6.La clef USB

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Clarke ne retourna chercher son sac de sport et ses vêtements de la veille qu'en après-midi. Elle était restée auprès d'Octavia pour tenter de la réconforter et de l'appuyer dans le deuil de son grand frère toute la matinée.

Elle la comprenait, après tout. Elle savait ce que la cadette Blake se préparait à traverser pour avoir elle-même passé à travers la mort de ses parents quelques mois auparavant. Octavia venait de perdre la seule personne qui comptait vraiment dans sa vie, l'unique être à l'avoir aimée et chérie, à lui avoir tout donné, et la seule manière qui lui permettrait de calmer sa douleur serait le temps. Beaucoup de temps.

Octavia avait rapidement séché ses larmes, mais la lueur espiègle qui perçait autrefois dans ses grandes prunelles vertes s'était maintenant éteinte. Tout chez elle paraissait s'être assombri et le seul feu qui semblait continuer de la consommer était celui de la colère. Elle était rentrée chez elle les yeux secs, mais les traits tordus par la haine.

La nouvelle s'était rapidement répandue que le grand Bellamy Blake avait perdu la vie au cours d'une mission et l'ambiance avait été depuis lors plus que morose dans l'édifice. Personne n'osait s'adresser la parole autrement que pour répandre des rumeurs sur la mort mystérieuse de leur héros national.

Clarke avait eu toutes les misères du monde à terminer sa journée de travail, surtout avec Raven qui se lamentait dans le cubicule adjacent. Elle-même, qui n'avait pourtant jamais vraiment apprécié le défunt, avait le cœur lourd. Bellamy Blake, même s'il avait agi comme le pire des crétins avec elle, était bien trop jeune pour mourir.

Elle ne pouvait néanmoins pas se départir de l'impression que quelque chose clochait dans cette histoire. Bellamy avait agi de manière étrange lors de leur dernière rencontre, lorsque ce dernier l'avait apostrophé près de la photocopieuse. Son sourire arrogant semblait alors cacher son appréhension et une tristesse qui semblaient le ronger de l'intérieur. Et puis, il avait semblé sur les nerfs, maintenant qu'elle y pensait. Il ne l'avait certainement pas approché pour lui faire la cour. Il devait y avoir une raison pour expliquer pourquoi il avait voulu lui parler...

Mais il était trop tard, maintenant. Bellamy était mort et Clarke ne pouvait plus rien y faire. La jeune analyste se dépêcha de sortir du bâtiment à la fin de sa journée de travail, son sac de sport à l'épaule, et se dirigea vers sa voiture.

Une quinzaine de minutes plus tard, elle déverrouillait la porte de son logement. Son grand appartement vide et silencieux depuis la mort de ses parents. Elle jeta son sac de sport dans la salle de lavage et se décida à le vider. Elle enfouit son short et son T-shirt d'entraînement dans la laveuse, puis le jean et le chandail qu'elle portait la veille. Elle allait y ajouter sa veste lorsqu'un petit objet s'extirpa de sa poche et tomba sur le sol. Clarke se pencha pour le ramasser, curieuse, et fut surprise de constater qu'il s'agissait d'une clef USB qui s'était échappé du vêtement. Mais qu'est-ce que ça faisait là ? Ce n'était pas à elle et elle ne voyait pas comment...

Bellamy. Il ne pouvait y avoir aucune autre option. Les pièces du casse-tête s'assemblaient enfin dans la tête de la jeune analyste. Voilà pourquoi il l'avait interceptée près de la photocopieuse, ou encore pourquoi il avait semblé si tendu lors de leur court échange !

Pourquoi ne pas lui avoir remis la clef en mains propres, dans ce cas ? Elle ne le saurait qu'en vérifiant ce qui se trouvait sur l'objet. Poussée par la curiosité ainsi que par son désir d'éclaircir le mystère qui entourait la disparition de Bellamy, elle courut jusqu'au salon, se jeta sur le divan et s'empara de son ordinateur portable, qui trônait jusqu'alors sur la table basse.

Elle inséra la clef dans l'ordinateur dès que l'écran s'ouvrit sur la page d'accueil. Son contenu ne tarda pas à charger et un dossier s'ouvrit quelques secondes plus tard sur un document sans nom ainsi que sur une vidéo. Sans réfléchir davantage, Clarke cliqua sur cette dernière et ce qu'elle y trouva lui fit perdre le souffle.

Bellamy se trouvait là, devant elle. Il était assis sur un fauteuil, les traits tendus. Il était anxieux, c'était évident. Lorsqu'il ne triturait pas ses doigts, il se passait les mains dans ses soyeuses boucles noires. Après quelques instants passés à fixer nerveusement l'objectif de la caméra, le garçon se décida à parler.

«Salut, Clarke, souffla-t-il d'une voix chamboulée sans tenter de reprendre contenance. Je ne sais pas si tu vas voir cette vidéo, mais comme le monde entier en dépend, j'espère sincèrement que je n'ai pas fait tout ça pour rien.»

Clarke fut surprise de remarquer que l'éclat d'arrogance qui brillait habituellement dans les prunelles couleur d'encre de Bellamy avait disparu. On pouvait seulement y discerner une détresse et une tristesse immense, comme lorsque l'agent lui avait fait promettre de dire à Octavia qu'il l'aimait.

«À l'heure où tu regardes ça, continua Bellamy, j'imagine que je dois déjà être mort. Je l'ai accepté dès le moment où j'ai décidé d'intervenir dans cette histoire, mais si je m'adresse à toi aujourd'hui, c'est parce que tu es en danger aussi.

«Tu trouveras ci-joint une liste que j'ai volée à Jaha et à Kane aujourd'hui même. Cette liste dresse les noms de tous les agents de terrain, infiltrés ou non, de l'agence. Cette liste, Clarke, nos supérieurs avaient l'intention de la vendre sur le marché noir pour ainsi créer des tensions avec les pays ennemis et trouver une manière de leur déclarer la guerre.

«J'ai volé la liste pour éviter une guerre mondiale et ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'on me fasse taire pour ce que je sais, mais cette liste et les secrets qu'elle renferme ne peuvent pas mourir avec moi. Tu es en sécurité tant et aussi longtemps que Kane et Jaha ne sauront pas que tu détiens la liste, mais tu dois rester sur tes gardes, Clarke. Ces hommes attendent le moindre faux pas de ta part pour t'éliminer, parce que quiconque risquant de nuire à leurs projets est considéré comme une menace.

«Je suis désolé de te mêler à cette affaire sans ton consentement, mais tu me sembles être la personne tout indiquée pour mener à bien cette mission. Jaha et Kane n'oseront probablement pas mener leur plan à exécution tant qu'ils n'auront pas retrouvé la copie de la liste que je t'ai donnée, alors sert t'en à ton avantage. La population a le droit de savoir ce qui se trame sous leur nez, Clarke, je suis sûr que tu partages mon opinion. Tu es intelligente, je suis certain que tu trouveras un moyen d'avertir les citoyens avant qu'il ne soit trop tard.»

Bellamy se passa frénétiquement une main sur le visage. Ses sombres prunelles brillaient maintenant de larmes, qu'il tenta de retenir en poussant un soupir d'épuisement. Clarke sentit ses propres larmes lui monter aux yeux et son cœur se serrer dans sa poitrine.

«Ne...Ne montre surtout pas cette vidéo à Octavia, tu m'entends ? Elle ne doit rien savoir ou alors elle risque de réagir impulsivement et de ruiner ta couverture et votre sécurité. Non, elle...Elle devra faire son deuil normalement, car ses moindres faits et gestes seront sûrement surveillés lors des prochaines semaines, vue qu'elle fait partie de ma famille rapprochée et qu'elle sera considérée comme suspecte. Alors s'il te plaît, Clarke, veille sur elle pour moi. Je...Je t'en prie.»

Les larmes coulaient maintenant abondamment sur les joues parsemées de taches de rousseur du jeune homme, qui ne cherchait désormais plus à cacher sa peine.

«Ne m'en veux pas, Clarke, s'il te plaît. Je te demande seulement de faire en sorte que ma mort n'ait pas été inutile.»

Bellamy se tût, les yeux rivés sur l'objectif de la caméra. Il approcha sa main de cette dernière, sûrement dans l'intention d'arrêter la vidéo, mais se stoppa net au dernier moment.

«Salut, Princesse, lui sourit-il tristement en guise d'adieu. J'espère sincèrement qu'on ne se reverra pas de si tôt, si tu vois ce que je veux dire.»

Sur ces mots, le bouclé ferma la caméra et l'écran de Clarke redevint sombre. La jeune femme ramena doucement ses genoux contre sa poitrine et, ses prunelles azures toujours rivées sur l'endroit où figurait Bellamy à peine quelques secondes plus tôt, elle éclata en sanglots.

-Tu ne te seras pas sacrifié pour rien, Bellamy, souffla-t-elle. Je vais réclamer justice en ton nom, je te le promets.

***

Ave !! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? La vidéo de Bellamy ? La réaction de Clarke ? Dites-moi ce que vous en pensez ;)

Mille mercis à vous tous xxx

Joe.

Chasse à l'hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant