11.Le Poste 13

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L'édifice de l'agence était complètement silencieux. En cet après-midi de fin de semaine, seuls quelques travailleurs malchanceux se retrouvaient prisonniers de ces quatre murs de béton.

Clarke ne rencontra donc nulle âme qui vive entre son entrée dans le bâtiment et son bureau, maintenant situé à l'avant-dernier étage de la bâtisse. Elle se dépêcha d'ouvrir son ordinateur, qui contenait toutes les archives disponibles aux travailleurs de l'agence, puis s'installa confortablement sur sa chaise à roulettes, prête à fouiller de fond en comble tous les dossiers portant sur le Poste 13. Elle venait tout juste de lancer ses recherches lorsqu'une voix retentit derrière elle.

-Tiens tiens, mademoiselle Griffin, susurra M. Jaha de la porte de son bureau. Qu'est-ce que vous faites ici en ce beau samedi ensoleillé ?

Clarke se figea sans savoir si c'était dû à la surprise ou à la peur. Son supérieur l'avait-il démasquée ? Sinon, pourquoi venir la rencontrer dans son propre bureau, ce qui ne lui était pas arrivé une seule fois depuis sa promotion ? Jaha aimait beaucoup trop son luxueux bureau pour le quitter en raison d'une simple futilité.

-M. Jaha ? s'étonna-t-elle. Mais qu'est-ce que vous faites ici ?

-C'est moi qui ai posé la question en premier, mademoiselle Griffin, sourit moqueusement son employeur.

-Oui, désolé. Je suis seulement étonnée de vous trouver ici. Je ne fais que passer, à vrai dire. Max, l'agent que vous avez envoyé à Barsovie la semaine dernière, avait de toute urgence besoin d'informations sur ce musée et ce vol d'œuvres d'art qu'on lui a demandé d'intercepter. Comme je n'avais pas le nécessaire pour l'aider de chez moi, j'ai couru jusqu'ici.

Clarke peinait à croire qu'elle avait pu inventer un mensonge aussi réaliste en si peu de temps. Elle n'avait pourtant jamais été très vive sous la pression et c'était d'ailleurs pourquoi elle n'avait jamais été en mesure de devenir agente de terrain, mais en cet instant, elle pouvait bien remarquer que son excuse venait de rendormir les soupçons qu'avait pu avoir Jaha à son égard.

-Je vais vous laisser à votre travail, dans ce cas, mademoiselle Griffin, lança-t-il à l'analyste avant de tourner les talons. Dites le bonjour à Max de ma part et dites lui surtout d'être prudent. Ces criminels ne sont pas de simples voleurs de pacotille, Interpol cherche à les piéger depuis des années et ils n'arrivent à rien.

-Je vais lui faire le message, soyez en assuré, certifia la blonde en enfilant son casque d'écoute et son microphone.

Jaha disparut parmi les dizaines de cubicules vides qui s'entassaient sur l'étage, mais Clarke n'osa pas prendre de risques, au cas où son patron décidait de se payer une nouvelle visite improvisée. Elle entra donc en contact avec Max pour rendre son mensonge plus crédible et laisser des preuves de sa discussion avec l'agent, puis en profita aussi pour terminer un dossier qu'elle devait remettre le lundi suivant.

Ce ne fut qu'en début d'après-midi que la jeune femme parvint à se convaincre que Jaha ne viendrait plus la surprendre à son bureau. Elle n'osa qu'à ce moment entrer dans les archives de l'agence et taper les mots clefs « Poste 13 » dans la barre de recherche.

Une page entière consacrée à la situation, à la construction et à l'histoire de l'endroit était édifiée. Clarke entama la lecture et perdit alors toute notion de temps. Elle n'avait lu que la moitié du document lorsqu'elle remarqua que la nuit était tombée et qu'elle allait sûrement paraître suspecte si elle restait une minute de plus accrochée à son ordinateur.

Elle en avait appris suffisamment sur le fameux Poste 13, de toute manière. Elle savait maintenant qu'il était situé à Atlanta, mais qu'il était l'un des bâtiments les mieux gardés de la CIA. Si elle voulait sortir Bellamy de sa prison, elle allait devoir faire preuve d'ingéniosité. De beaucoup d'ingéniosité.

Alors qu'elle montait dans l'ascenseur, son téléphone vibra dans sa poche. Un appel d'Octavia. L'analyste se mordit la lèvre inférieure, hésitante, mais se décida à le laisser sonner. Bellamy lui avait bien spécifié qu'il ne voulait pas mêler sa petite sœur dans cette affaire et Clarke le soutenait totalement. De toute manière, les moindres faits et gestes d'Octavia, dont ses appels, étaient espionnés, ce qui signifiait qu'elle ne pourrait rien dévoiler de ses découvertes à son amie sans trahir sa couverture.

Et puis, de toute façon, elle n'avait pas le temps de discuter avec Octavia : elle avait du pain sur la planche.

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Le lundi matin, elle appela au bureau pour se déclarer malade. Un vilain virus qu'elle avait contracté la veille et qui lui avait fait la vie dure pendant toute la nuit. Une fois cela fait, elle prépara son sac de voyage en prévision de son périple à Atlanta.

Elle ne possédait pas d'armes et ne pouvait sûrement pas espérer avoir accès à l'armurerie de l'agence sans se faire repérer. Elle allait donc devoir improviser sur place et Dieu sait à quel point elle détestait improviser.

Ce n'était pas plus mal pour elle, de toute manière, de ne pas posséder d'armes. Elle savait à peine manier un couteau et n'avait jamais été capable d'atteindre une cible dans ses exercices de tir, tout instruments confondus. Tout ce qui pouvait la sauver dans une situation périlleuse était son intelligence.

Clarke avait l'impression que sa tête allait exploser sous le coup de son anxiété tandis qu'elle démarrait sa voiture. Qu'était-elle donc sur le point de faire ? Elle, Clarke Griffin, simple analyste sans histoire, se préparait à infiltrer un bâtiment secret hyper sécurisé pour permettre à un prisonnier déclaré coupable de trahison envers son pays de s'évader. Elle n'avait aucunement les facultés pour arriver à ses fins, elle qui n'avait jamais été formé sur le terrain !

Mais elle devait le faire. Sa propre vie, celle de Bellamy, d'Octavia et de Raven en dépendaient peut-être. Elle supportait depuis plus d'un mois le poids de la confession de l'aîné Blake, mais ses aveux commençaient à lui peser incroyablement lourd sur la conscience . Contrairement à elle, Bellamy saurait quoi faire de la liste, comment avertir la population du danger qui les menaçait. Elle avait besoin de lui.

La route était longue entre la Virginie et Atlanta et Clarke passa tout le trajet à conduire dans le silence le plus absolu. Cet instant de sérénité allait probablement être le dernier qu'elle vivrait avant un long moment, si ce n'était pas le dernier qu'elle vivrait tout court. Après la libération de Bellamy, elle serait sans aucun doute considérée comme complice de trahison et serait pourchassée par les autorités du pays jusqu'à la fin de sa vie.

« Qu'est-ce que je ferais pas pour toi, Bellamy ? se dit-elle à elle-même. Je te connais à peine, et pourtant je suis sur le point d'abandonner tout ce à quoi je tiens pour te sortir de la merde. »

De nombreuses villes défilèrent sous ses yeux au cours des heures, mais ce ne fut que lorsque l'impressionnante ville d'Atlanta apparut à l'horizon que Clarke sentit son cœur recommencer à se débattre dans sa poitrine. Ça y était, elle arrivait à destination.

Elle avait pris la peine de noter les coordonnées précises de la situation du Poste 13, comme elle ne s'attendait pas à trouver de panneaux indicatifs du style « Prison gouvernementale ultra secrète dans deux kilomètres » plantés sur le bord du chemin. Effectivement, lorsqu'elle entra ces coordonnées dans son GPS, l'écran lui indiqua un terrain vague qui s'étendait sur plusieurs kilomètres sans qu'il n'y ait aucun édifice visible.

Clarke stationna son véhicule à quelques centaines de mètres de la clairière pour ne pas se faire repérer et le cacha dans les fourrés pour qu'il ne soit pas visible de la route. Elle entreprit ensuite de partir à la recherche du Poste 13...et de Bellamy.

***

Ave !! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Il ne se passe pas grand chose, mais l'action est pour bientôt, je vous le promets ;)

À quoi vous attendez-vous pour la suite ? Je suis curieuse :P

Mille mercis à vous tous xxx

Joe.

Chasse à l'hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant