28 - Pourquoi moi ?

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Ensuite, il eut l'impression d'assurer a une pièce de troisième catégorie dans laquelle il avait le rôle du méchant, Tory celui de l'ingénue... Et ce Lord Avery celui du père outragé.

Avery pénétra dans le salon comme s'il avait peur de ce qu'il allait y trouver. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, au menton un peu fuyant , au front dégarni, a l'embonpoint naissant.
Sur le moment, Bryan en fut soulagé. Tory ne lui ressemblait absolument pas ! Pourtant tout deux arboraient la même expression a la fois inquiète et lourde de reproches.
Non, il n'y avait pas de doute sur l'identité de la jeune fille.

-: Qu'as-tu fais Tory ? Murmura Lord Avery.

Elle secoua imperceptiblement la tête, comme pour refuser la présence de son père.

-: Je ... J'allais rentrer a la maison aujourd'hui.

-: il y'a un mois que tu aurais dû rentrer ! Répliqua Avery avant de se tourner ver Bryan.
Il me semble qu'une explication s'impose, Mr Castle. Vous ne pouvez imaginez a quel point je suis navré de vous rencontrer dans ces circonstances.

-: j'en ai une petite idée, si.

-: Je suis Lord Avery de Hampton Bishop.
Voici deux jours, j'ai appris que ma fille Tory avait quitté le pensionnat depuis presque un mois. J'aurais du m'y attendre. C'est la plus jeune de mes trois enfants, et de loin la plus entêtée. Bien qu'elle soit fiancée a Lord Pickford, elle refuse de reconnaitre qu'il sera un bon époux pour elle...

-: il est vieux ! S'exclama Tory s'attirant un regard courroucé de son père.

-: ... Un bon époux pour elle, reprit-il. Et elle a inventé un plan absurde. L'une de ses amies, Evy Jackson a du être menacée d'exclusion d'école pour nous avouer les détails de ce complot.

-: Quel complot ? Demanda doucement Bryan.

Avery avait un air de profond dégoût.
-: peut-être Tory se donnera-telle la peine de vous l'expliquer.

Bryan s'obliagea a la regarder. L'innocente jeune fille qui avait n'être en lui l'espoir et les rêves rejetés des années auparavant. Elle regrettait de s'être enfuie ou d'avoir passé la nuit avec lui. Il voulait la vérité !

Elle se ressaisit enfin.
-: je n'ai jamais voulu épouser Lord Pickford. J'étais désespérément opposée a cette union, et tout le monde le savait - y comprit Pickford lui-même.
Au pensionnat, j'ai réfléchit que, hormis le suicide, j'avais un seul moyen d'échapper a ce sort. Alors...

Elle se mit a balbutier, tandis que du regard elle suppliait Bryan de la comprendre.
-: Alors j'ai décidé de me déshonorer.

-: Et apparemment, reprit Avery, c'est vous Mr Castle, quelle a choisit dans ce but.
Dites-moi... Y'a-t-il une chance... Serais-je, par la grâce de Dieu, arrivé a temps ?

Bryan laissa a Tory le soin de répondre. Mais elle demeurait silencieuse.
-: Non, trop tard ! Déclara t-il enfin.

Avery se frotta les tempes, l'air douloureux.
Bryan était fou de rage.
Elle s'était joué de lui. Tandis qu'il se consumait d'amour, elle était entrain de l'entortiller, de le ridiculiser. Encore, se dit-il. De nouveau, il était trahi par une femme. Mais c'était bien pire que la fois précédente.

Il jeta un coup a tory, et il l'a détesta pour l'air misérable quelle prenait. Elle était comme les autres , finalement, elle n'avait rien de plus a demander dans la vie qu'un mariage arrangé pour des raisons économiques. Dans un accès de rébellion, Tory Avery s'était simplement servie de lui pour échapper a ses responsabilités.

-: Pourquoi moi ? Rugit-il

Elle tendit vers lui une petite main suppliante, et il recula instinctivement. Il allait s'effondrer, si elle le touchait.
Tory interrompit son geste. Rien ne lui semblait plus réel, ni la présence de son père, ni l'expression glaciale de Bryan, ni même sa propre angoisse.
Si seulement les mots pouvaient tout expliquer, faire comprendre a Bryan que ce qui avait commencé comme un acte de mutinerie de la part d'une collégienne était devenu un véritable amour !
Elle aurait tout donné pour le guérir de la peine qu'il devait éprouver.

-: Evy m'a montré une affiche qui vous représentait, dit-elle sans le quitter des yeux. Et je vous ai trouvé... Magnifique.

Elle se tut un instant, consciente de la légèreté de ses paroles.

-: Non, reprit-elle, ce n'est pas ça. Je ... Je suis tombé amoureuse de vous dès cet instant, et j'ai eu envie...

Elle s'arrêta de nouveau, s'écoua la tête, furieuse de son incapacité a trouver la bonne approche.

-: Très flatteur, marmonna Bryan.

-: Vous ne comprenez pas...

Quoi quelle dise, il se sentirait insulté. Je vous aime ! Avait-elle envie de le lui crier, mais elle n'en avait pas le droit. Et il l'en mépriserait encore davantage. Elle se détourna en voyant son père s'approcher de Bryan.

-: Mr Castle, je ne sais quel degré de responsabilité vous attribuer, car vous me semblez plutôt la dupe, dans toute cette histoire. J'espérais que vous n'auriez pas touché Tory, mais les hommes comme vous ne répugnent pas à débaucher d'innocentes jeunes filles. Serait-ce trop demander que d'attendre des réparations ?

-: A quel genre de réparations pensez vous ?

-: Comme elle ne peut plus épouser Lord Pickford, tout ce que je demande, c'est votre entière discrétion. J'assurerai l'avenir de Tory d'une manière ou d'une autre, mais je vous prie de nier toute relation avec elle , au cas où on vous poserait la question.

-: Avec joie !

Bryan ne regardait pas Tory. Comme si elle n'existait plus pour lui.

-: Bryan, je vous en prie, souffla-t-elle. Je ne supporte pas que tout se termine ainsi.

-: Mme Beecham va te raccompagner dit-il d'une voix distante. Bonne journée Mr Avery.

Il quitta la pièce sans savoir où il allait. Il fallait seulement qu'il s'éloigne.
Il se retrouva dans ses appartements dont il ferma la porte a clé. Il se tint longtemps debout, immobile, s'interdisant même de penser. Il n'attendait plus que la voix de Tory qui lui répétait a l'infini : je vous aime, Bryan. Je vous aime.
Elle était bien meilleure comédienne qu'il ne l'avait imaginé. Elle semblait si sincère ! Et il s'était laissé aller a la croire.
Ses yeux le piquaient, et, pour sa grande humiliation, il sentit une larme rouler sur sa joue.
Avec un grognement de désespoir, il s'empara d'un ravissant vase de l'époque Ming et le jeta violemment contre un mur. Le fracas de la porcelaine déclencha en lui une fureur destructrice, et, a peine conscient de ce qu'il faisait, il décrocha un tableau, le lacera , se saisit d'autres bibelots qu'il anéantit avec la même rage, jusqu'à ce qu'il se retrouvât a genoux au milieu des débris, les mains sanglantes.
On frappa a la porte.

-: Mr Castle ? Répondez s'il vous plaît. Mr Castle !

Une clé grinça dans la serrure de Bryan, furieux, se tourna vers Mme Beecham et Denis.

-: Fichez le camp !

Bouleversés, effrayés de voir leur maitre dans cet état, ils battirent en retraite, le laissant seul avec ses chères oeuvres d'art brisées.

Il baissa la tête.
Quelques chose venait de mourir en lui. Tous les sentiments qui auraient pu transformer son existence.
Il ne serait plus jamais le même.

Il ne permettrait plus jamais a quiconque de lui faire du mal.


**

Un coeur brisé en vaut mille ...

La blessure du coeur est la plus douloureuse des blessures.

You're Mine ! [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant