chapitre 13

615 49 62
                                    

Comment qualifier avec un adjectif assez grand les choses que l'on trouve plus que magnifiques et magiques ? Est-ce qu'un mot capable de le faire existait ? Parce que j'avais beau réfléchir, je n'en trouvais absolument pas ; et même si j'avoue que ce n'était pas le lieu pour y réfléchir, je ne pouvais m'en empêcher. J'y pensais, ça hantait mes pensées et j'étais incapable de réduire ces mots en cendres.

J'étais en cours, mais encore une fois, je n'avais aucune envie de travailler. Parce que bien évidement, ma tête était entièrement occupée par autre chose. Enfin, je devrais plutôt dire quelqu'un. J'avais l'impression d'être endoctrinée par sa présence, comme si je n'étais plus libre de mes mouvements et de mes pensées. Voilà qu'encore une fois, j'étais programmée. Il fallait que ça cesse. Seulement, enfermée dans une salle de classe, je n'avais pas grand-chose d'autre à faire.

Alors, je me contentai de forcer ma tête à penser à d'autres choses. Comme à ce que j'allais faire ce week-end par exemple. Parce que j'avoue que mon calendrier était vide. Puis, d'un côté, mes amis me manquaient. Parce que bien sûr, tout mon temps lui avait été livré.

La sonnerie retentit et je me levai à la hâte pour vite sortir de cette salle de cours. C'était bien simple, je n'avais plus cours jusqu'à seize heures. Drôle d'emploi du temps pour une terminale, n'est-ce pas ?

Je décidai donc de rentrer chez moi, pour pouvoir me livrer à une toute autre activité. Je marchai donc dans le silence, sous la légère pluie que le ciel laissait tomber depuis ce matin. Autour de moi, des gens courraient, capuches sur la tête, sacs en l'air, pressés de rentrer chez eux pour échapper au temps. Puis il y avait moi qui étais là, marchant tranquillement sous le doux cliquetis des gouttes. Je m'étais toujours posé la même question : pourquoi les gens fuyaient-ils la pluie ? Car après tout, ce n'était que de l'eau. C'était une chose aussi futile que de prendre une douche, et pourtant, les gens s'obstinaient à courir devant elle pour qu'elle ne les rattrape jamais. Mais pourquoi ne se rendaient-ils pas compte de la douceur et de la beauté de la chose ? Le léger bruit des gouttes contre les vitres, l'odeur du goudron mouillé et l'agréable sensation d'être en automne. La fuyaient-ils juste parce que c'était de l'eau ? Eau que pourtant, ils buvaient tous les jours et avec laquelle ils prenaient des douches. Eau qui nous apportait tant, l'un des éléments essentiels à la vie.

Parce qu'au fond, si l'on remplaçait cette eau par des milliers de confettis, ce ne serait pas le même régime. Les gens joueraient, admireraient et célèbreraient la chose, alors qu'en réalité, ce ne serait que des petits bouts de papier colorés. Mais bien-sûr, la donne était autre pour la pluie, qui elle, donnait apparemment un sentiment d'insécurité chez l'Homme.

Je trouvais ça dommage, cette société aussi blafarde et sans espoir. La nature ne les avait jamais intéressés, ils étaient beaucoup trop occupés par leur personne, par leur beauté. Seulement, la beauté du monde ne valait-elle pas encore plus de sous ?

Sur ces paroles, ou plutôt sur ce monologue qui venait de défiler dans ma tête, je m'arrêtai en plein milieu du trottoir. Je tournai la tête, observant tout autour de moi. C'était fou comme l'univers était vide quand il s'agissait de pluie.

Je repris ma route, et enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles. J'écoutai cette bande originale du film interstellar, cette musique me faisant tant rêver. En l'écoutant, je m'imaginais ailleurs, sur une terre sans doute meilleure. Perdue au beau milieu des étoiles et des comètes, dans un avenir sans distance en mètre. Au fin fond d'une poche d'une vieille veste, que l'on fuyait comme la peste. A l'intérieur d'un tunnel sans lumière, n'ayant aucune réelle place dans l'univers. En dehors de la cage sociale que l'on m'avait attribuée avec haine lorsque le monde s'était aperçu ce que je pensais de la société de ma terre natale.

ProgramméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant