17- Fou de Désir

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-: En chaleur ? Demande tory qui n'avait jamais entendu prononcer ce terme en pension.

Sa question déclencha un nouveau fou rire chez Charles. Elle se tourna vers les coulisses ou Bryan Castle attendait de faire son entrée, magnifique dans son élégant costume et en pleine possession de ses moyens.

Tory se dit soudain que dans un siècle son nom figurerait dans les livres d'histoire. Mais aucune description ne saurait rendre hommage a sa voix, chaude et vibrante, ou a son exceptionnelle talent.

Bryan assistait a la répétition avec une sourde rancoeur. Au diable Julia et son idée de demander a tory de remplacer arlyss ! Au diable arlyss qui tombait malade ! Au diable lui-même qui était tellement fasciné par Tory qu'il en oubliait presque son texte.
Qui aurait pu reprocher a Charles son manque de concentration ?
Bryan ne se serait comporter guerre mieux, face a cette jeune fille a peine vêtue d'une mousseline transparente...
Elle était si fraîche, avec sa peau claire, sa jeunesse !
Il avait envie de l'emporter dans ses bras, de l'arracher a la contemplation des autres, de la garder pour lui seul.

Elle s'était introduite dans sa vie, elle l'avait forcé a la remarquer et, a présent, il était trop tard pour battre en retraite.
Depuis qu'il avait renoncer a l'attirer dans son lit, il ne pensait qu'a elle. Toutes les autres femmes lui semblaient insignifiante, et aucune ne soutenait la comparaison. Il ne cessait de se demander comment elle serait dans l'intimité et il éprouvait le désir de jouer avec sa jeune énergie, de vivre un peu de l'enfance qu'il n'avait jamais eue... Et cela, aucune maîtresse n'avait jamais été capable de le lui offrir.

Comme la dernière réplique tombait, il prit la bouteille que lui tendait l'accessoiriste et il fit son entrée sur scène. Les autres comédiens sortaient, il restait seul sur les planches avec Tory.

Veuf inconcevable, il devait avoir l'air ivre , une situation difficile a interpréter. La plupart des acteurs en fesaient trop, ou pas assez. Concentré, Bryan adopta le parler flou, les gestes maladroits et la démarche peu sûre d'un ivrogne.
Il se laissa tomber dans un fauteuil devant un décor qui représentait une bibliothèque, et il se lança dans un long monologue qui révélait l'ironie amère et le désespoir de son personnage.
Au milieu de sa tirade, il sentit tory s'approcher de lui, poser les mains sur les dossiers de son siège. Comme l'exigeait l'intrigue, elle se pencha sur lui et parla chaque fois qu'il s'interrompait.
Bryan ne bougeait pas. Il était douloureusement conscient de la présence de son corps derrière lui, de son parfum, de son souffle a son l'oreille. Une longue boucle de tory glissa sur son épaule, effleurant son cou, et le désir monta en lui, irrépressible...
Incapable d'en supporter davantage, il fit comme Charles un peu plus tôt, il s'interrompit... Mais pour éclater de rire.

Le plus grand silence régnait dans le théâtre tandis-que Bryan essayait de se reprendre. Il devait faire croire a un trou de mémoire, bien que cela ne lui soit déjà arrivé. Pourvu que personne ne devine qu'il était complètement bouleversé par la naïve jeune fille !
Il prit de longue inspirations entre ses dents serrées.

-: si vous voulez que je vous souffle le texte... Dit la petite voix calme de tory derrière lui.

-: je connais ce satané texte ! Rétorqua t-il le dos raide.

S'il lui jetait un seul coup d'oeil, Dieu savait de quoi il serait capable !

-: Tu as un problème , Bryan ? Lance Julia depuis la salle.

Il lui lança un regard meurtrier. Après tout, c'était la faute de la duchesse, s'il se trouvait dans cette situation absurde !
Julia , sincèrement déconcertée, le contemplait, les sourcils fronces. Soudain, elle comprit. Elle connaissait Bryan depuis si longtemps !

-: Si nous observions pause ? Proposa t-elle.

-: Non, marmonna Bryan. Finissons-en .

Il s'essuya le front et reprit son monologue. Tory enchaina, une toucha d'incertitude dans la voix.

Sans se soucier des techniques, de subtilité ou d'effets d'acteur, Bryan alla au bout de la scène , et Julia n'émit pas le moindre commentaire. Elle se contenta de proposer un arrêt de vingt minutes, et tout le monde se dispersa vers les loges ou le foyer. Bryan ne bougea pas de son fauteuil jusqu'à ce qu'il fut sur que Tory n'avait pas quitté la scène.

Julia s'avança alors vers lui.

-: Bryan, commença-t-elle calmement, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas.

-: Alors, ne le fais pas.

Il vint au bord de la scène.
Julia, après s'être assurée qu'il était hors de portée de voix, poursuivit, en choisissant soigneusement ses mots :

-: je me doutais qu'il y avait une certaine attirance entre toi et Tory, mais elle n'est pas le genre de femme qui t'intéresse d'habitude, et jamais je n'aurais imaginé...

-: Où veux-tu en venir, julia ?

Elle fut choquée par sa froideur.

-: il se trouve que j'ai de l'affection pour Tory, et j'espère que tu n'as pas l'intention de profiter d'elle. Nous savons toi et moi quelle ne se remettra jamais d'une aventure avec toi, elle est bien trop fragile.

Bryan était de marbre.

-: ce que je fais ne regarde que moi.

-: Tory est sous ma responsabilité, et je vous rappelle que l'une de tes règles sacro-saintes est de ...

-: C'est ton employée, pas la mienne. Je ne l'ai pas engagée, donc je suis libre d'agir avec elle comme je le souhaite.

-: Bryan ...

Julia le vit quitter la scène a grands pas rageurs.





***


Tory n'a pas idée de l'attraction quelle a sur Bryan, et a quel point il la désire tellement.

You're Mine ! [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant