens du terme, respirer avec un grand R, celui qui signifiait le profit de la vie.

Parce que, la programmation, que vous apporte-t-elle de bon ?

ProgramméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant