35 - Tu es Mon fils

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Il était environ vingt-deux heure trente quand Bryan atteignit le Buckinghamshire, sur le chemin de retour vers Londres. Mais il était certain que le comte de Rochester n'était pas encore couché, il dormait peu .
Rochester avait le don pour repérer les faiblesses d'autrui et en tirer parti. Il était capable de convaincre une veuve de lui vendre sa maison et ses terres pour une bouchée de pain, ou d'obliger un parent sous son lit de mort a rédiger un nouveau testament en sa faveur.
L'attelage traversa le village attenant au domaine et passa devant le cimetière où se trouvaient les tombes et les monuments a la gloire des Drake. L'idée d'être l'un d'eux... Le fils de Rochester ! ... Rendait Bryan malade. Il avait toujours détesté ce vieux grigou. Et avoir le même sang que lui, c'était encore pire que d'être le rejeton de Paul Jennings. Jennings n'était qu'un ivrogne et une brute, Rochester était un individu vil qui se servait des autres et qui les rejetait sans scrupules quand il n'avait plus rien en a tirer.

La calèche passa devant le vaste cottage que Bryan avait fait construire pour les Jennings plusieurs années auparavant. Paul, Mary et leur trois enfants vivaient dans le confort. Paul était toujours supposé s'occuper de la terre que lui allouait Rochester, mais en réalité, un ouvrier agricole travaillait pour lui tandis qu'il passait son temps a boire... Bryan entretenait toute la famille a la condition expresse que personne n'essaie de lui rendre visite a Londres. C'était le prix qu'il payait pour sa tranquillité...

Il atteignit afin le vaste manoir, a peine visible dans l'obscurité.
Bryan avait toujours connu les domestiques de Rochester Hall et il pénétra sans se faire annoncer, malgré les protestations du majordome. Il se dirigea tout droit vers la bibliothèque ou le comte était entrain de compulser un ouvrage d'art.

-: Castle ! S'écria Rochester en levant la tête de son livre.
Si je m'attendais...

Bryan hésita un instant. A première vue, Rochester et lui ne se ressemblait que par la stature. Pourtant la mâchoire carrée, le nez, l'arc des sourcils... Les traits de Bryan était-ils vraiment différents ?
Ignorant les battements redoublés de son coeur, il entra dans la pièce et se dirigea vers le livre de gravure dont il effleura la reliure.
Rochester s'en empara aussitôt.

-: Tu es venu geindre parce que j'ai réussi a avoir la collection Harris malgré ton enchère exorbitante ?

-: je ne geins jamais monsieur le comte.

-: sauf dans cette ridicule représentation de Richard II, a laquelle j'ai eu le malheur d'assister il y'a quelques années. J'espère ne plus jamais voir ce genre de pleurnicherie !

-: j'ai interprété le rôle comme il a été écrit, rétorqua Bryan d'une voix posée.

-: je doute que Shakespeare ait eu de telles intentions quand il a prit la plume.

-: Vous le connaissez personnellement ? Ironisa Bryan en s'attirant un regard noir de la part du comte.

-: Espèce d'insolent ! Dis moi ce que tu es venu faire et disparaît.

Bryan l'observa longuement, avec une terrible envie de s'en aller sans dire un mot.

-: Alors ? insista Rochester.

-: j'ai une question a vous poser.
Dites-moi Mr le comte ... Connaissez-vous une certaine Florence Nell ?

Rochester demeura impassible, mais ses doigts se crispèrent sur la loupe en argent qu'il tenait a la main.

You're Mine ! [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant