13.L'aile fantôme

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Clarke fut étonnée de la facilité avec laquelle elle trouva l'information qu'elle cherchait, soit l'endroit où Bellamy était détenu. L'agent était retenu dans la cellule numéro 4 d'une aile surnommée « l'aile fantôme », située à l'extrémité nord du bunker. Ne restait maintenant plus qu'à trouver un moyen de s'y rendre sans se faire repérer.

Lincoln montait toujours la garde à l'entrée de la pièce, donc elle ne pouvait même pas considérer l'option d'emprunter les corridors. Pas à moins que le soldat ne soit tout bonnement occupé ailleurs, du moins.

Voilà qui lui donnait une idée. Si l'alarme d'urgence venait à se déclencher, non seulement Lincoln se verrait obligé de quitter son poste pour aller vérifier ce qui se passait, mais toutes les portes habituellement closes, comme celles de l'aile fantôme, s'ouvriraient comme par enchantement.

Le plus fabuleux dans tout cela restait que, maintenant que Clarke avait accès aux archives électroniques du Poste 13, elle pouvait aussi atteindre facilement le système de sécurité de l'endroit, qui y était relié. Elle n'eut qu'à pianoter quelques minutes sur le clavier de l'ordinateur avant qu'une sirène stridente ne perce à travers tous les haut-parleurs du bunker.

Tout se passa exactement comme Clarke l'avait prévu. Lincoln ne surveillait plus la porte de la salle des archives lorsque la jeune femme osa jeter un regard à travers l'embrasure, alors elle en profita pour se faufiler dans le corridor en direction de l'aile fantôme.

Elle ne trouva aucun accès verrouillé sur son chemin, si bien qu'elle n'eut aucune difficulté à atteindre l'extrémité nord du bunker. Elle ne rencontra personne sur son chemin, à son plus grand soulagement. Elle pensa tout de même à poser le premier objet qui lui tomba sous la main contre le cadre de la lourde porte en fer qui bloquait habituellement l'accès à l'aile fantôme. Ainsi, même si on parvenait à arrêter l'alarme et à remettre les choses en ordre, la porte ne se reverrouillerait pas derrière Clarke, l'emprisonnant ainsi avec tous les prisonniers.

À peine l'analyste mit-elle le pied dans l'aile qu'elle se sentit frissonner d'inconfort. Il faisait incroyablement sombre dans cet unique corridor et un souffle glacé perçait à travers les vêtements de la blonde. Les bras croisés contre sa poitrine pour se garder au chaud, la jeune femme entreprit de trouver la cellule de Bellamy. Elle avait à peine passé une minute dans cet endroit et elle le comparait déjà à l'Enfer, alors elle ne pouvait pas supporter l'idée que l'aîné Blake puisse y avoir passé plus d'un mois sans même pouvoir espérer être sauvé.

Tout était si silencieux que Clarke peinait à croire que des gens vivaient dans ces minuscules cellules, derrière ces portes closes. Pas une seule respiration ni un seul bruit de pas ne se faisaient entendre à l'exception de ceux que la blonde produisait. L'envie lui prit de crier le nom de Bellamy, mais son instinct l'avertit que ce n'était pas une bonne idée. Si elle n'avait pas encore été découverte, ses cris risquaient de ne pas seulement attirer l'attention de l'aîné Blake, mais aussi de celle des employés du bunker.

Clarke trouva donc la cellule numéro 4 à l'aveugle et entreprit ensuite de trouver les clefs qui lui permettraient d'ouvrir la lourde porte en fer. Le trousseau était suspendu à un crochet quelques mètres plus loin et la jeune femme se dépêcha d'aller le chercher. Elle s'évertua ensuite à essayer d'entrer toutes les clefs dans la serrure pour trouver celle qui libérerait enfin Bellamy.

Un déclic sonore se fit finalement entendre, au plus grand soulagement de l'analyste. Le souffle court, la blonde poussa la porte. Elle fut immédiatement assaillit par l'obscurité la plus totale. Il lui fut donc impossible, le temps que ses yeux s'habituent à la noirceur ambiante, de voir ce qu'il en était de Bellamy.

-Bellamy ? appela-t-elle l'agent en osant passer le pied dans la cellule. Bellamy, t'es là ?

Le cliquetis de chaînes parvint aux oreilles de la jeune femme, qui réprima un frisson d'horreur. Ce bruit n'était pas bon signe. Un grognement à peine perceptible suivit ce son, et cette fois ce fut un sanglot qui lui noua la gorge. Sans plus attendre, elle alluma la lampe de poche intégrée à son téléphone et s'enfonça dans l'obscurité.

La cellule avait une monstrueuse odeur d'humidité, de renfermé, de sang et d'urine. Cette puanteur ne fut pourtant rien comparé au spectacle qui se jouait juste sous les yeux de Clarke. Bellamy se tenait là, devant elle, plus mort que vif. La seule et unique chose qui l'empêchait de tomber face contre terre était ces chaînes, fixées au plafond, qui lui obstruaient les poignets. Bellamy était tombé à genoux, incapable de supporter plus longtemps le poids de son propre corps. Sa tête pendait misérablement contre sa poitrine, son souffle était court et faible et seules ses paupières, qui papillonnaient avec difficulté, démontraient un réel signe de conscience de sa part.

-Clarke...souffla-t-il faiblement d'une voix que la faim et la soif écorchaient.

Le jeune homme se trouva incapable d'articuler quoi que ce soit d'autre, ce qui n'était pas plus mal du point de vue de Clarke. Ainsi, sa vision ne serait pas plus embrouillée par les larmes et ses doigts déjà moites ne seraient pas pris de tremblements incontrôlables tandis qu'elle essaierait de libérer l'aîné Blake de ses liens.

Bellamy s'écrasa lourdement au sol dès que la blonde parvint à le dépourvoir de ses chaînes. Il tenta de ramper comme il le put en direction de la faible lumière qui éclairait le corridor, mais abandonna bien vite lorsqu'il réalisa qu'il n'avait pas la force de bouger par lui-même.

-Laisse-moi t'aider, Bellamy, s'il te plaît, le supplia Clarke. On n'a pas beaucoup de temps.

Clarke posa la main sur le bras de l'agent, qui voulut se soustraire de son toucher dans un sursaut. Il était maintenant pleinement conscient, mais son regard restait perdu et éteint, comme s'il n'avait pas encore tout à fait repris contact avec la réalité.

-C'est...C'est Jaha qui...qui t'envoie, avoue-le. Il...Il veut entrer dans ma tête, il veut me faire craquer...

-Quoi ? Non ! Bellamy ! Bellamy, regarde-moi ! Regarde-moi, bon sang !

Le garçon osa enfin poser ses prunelles sombres, brillantes de panique, dans l'océan des yeux de Clarke. La jeune femme sentit son cœur se tordre en voyant distinctement pour la première fois les joues creuses et les traits amaigris de l'aîné Blake. Lui qui attirait autrefois tous les regards grâce à sa beauté et à son charisme ressemblait dorénavant plus à un mort vivant qu'à autre chose. De la crasse et du sang collaient à chaque parcelle de sa peau, son torse dénudé laissait apparaître au moins une demi-douzaine de plaies à vif et son pantalon, seul vêtement qui le recouvrait encore, était en lambeaux. Ses boucles noires avaient poussé, mais la saleté les aplatissait contre son crâne.

-Clarke...souffla-t-il de nouveau.

La différence, cette fois, était qu'il semblait réellement reconnaître l'analyste, comme s'il venait tout juste de se réveiller d'un affreux cauchemar et que le visage de la blonde était le seul élément qui lui permettait de refaire surface.

-Clarke...Qu'est-ce que...? Comment...?

-Chut, on parlera de tout ça plus tard, tu veux ? Pour l'instant, on va se contenter de trouver un moyen de sortir d'ici vivants.

***

Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Les retrouvailles entre Clarke et Bellamy ? Que va-t-il leur arriver maintenant qu'ils se sont retrouvés ? Vont-ils réussir à sortir du Poste 13 ?

Mille mercis à vous tous, et désolé pour l'attente xxx

Joe.

Chasse à l'hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant