chapitre 16

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La vidéo ci-dessus n'a rien à voir avec le chapitre, mais je trouve qu'elle fait beaucoup ouvrir les yeux. Certain la connaisse sans doute, mais je vous invite à la regarder, elle dévoile malheureusement une réalité de notre époque dure à éviter. Sur ce, bonne lecture les loulous, j'attends vos avis et vos retours sur ce chapitre qui a mis beaucoup trop de temps à être écrit, je m'en excuse. Aller, bisous, je vous laisse lire.

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Dire que j'avais réfléchi toute la nuit à ma vie et à mes envies aurait été mentir, car en réalité, je n'y avais même pas songé ne serait-ce qu'un instant. Il était vrai que ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit, et que, tout naturellement, le temps de ce qui devait être une simple et banale soirée parmi tant d'autres, j'avais oublié ; et pour une fois, c'était un oubli complet, sans aucune faille. C'était bien simple, je ne m'étais souvenu de rien, comme si tous mes maux s'étaient évaporés, comme s'ils étaient partis en fumée pour se joindre aux nuages. J'avais oublié ma course nocturne, oublié mes recherches et mes défaites, oublié ma vie et mes ennuis, ma programmation et ma déception, oublié ce grand vide qui hantait mon corps et mon esprit et cette glace qui habitait et figeait mon cœur. Rien n'avait jamais été aussi pur et logique, je ne me souvenais d'absolument rien, et en exclusivité, je n'avais pensé qu'à une seule et unique chose : j'avais pensé à vivre.

A vivre comme si demain était la fin, à vivre à en perdre le souffle, vivre comme je ne l'avais jamais fait auparavant. C'était pour cette raison que ce phénomène était chez moi, complètement exclusif. Car jamais je n'avais vécu pour autre chose que pour ma déprogrammation. J'y avais toujours pensé sans aucun relâche, je ne l'avais jamais abandonné, elle m'avait toujours accompagné où que j'aille et quoi que je fasse. Puis, loin de moi était l'idée de faire abstraction à la programmation, même le temps de quelques instants, parce que l'obtention de la vérité valait bien trop cher pour que je me permette de la laisser tomber. Pourtant, cette fois-ci, je l'avais fait. Même sans m'en rendre compte, j'avais tout mis de côté pour passer une magnifique soirée, sans encombre, sans aucune pensée ardue.

Je fus embarquée dans cette vague de folie, avec autour de moi, tous mes amis. J'avais laissé le temps filer, comme je le faisais quand j'étais petite à la plage, quand je laissais couler le sable entre les creux de mes doigts alors que je le tenais en plein milieu de ma paume. En réalité, pour le dire plus correctement, je ne l'avais pas fait couler, le temps, je l'avais complètement arrêté. Parce qu'il me semblait que la nuit avait été beaucoup trop courte une fois qu'elle fut finie, alors que tout au long de la soirée, je ne voyais pas le temps passer tant je m'amusais. J'aurais voulu qu'elle continue encore et encore, sans ne jamais s'arrêter, j'étais sûre qu'avec la durée, elle aurait été encore plus belle qu'elle ne l'avait déjà été. Mais bon, comme le disaient les bons vieux dictons, les meilleures choses avaient toujours une fin. Malheureusement, cette soirée en avait eu une, et à présent, c'était le calme des plus complets qui régnait dans la pièce.

Tout le monde dormait, à l'exception de Grégory qui préparait du café dans la cuisine et de moi-même, qui étais allongée sur l'un des nombreux matelas disposés sur le sol. Puis, même si cela faisait quelques temps que j'avais émergé de mon sommeil, je n'avais pas bougé d'un poil. C'était comme si je n'avais pas la force d'affronter la journée qui se présentait, comme si je me sentais bien trop faible pour bouger. J'étais réveillée et pourtant, j'étais comme ailleurs, partie loin d'ici. C'était d'ailleurs pour ça que j'avais les bras derrière la tête et les yeux rivés sur le plafond à fixer je ne sais quoi. En vérité, je ne savais pas ce qu'il fallait que je regarde, alors je fixais le vide qui ornait le toit, comme si j'espérais y trouver quelque chose d'extraordinaire.

Je songeai. Songeai à ce qui allait être fait aujourd'hui. C'est vrai, les lendemains de soirée étaient toujours horribles, vous êtes là, perdu au milieu d'une pièce vide de bruit et d'émotions, à vous rappeler à quel point hier était beau et à quel point aujourd'hui allait être morose. Le temps reprit son fil, c'était finit la nuit durant laquelle, par miracle, j'avais su le stopper du simple bout de mes doigts. C'était triste, mais après tout, c'était sans doute mieux ainsi.

ProgramméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant