14.Plus un geste

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Clarke avait pris en compte pratiquement toutes les variables possibles et imaginables qu'occasionnerait leur fuite, mais il y avait bien une chose à laquelle elle regrettait de ne pas avoir pensé plus tôt : à quel point Bellamy était lourd à porter. Comme il était à peine capable de tenir debout par lui-même et ne pouvait pas faire deux pas avant de perdre pied, la jeune analyste dut se résoudre à passer le bras de l'aîné Blake autour de son cou pour lui servir de soutien.

-Comment...Comment t'as fait pour...

-Pour savoir que t'étais en vie ? Octavia m'a supplié de fouiller dans les dossiers classés de Kane et Jaha pour vérifier si on ne pouvait pas trouver des indices sur ta mort, alors j'ai demandé de l'aide à une amie de confiance qui m'a permis d'entrer dans le système et c'est comme ça que j'ai appris qu'on t'avait incarcéré dans le Poste 13.

-Alors Octavia, elle...Elle sait que...La liste...

-Non, je lui ai rien dit. Elle a seulement réalisé que ta mort n'avait rien d'accidentel lorsqu'elle a remarqué que la CIA la faisait suivre. Je n'aurais pas pu lui dire sans foutre en l'air ma couverture, de toute manière, comme il y avait un risque que toutes nos conversations soient sous écoute.

Il y eut un moment de silence avant que Bellamy réplique.

-T'as bien fait, Clarke, mais t'aurais pas dû...venir...me chercher. Ils...Ils vont savoir que t'es dans le coup...

-Tu crois vraiment que j'aurais continué de vivre normalement en sachant que tu te faisais fort probablement torturer alors que j'avais la possibilité de te sortir de là ? Je t'aime peut-être pas beaucoup, mais je te déteste pas à ce point.

Bellamy sourit mais, à la grande surprise de Clarke, ne laissa pas échapper une quelconque remarque sarcastique du genre : «Arrête de faire semblant, on sait tous les deux que personne ne peut résister à mon charme !». Peut-être avait-il le souffle trop court pour s'épuiser à passer un commentaire aussi inutile.

-Si on sort d'ici vivants...et je dis bien si...on sera tous les deux en cavale, Clarke. On sera...On sera recherchés sans relâche par le gouvernement...jusqu'à ce que mort s'ensuive.

-Je suis consciente de tout ça, assura la blonde. J'en avais assez de ma petite vie normale, de toute façon. Je pouvais plus supporter de travailler aux côtés de Jaha et de Kane en sachant ce qu'ils t'avaient fait.

Bellamy ouvrit la bouche pour répliquer, mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit avant qu'un cri ne retentisse derrière eux, à seulement une vingtaine de mètres de leur position.

-Plus un geste !

La carrure imposante de Lincoln s'approcha d'eux tel un boulet de canon. Son fusil pointait dangereusement dans leur direction et son doigt, collé sur la gâchette, semblait prêt à tirer à tout moment.

-Je savais bien qu'un truc clochait chez toi, lança le soldat en désignant Clarke d'un coup de menton. J'aurais seulement jamais pensé que t'étais assez idiote pour oser essayer d'aider un prisonnier à s'évader. Séparez-vous !

-C'est...C'est pas ce que tu crois, tenta de lui faire comprendre l'analyste. Cet homme n'est pas un criminel, c'est une victime !

-Ouais, c'est ça ! Avec quel mensonge tu vas tenter de t'en sortir, cette fois ? Lâche ce type ou je n'hésiterai pas à vous tirer une balle dans la tête à tous les deux !

-Il...Il est trop faible pour...

-Fait ce qu'il dit, Clarke.

La voix de Bellamy, pour la première fois depuis son sauvetage, se fit claire et assurée. À la plus grande surprise de la blonde, l'aîné Blake se remit sur ses pieds qui, après quelques secondes de chancellement, décidèrent qu'ils avaient encore la force de supporter son poids. Il se redressa ensuite lentement, sans pour autant se soustraire à la poigne de Clarke.

-Bellamy, mais qu'est-ce que tu fais ? Tu ne peux pas...

Clarke avait parlé trop vite. Elle qui était sur le point de prévenir le bouclé qu'il ne parviendrait pas à tenir debout par lui-même le vit faire un pas en avant pour se poser entre elle et Lincoln. Il lâcha finalement le ferme support de l'analyste qui, complètement bouche-bée, se figea sur place.

-Vous pouvez baisser votre arme, soldat, lui intima l'aîné Blake. Je ne suis pas en état de me battre, et même si je l'étais, je ne vous veux aucun mal, c'est compris ?

-Ce que j'ai compris, c'est que vous allez tout de suite lever les mains en l'air et me suivre sans faire d'histoire, ordonna Lincoln en ignorant les propos de Bellamy.

-Lincoln, s'il vous plaît, écoutez ! supplia Clarke lorsqu'elle eut retrouvé ses esprits. Utilisez votre bon sens, nom de Dieu ! Pourquoi Jaha et Kane vous ont-ils clairement ordonné de ne jamais, sous absolument aucun prétexte, entrer en contact avec les prisonniers de l'aile fantôme ? Savez-vous au moins qui est l'homme qui se tient devant vous ? C'est Bellamy Blake ! Cet homme était un agent de la CIA comme vous et moi jusqu'à ce que nos supérieurs le jettent eux-mêmes dans ce cachot ! Regardez ce qu'ils lui ont fait, merde ! Et tout ça pourquoi, vous pouvez me le dire ? Savez-vous pourquoi les prisonniers que vous devez maintenir en vie sont incarcérés ?

-J'en sais bien assez, grogna le concerné. Je sais aussi que je n'ai aucun compte à vous rendre, mais que j'aurai un bon rapport à remettre à M. Jaha et à M. Kane lorsqu'ils viendront s'occuper de votre cas.

-Si vous faites ça, souffla désespérément Bellamy, vous nous condamnez tous. Nous ne sommes pas vos ennemis. Jaha et Kane sont les véritables criminels dans cette histoire et vous n'êtes pour eux qu'un pion sur leur échiquier.

Clarke crut voir Lincoln hésiter, l'espace d'un instant. Ses yeux devinrent fuyants et brillèrent de doute, son doigt se décolla de la gâchette et il fit même mine de baisser sa garde. Mais alors que Clarke se permettait enfin de recommencer à respirer, le militaire parut reprendre ses esprits et fléchit les genoux en position défensive.

-Je suis pas si facile à manipuler, vous saurez. Je connais personnellement Marcus et Thelonious depuis des années et ils ont su mériter mon entière confiance, alors je ne sais même pas pourquoi je vous écoute. Ces deux hommes m'ont donné un job, ils ont donné un sens à ma vie et je les trahirai certainement pas avec la première mauvaise langue venue ! Maintenant, gardez les mains en l'air, tournez-vous et avancez. On va aller faire un tour au poste de contrôle.

-Quoi ? paniqua Clarke. Non, attendez, je vous jure que c'est la vérité ! Vous faites une grave erreur, Lincoln ! S'il vous plaît, vous devez...

L'analyste s'interrompit lorsque Bellamy, qui s'était entre temps tourné vers elle, posa une main sur son épaule et lui sourit calmement.

-Fais ce qu'il te dit, Clarke. Fais le pour moi, s'il te plaît.

***

Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Pensez-vous que Lincoln va changer d'avis avant de les livrer à Jaha et à Kane ? Comment Clarke et Bellamy vont-ils se sortir de cette situation désespérée ? Dites-moi ce que vous en pensez ;)

Mille mercis à vous tous xxx

Joe.

Chasse à l'hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant