POINT DE VUE DE LUCY.
Je sors enfin de prison. Après trois ans de bordel, trois ans de travail, trois ans de cauchemar et trois ans de souffrance, je sors enfin de prison en ce beau jeudi après-midi.
Je récupère mes affaires, c'est-à-dire mon collier et mes bracelets, sous les regards noirs de Leah et des jumelles. Quand j'étais arrivée ici, je n'avais pas mon téléphone ni mon portefeuille. Souvenez-vous, j'ai été kidnappée par cinq frères, puis ensuite par Antoine.
D'ailleurs, je repense toujours à jeudi dernier, quand il était venu me voir. Je me demande pourquoi il revient maintenant, mais pas trois ans auparavant. Qu'a-t-il foutu durant tout ce temps ? Il n'est même pas capable de bouger son cul pour me rendre visite au tout début. Je suis vraiment en colère contre lui.
« C'est ça, casse-toi, grosse pute ! Tu ne mérites pas de vivre ! Quand je sortirai de cet endroit infernal, je te traquerai ! » hurle Leah.
Je hais cette peste. Elle me menace depuis que je suis arrivée ici. J'ai envie de les enterrer vivantes, elle et les jumelles. Elles ne m'ont jamais aimée, je n'ai jamais compris pourquoi.
Je dépasse une grille, puis un portail qu'une gardienne l'ouvre délicatement. Elle me lance un regard bref avant de détourner les yeux.
Enfin. Le soleil. Il m'a manqué. L'air pur. Cet air. Il est si bon. Je peux enfin respirer. Je retrouve enfin ma liberté. Je suis libre ! Je suis tellement heureuse. Je ne vais plus retourner en prison, sauf si je commets un autre meurtre, mais ça ne risquera jamais, parce que je me suis jurée de ne plus tuer quelqu'un. Je suis devenue une meurtrière, et c'est pour cela que William a rompu avec moi. Je l'aime toujours, c'est mon premier amour, je vais essayer de discuter avec lui quand je rentrerai chez moi. Je ne peux pas l'oublier. Il est irremplaçable.
Ah bon ?
Oui, je ne dis que la vérité, conscience de merde.
Menteuse.
« Lucy ! » crie une voix.
POINT DE VUE D'ANTOINE.
Adossé contre la portière de ma voiture, j'attends impatiemment Lucy qui va bientôt sortir de prison. Il y a une semaine, on m'a prévenu qu'elle allait sortir. J'ai tellement hâte de la voir, j'ai plein de choses à lui dire, mais cela va prendre une éternité ! Pour l'instant, il faut d'abord convaincre Lucy Johnson à monter dans ma bagnole, parce que je sais qu'elle est en colère contre moi, tout simplement parce qu'elle croit que je l'ai abandonnée, trois ans auparavant. C'est vrai, j'ai été lâche, mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas buter les flics qui étaient déjà armés ! Et puis, ils allaient m'arrêter ! Je n'avais aucune envie d'aller en taule. De toute façon, c'est déjà fait. Oui, j'ai été en taule pendant deux ans, mais Lucy ne le sait pas. C'est pourquoi je vais tout lui dire, lui révéler la vérité.
J'aperçois Lucy au loin, elle semble heureuse de sortir enfin de prison. Elle a le sourire aux lèvres. Mon Dieu, son sourire. Elle est trop belle. Trop jolie. Bon, il faut que je l'appelle maintenant.
« Lucy ! » je crie.
Elle tourne sa tête et quand elle me voit, son expression de visage change. Elle me lance un regard noir. Ah ouais, d'accord, carrément. Je ricane face à elle.
« Qu'est-ce que tu fous là ? me demande-t-elle sèchement.
- Et bien... je suis venu te raccompagner chez toi, je ricane encore une fois.
- Toi ? Chez moi ? Je préfère plutôt y aller à pied.
- Et mourir sous cette chaleur ?
- J'aurais dû mourir il y a trois ans ! » s'exclame-t-elle.Les événements passés avec Dominic et Thomas me donnent des frissons. Mes poils se hérissent. Pendant un instant, je ferme les yeux avant de les ouvrir.
« Arrête tes conneries, tu veux bien ?! Tu n'es pas suicidaire quand même ! Tu es toujours vivante, tu devrai être contente, non ? Je t'ai sauvé la vie ! Tu devrai me remercier ! »
Elle s'arrête net avant de se retourner lentement. J'ai bien dit : lentement. On aurait dit une poupée maléfique qui s'apprête à tuer sa victime. Elle marche droit vers moi. Maintenant, je sens son souffle chaud. Mon regard fait des aller-retour entre ses lèvres et ses yeux.
« Écoute-moi bien, Antoine. Tu fermes ta grande gueule de merde et tu vas retourner chez toi avec ta vieille bagnole pourrie. Si tu essayes encore une fois de me parler, je t'éclate la cervelle et tes bijoux de famille. T'as pigé ? »
Même pas peur. J'acquiesce pour guise de réponse. Avant de me lancer une nouvelle fois un regard noir, elle se retourne pour continuer son chemin. Quant à moi, je ne lâche pas l'affaire.
« Lucy, je suis désolé ! S'il te plaît, je peux te raccompagner. Comme ça, j'aurai l'occasion de te dire où j'étais pendant tout ce temps ! Accepte, s'il te plaît ! »
Ne trouvant plus d'arguments forts, j'arrête de respirer et de parler. L'espoir disparaît petit à petit. Allez, Lucy, s'il te plaît...
J'entends des sanglots réguliers.
« Lucy ? » je l'appelle.
Plus je m'approche vers elle, plus je déduis que c'est elle qui pleure. Je pose une main sur son épaule, mais elle me pousse violemment.
« Laisse-moi tranquille ! » crie-t-elle.
Elle tente de marcher, mais je l'attrape par le poignet pour l'obliger à se retrouver face à moi. Elle gémit de douleur.
« Aïe... Tu fais mal, Antoine, » dit Lucy.
Par réflexe, j'enlève ma main.
« Pardon.
- Laisse-moi tranquille...
- Non, je refuse.
- Antoine... »Elle se débat, mais elle finit par abandonner. Elle continue de sangloter. Elle s'accroche à mon tee-shirt comme si sa vie en dépendait. J'enroule mes grandes mains autour de son bassin.
« Excuse-moi, Antoine. J'étais tellement en colère contre ces filles qui m'embêtaient, alors, je...
- C'est bon, c'est pas grave, tu n'as pas à te justifier. Je te comprends.
- Non, Antoine ! Tu comprends pas ! Regarde tous ces bleus ! »Elle retrousse ses manches et je vois quelques bleus sur ses avant-bras.
« T'as vu ça ? On m'a battue à mort ! Trois meufs me battaient tous les jours ! Et moi, je n'étais même pas capable de me défendre ! J'ai essayé à plusieurs reprises de t'oublier, mais je n'y arrivais pas. Je n'y pouvais plus. Tu es entré dans ma vie et tu ne vas jamais y ressortir. C'est.... c'est... Tu tiens à moi et c'est réciproque. J'espère que t'as maintenant compris. »
Waouh. Tout ce discours... Elle l'a préparé il y a des semaines, ou c'est vraiment sorti tout seul ?
« Antoine, dis quelque chose s'il te plaît, c'est super gênant.
- Je... Je... Je sais pas quoi dire, dis-je simplement.
- D'accord... »Hésitante, elle me prend dans ses bras. Je reste surpris et perplexe, mais j'enroule mes bras autour de ses hanches, comme tout à l'heure. Je l'entends murmurer un « Désolée ». On reste dans cette position durant cinq bonnes minutes.
« Allez, monte dans la voiture. »
Elle s'exécute.
VOUS LISEZ
Kidnappée // Griezmann
FanfictionAvez-vous déjà vu un voleur en vrai ? Et un fou ? Et un kidnappeur ? À l'âge de vingt-cinq ans, Lucy Johnson se fait enlever dans une pauvre banque par un groupe de cambrioleurs. Leur but est de voler de l'argent, mais pas une jeune femme. Les chose...