23.Petit déjeuner

607 49 2
                                    

Lorsque Clarke ouvrit les yeux, la première chose qu'elle remarqua fut l'éclatant soleil qui inondait la chambre. La deuxième, ce fut qu'elle se trouvait seule dans le grand lit et qu'il n'y avait de traces de Bellamy nulle part. La troisième, ce fut la délicieuse odeur d'œufs et de bacon qui emplit ses narines.

La jeune analyste s'habilla en vitesse et monta les escaliers à la course, entraînée par l'appel de la faim. Elle trouva Bellamy attelé aux fourneaux, en train de retourner des tranches de bacon pétillantes de gras dans un poêlon. Il tourna la tête vers elle dès qu'elle mit le pied dans la cuisine, comme s'il avait senti sa présence, et un large sourire étira ses lèvres lorsqu'elle s'assit sur le comptoir pour le regarder à l'œuvre.

-Bon matin, Princesse ! lança-t-il avec bonne humeur en retournant son attention vers les aliments qu'il apprêtait. Je savais bien qu'il suffisait seulement de te mettre de la bouffe sous le nez pour te réveiller !

Le bouclé ne fit aucune allusion à l'incident qui s'était produit pendant la nuit ou encore au fait qu'ils avaient dormi dans le même lit. Clarke comprenait son désir d'oublier sa faiblesse de la veille, mais elle sentit tout de même un certain pincement au cœur à l'idée qu'elle ne pouvait espérer aucun lendemain à leur apparent rapprochement.

-Où est-ce que t'as trouvé tout ça ? demanda-t-elle en remarquant que les armoires étaient maintenant remplies de nourriture et d'assaisonnements de toutes sortes.

-Je suis allé à l'épicerie pendant que t'étais au pays des rêves. T'aurais dû voir le regard de la caissière en voyant mon panier plein à craquer, c'était hilarant ! C'est vrai que j'ai dû vider la moitié du magasin, en même temps. Je voulais m'assurer qu'on ait pas à y retourner avant un bon moment.

-Et t'as dormi, au moins ?

-Ouais, bien sûr, répondit l'aîné Blake en sortant deux assiettes d'une armoire qui se trouvait à proximité de Clarke. J'ai seulement jamais été un gros dormeur, surtout depuis que je me suis enrôlé dans la CIA. Avoir le sommeil léger est une qualité fondamentale pour un agent sur le terrain.

Les prunelles sombres du jeune homme croisèrent celles de la blonde lorsqu'il voulut retourner à ses poêlons. Il suspendit tous ses gestes, soudain complètement hypnotisé par les iris bleu océan de la belle analyste, qui elle se sentit perdre tous ses moyens lorsqu'il posa une main sur sa cuisse, comme par nécessité d'établir un contact physique avec elle.

-Je...Merci pour la nuit dernière, Clarke. Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi.

-T'aurais pu t'époumoner à ta guise sans que personne ne vienne t'importuner, sourit la concernée.

-Très drôle, Princesse, sourit à son tour Bellamy en se détournant de la jeune femme pour s'occuper de ses œufs. J'ai presque envie de rire.

Ce fut à cet instant que Clarke remarqua que son ami portait une chemise à carreaux brune et blanche par dessus un t-shirt blanc qui ne ressemblait pas du tout à celui qu'elle lui avait acheté après leur fuite du Poste 13. Tout portait à croire que Bellamy avait pu mettre la main sur de nouveaux habits depuis leur arrivée.

L'agent dû remarquer qu'elle louchait sur sa nouvelle chemise, car il répondit à sa question avant même qu'elle ne la pose.

-Elle me va bien, hein ? sourit-il en lui lançant un regard charmeur. Les armoires de toutes les chambres sont pleines à craquer de vêtements. On en laissait toujours sur place pour éviter de traîner trop de bagages quant on venait passer le Week-end ici. Tu trouveras sûrement quelque chose à ton goût dans les vêtements d'Octavia ou dans ceux de ma grand-mère.

Le jeune homme déposa des œufs et du bacon dans une assiette qu'il tendit à Clarke en lui servant un clin d'œil.

-Bon appétit, Princesse.

-Je savais pas que tu cuisinais, admit la blonde en s'asseyant à la table et en attendant que Bellamy vienne la rejoindre.

-Il fallait bien que j'apprenne avec Octavia sous ma charge. Ça n'a l'air de rien, mais cette fille mange pour dix.

Le bouclé vint s'asseoir à ses côtés et ils entamèrent tous deux leurs assiettes dans un silence confortable. Néanmoins, Clarke avait une question au bout des lèvres et elle était trop curieuse pour laisser passer sa chance.

-Octavia m'a dit que c'était toi qui l'avait élevée, mais elle n'est jamais entrée dans les détails. Elle a seulement dit que votre mère est morte quand vous étiez jeunes et que votre père...

-Notre père n'était pas une bonne personne, la coupa l'aîné Blake d'une ton dur. On était beaucoup mieux sans lui, O et moi.

Toue trace de bonne humeur avait maintenant disparu du visage de Bellamy, qui s'était refermé comme une huître dès que Clarke avait abordé le sujet.

-Je...Je voulais pas être indiscrète, excuse-moi, souffla-t-elle, mal à l'aise, en remarquant l'étrange réaction du bouclé. T'as pas à en parler si tu veux pas, c'est pas moi qui va t'obliger.

Les traits de Bellamy se détendirent, mais il resta muet. Il piqua les œufs avec sa fourchette, joua un instant avec sa nourriture, puis la porta à sa bouche, visiblement perdu dans ses pensées.

-J'aime pas en parler, c'est tout, chuchota-t-il au bout d'un long moment de silence inconfortable. Je garde pas de bons souvenirs de mon père. C'était quelqu'un de violent, de foncièrement méchant. Sa mort a été un réel soulagement pour O et moi. Ce qu'il nous a fait, à ma mère, à Octavia et à moi, c'est impardonnable. Tout ce que ce type mérite, c'est de sombrer dans l'oubli.

Clarke ne releva pas, trop choquée qu'elle était pour répliquer quoi que ce soit. Bellamy s'était encore ouvert à elle, ce qui lui arrivait de plus en plus fréquemment depuis leur conversation au motel quelques jours plus tôt. Il avait confiance en elle et Clarke ne demandait qu'à la lui rendre.

-On a qu'à arrêter de penser à lui, dans ce cas, sourit la blonde avec empathie. Alors, qu'est-ce que t'as prévu, aujourd'hui ? Parce que moi je ne demande qu'à visiter ton domaine.

Le bouclé ne put faire autrement que de se dérider face au soudain enthousiasme de son amie. Il termina son assiette en vitesse et ramassa la vaisselle sale pour la mettre dans l'évier. Il se retourna ensuite vers la belle, un sourire au coin des lèvres et une lueur de défi dans les yeux.

-Va te préparer, Princesse. On va aller s'entraîner.

Chasse à l'hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant