chapitre 7

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Elle fut belle, cette nuit. Même s'il ne s'était pas passé grand-chose de spécial, le simple fait de lui parler concrètement avait suffi à ce que la soirée devienne magnifique et en quelque sorte magique. En soi, il n'y avait eu aucun artifice, du moins, pour les autres ; mais pour moi, elle signifiait à présent énormément de choses, et en partie la connaissance de son prénom. Bien que cela était futile, je ne pouvais qu'y voir un immense pas dans le futur. Cette nuit fut remplie d'étoiles, bercée par le bruit des grillons dans l'herbe et embellie par tous ces merveilleux pétales de cerisier qui encore une fois, étaient tombés.

On était restés assis par terre longtemps. Une bonne partie de la nuit pour être exacte. La totalité de ces heures pour discuter d'un peu de tout et d'un peu de rien à la fois. Parfois, cela fait du bien de ne pas seulement s'attarder sur les détails complexes de la vie d'un humain ; et d'autres fois, cela fait plus de bien que de mal, alors on comble le vide par la seule chose qui nous permet de correctement vivre et de nous distinguer, ne serait-ce que d'un cheveu, des autres gens peuplant la société : la Vérité.

Notre discussion avait duré jusqu'aux alentours des six heures du matin, sans aucune pause, sans aucun blanc. Elle avait été remplie de mots et de phrases tout au long de son cours, tous plus conséquents en banalité les uns que les autres.

Il était dans un autre lycée de ma ville, lui aussi en terminale, dans un endroit où les élèves étaient bizarres et où tout le monde se croyait supérieur au reste de l'univers. Des personnes qui commençaient chacune de leur phrase par « Moi, je » et qui les finissaient sur une note qui voulait clairement dire « Moi, je suis bien, et vous autres, vous êtes parfaitement nuls. ». C'était bien simple, mis à part les gens de leur établissement, personne ne les appréciait. Ils étaient arrogants, prétentieux et surtout désagréables. Des sortes de nobles ne pensant que par le mot argent ; et le pire dans tout ça, c'est que en y pensant, si je n'avais pas renié ma famille, j'en ferais partie de ces gens-là. Tout cela n'était qu'une généralité bien-sûr, une sorte de conspiration entre établissements. Nate semblait différent, il ne m'avait pas regardé de haut, ni snobé, et la première fois que je l'avais rencontré, il détenait dans sa main une bouteille d'alcool, ce qui confirmait mes pensées.

Par moments, il ne s'y sentait pas à sa place, là-bas. Il n'aimait pas le caractère des gens qui l'entouraient et d'après lui, le directeur les poussait à faire des choses qui les dégoutaient. Une sorte d'homme dur, strict, un homme comme mon père. Seulement, il m'avait dit que quelques personnes savaient se détacher du lot et s'avéraient être des gens ouverts d'esprits et sympathiques, c'était ceux-là avec qui il était devenu ami. Il ne m'en avait pas vraiment dit plus sur ses fréquentations, après tout je le comprenais, moi non plus je ne me serais pas confié plus à une inconnue dans mon genre. Je veux dire, une inconnue avec des pensées et des manies étranges.

On s'était quittés quand le soleil avait commencé à se lever, nous rendant compte que nous étions restés bien trop longtemps à discuter sur le sol. Et malgré ce long échange sous ces magnifiques étoiles et cette inoubliable pluie, il ne s'était rien passé. Aucun échange de numéro, ni d'adresse, nous étions restés sur nos noms et prénoms respectifs, sachant très bien que nous nous reverrions le soir d'après ou un autre jour proche de celui qui se terminait. Alors, nous étions partis chacun de notre côté, le sourire aux lèvres, et pour ma part, l'esprit ailleurs, voyageant dans l'air au beau milieu des âmes qui s'endormaient.

Et me voilà maintenant dans ma chambre, allongée dans mon lit à fixer le plafond vide, blanc, sans expression. Ça ne me gênait pas parce que j'avais cette sorte de sourire indélébile collé sur mon visage depuis la nuit dernière. Un sourire qui comblait la pâleur des murs m'entourant. Il était à présent quatorze heures, et je n'avais pas bougé depuis que je m'étais réveillée. J'aimais penser aux belles choses qui m'arrivaient, et parfois je m'y attardais beaucoup trop, comme en ce moment même. J'avais juste hâte de le revoir, d'en apprendre plus. Je pouvais passer pour une psychopathe à force, mais j'étais juste curieuse et extrêmement intriguée par ce garçon. Mais bon, ça ce n'était pas une nouveauté.

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