chapitre 17

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Je ne pus décrire ce qui venait en train de se passer. Un tout nouveau monde s'ouvrit et au fond de moi, en plein milieu de mon ventre, un feu d'artifice et des milliers de mélodies commencèrent à jouer. Dans ma poitrine, mon cœur fit le tempo, battant à une allure folle, comme s'il devait remplir une course et gagner les jeux olympiques ; et ma tête, et mon âme, n'étaient plus que nuages et évasion. Mon esprit tout entier partit dans les murmures des anges qui eux aussi dansaient. Les pétales de cerisier tombaient à flot, embellissaient l'événement présent en ajoutant la pointe de magie qu'il y avait toujours eu entre nous. Je me fichais de savoir si cet instant était fictif ou non, s'il n'était qu'un simple pansement à cet éloignement. Tout ce que je savais et tout ce que je voulais c'était que ce moment dure longtemps sans ne jamais s'arrêter. Car mon cœur, envahi de peine et de glace, redevint pur et soigna toutes ses fissures.

J'avais envie de pleurer. Mais pas de pleurer de tristesse non, de pleurer pour une sensation indéfinie, comme pleurer la fin d'une ère de ma vie. Moi, Lucy Hudson, j'atteignais ma déprogrammation. Le combat de ma vie touchait à sa fin, tout était bientôt fini. J'allais pouvoir voler, flotter, me sentir libre, aussi légère que quand je le retrouvais sous les lampadaires. Même si avant d'atteindre ce nirvana, je savais qu'il me restait des choses à accomplir, mon espoir était au maximum et ma détermination invincible.

Doucement, il se détacha de moi et posa son front contre le mien. J'étais stoïque, stable, comme si j'étais figée au sol et que mon corps ne voulait plus m'appartenir. C'était beau, si beau que c'était comme dans un rêve ; et la pureté des âmes en fête m'envahissait, me rendant ma liberté perdue. Je regardai vers le ciel, laissant une pensée pour ma mère. Elle serait tellement fière. Puis, comme si de là-haut elle me restait fidèle, je l'entendis me chuchoter :

« - Ça y est, Lucy. Tu as enfin compris, enfin réussi à rassembler les pièces du puzzle. C'est lui, l'objectif, et tu l'as atteint. Votre histoire était écrite, et ce depuis le début. Car on ne rencontre jamais quelqu'un par hasard, Lucy, jamais. Peu importe ce qu'elle soit et comment elle se passe. Ce sont les gens que l'on croise sur notre chemin qui nous forgent et nous construisent. Certains sont là pour t'apporter de la tendresse, d'autres pour te donner la joie et la folie dont tu as besoin, il y a ceux qui te procureront la peine qu'il faut pour apprendre à se relever, accompagnés de ceux qui tenteront de te détruire pour tester tes capacités à réussir. Personne n'est là innocemment, personne. Et tu te dois d'affronter chaque personnage de ton histoire. Tu as déjà affronté tes amis en devenant la leur, en ne faisant avec eux que confession, folie et bonne humeur. Tu m'as affrontée, moi, ta mère, qui par ma mort t'a apporté la tristesse. Tu t'es relevée, et a continué à me faire vivre dans ton cœur et dans tes pensées. Tu as vaincu la tendresse en affrontant Nate. C'était un combat compliqué mais tu l'as gagné, car aujourd'hui, c'est dans ses bras que tu te réconforteras, c'est lui qui va finaliser les accomplissements de ta vie. Maintenant il te reste une seule chose à franchir, Lucy. La colère, la détresse et la destruction. Et pour ça, tu as deux adversaires, qu'il faudra rayer de la suite de l'histoire, Lynsey et ton père. Voici l'étape qu'il te reste à franchir pour devenir libre, peu importe le temps qu'elle te prendra, tu dois la faire. Tu verras, tout arrivera bien vite, les choses vont se bousculer rapidement, plus vite que tu ne le crois. Mais je crois en toi, tu es forte, comme tu l'as toujours été. Tu y arriveras, tant que tu garderas la foi, les mots et les pensées, tu les vaincras. Je le sais. Et n'oublie pas ta bonne étoile, ma fille, je serai toujours là, quelque part dans le ciel à briller plus que les autres. Marche vers l'avenir, construit ton empire sur les bases que tu as déjà acquises. Surtout, retiens que je suis fière de toi et de la fille que tu deviens. »

Puis, son visage s'évapora parmi les nuages, ne devenant plus qu'une simple pensée. C'était vrai, j'avais encore cette haine en moi qui bloquait certains de mes pas, qui m'empêchait d'entièrement respirer. C'était là la clé de ma liberté, et cette merveille a parfois un prix pour ouvrir les serrures. Le prix de se détacher des gens nocifs faisant partie de la vie. C'était la dernière étape, la plus compliquée de toutes celles que j'avais déjà affrontées. Pourtant, je devais le faire, c'était inévitable ; et la première étape serait Lynsey. Il fallait qu'on règle tout ça, qu'on s'allie sur un accord commun.

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