chapitre 18

72 8 0
                                    

J'avais le souffle coupé, le cœur qui battait comme il ne l'avait jamais fait, l'impression que plus jamais de ma vie je n'allais pouvoir respirer, et que par conséquent, ma mort s'en suivrait. Les battements de mon cœur étaient beaucoup trop fréquents à mon goût, ils étaient si forts que j'avais l'impression qu'ils allaient me transpercer la poitrine ; et moi qui étais maintenant habituée à l'adrénaline, découvrais une nouvelle sorte de douleur pour la seconde fois : la peur. La véritable angoisse de ne pas savoir ce qui allait m'arriver, de ce qu'il venait refaire dans ma vie. Pourquoi avoir traversé toute la ville pour venir me voir alors que jamais il n'avait cherché à me retenir quand j'étais partie ?

A présent, la seule chose qui me rappelait que je vivais encore, c'était ce film d'horreur que je me repassais dans ma tête. L'histoire de ma vie quand lui en faisait partie. Je ne voulais plus vivre ça, je ne voulais pas repartir avec lui, c'était hors de question. Cette sensation qui m'envahissait était si étrange et si violente, mes sentiments étaient si confus, que je ne savais même plus de quoi le tout était composé. Sans doute de colère, de peur, certes, mais j'étais sûre qu'autre chose les accompagnait. Peut-être l'appréhension, la haine, la crainte, et tellement d'autres... Qui pouvait savoir, après tout ? Même moi je n'arrivais pas à déceler ce qu'il m'arrivait.

J'étais derrière ma porte, sur la marche la plus près de cette dernière, et même s'il était là question de ma propre maison, je n'osais pas entrer. Comme si elle ne m'appartenait plus, qu'elle était à quelqu'un d'autre et qu'il fallait que je sonne pour entrer. J'étais stoïque, comme bloquée, paralysée d'angoisse face à ce qui pouvait m'arriver. A cet instant, la seule chose que j'espérais était que je ne sois pas seule à l'intérieur de ma demeure, que Nate m'ait suivi par curiosité pour savoir ce qui m'avait fait partir aussi vite, qu'à ce moment-ci, il avait voulu continuer le moment intense que nous avions commencé, et qu'il avait marché sur mes pas pour rester avec moi, ou encore que Gregory soit resté à l'intérieur pour me protéger, sachant le probable danger qui m'attendait. Tout simplement, je priais intérieurement.

Je jetai un rapide regard derrière moi pour essayer de me rassurer, de me dire que je n'étais pas seule mais malheureusement, le vide fit place, je me retrouvai livrée à moi-même parce que Nate n'y était pas, il n'était pas venu avec moi. Je respirai alors un grand coup avant de poser ma main sur la poignée pour l'abaisser, priant de nouveau pour ne pas être seule à l'intérieur. J'ouvris doucement et tombai directement nez à nez avec Grégory. Je soufflai de soulagement : dieu merci, il n'était pas parti.

« - Je t'attendais. Les autres se sont enfermés dans ta chambre pour ne pas déranger, moi j'ai voulu rester au cas où ça tourne mal. Ton père est gentiment installé sur le canapé en t'attendant, enfin il l'était il y a deux minutes mais il ne fait que bouger, à croire qu'il a des vers dans le corps. Il a fait le tour du salon en prenant en main toutes les photos et en acquiesçant de la tête, comme s'il y trouvait quelque chose d'intéressant, vraiment étrange. M'informa-t-il.

- Et son arrivée s'est passée comment ? Enfin, qu'est-ce qu'il t'a dit, comment il s'est présenté ? Lui demandai-je.

- Il a sonné, quand j'ai ouvert il m'a simplement dit un vague "bonjour jeune homme, c'est bien ici que vit Lucy Hudson ?", je lui ai dit que oui et lui ai demandé en quel honneur c'était, et là il m'a dit qu'il était ton père et qu'il aimerait te parler. Il n'a pas manqué de me demander qui j'étais et si je couchais avec sa fille avec bien-sûr toute l'amabilité du monde, il a d'ailleurs été ravi d'apprendre que j'étais juste ton ami. Puis, il est entré dans le salon, je t'ai appelé et il n'a plus décroché un seul mot. M'expliqua-t-il.

- Très bien.

Je posai la veste de Nate sur mon porte manteau et pris un grand bol d'air. Il fallait que je lui tienne tête, il fallait que je l'affronte. Je n'avais plus le choix, mon destin était entre mes mains et ne dépendait que de moi, ne dépendait que du fait de ce qui allait se passer avec mon père.

ProgramméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant