Chapitre 1

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Le vent se levait faisant danser le sable autour des maisons qui l'entouraient. Sans délicatesse, il venait se poser sur les visages de ces hommes et de ces femmes en pleurs.

Le soleil éclairait un sinistre spectacle, celle d'une terre souillée par le sang.
Seuls les cris et les prières résonnaient dans ce village touché par la guerre.

Maria comme le reste des villageois, pleurait sur le corps sans vie de sa mère. Les mains maculées de liquide rouge, elle observait son doux visage sachant que plus jamais elle ne pourrait la voir sourire ou entendre sa voix mélodieuse. Voir ses yeux pétiller de joie lorsque son père rentrait à la maison pour l'embrasser avec fougue.

À ses côtés gisait le corps de sa grande soeur, sa confidente, sa meilleure amie, mais cette fois les larmes de Maria ne coulèrent pas, elle n'avait plus de larmes et ses yeux rougis la brûlaient atrocement. La brune se mit à genoux entre les deux corps des deux femmes les plus importantes de sa vie et mit une main sur le buste de chacune d'elles et pria Dieu, pour qu'il puisse les accueillir avant que son heure ne vienne à son tour.

Car à présent seule et sans homme pour la soutenir, Maria était une proie facile pour la gente masculine qui l'entourait. Mainte fois elle avait refusé les demandes en mariage des hommes qui venaient jusqu'à chez elle, dans l'espoir que les parents de la belle femme acquiesce leur demande. Mais Maria rêvait d'un autre amour, d'un amour comme celui que ses parents partageaient. Heureux et sincère.

Mais seule dans ce monde où les hommes régnaient en maître, comment allait-elle pouvoir survivre, ses jours en tant que femme libre étaient comptés. Le chef des hommes qui s'étaient attaqués à son village allaient revenir, elle en était persuadée, la brune l'avait lu dans son regard.

Jamais au grand jamais elle ne laisserait quiconque la posséder de force, elle se donnerait la mort si tel était son destin, mieux valait mourir libre, qu’enchaînée à un homme qu'elle ne pourrait jamais aimer.

— Maria ! Résonna la voix de sa tante affolée.

Elle releva son visage pour faire face à celui de la vieille femme qui arrivait les larmes coulant à flots. La dame fixa son regard au sol et tomba à genoux sous le choc de voir le corps sans vie de sa soeur et sa nièce. Elle leva les mains au ciel, le visage meurtri et sans un mot les reporta à son visage.

— Approche Maria, lui dit sa tante entre deux sanglots.

— J'ai échoué eima, rétorqua la jeune femme en levant son regard sur elle le visage rongé par la colère.

Elle lui prit le visage en coupe et l'obligea à relever le regard. 

— Nous ne pouvions rien faire face à ces hommes, ni toi ni moi ni personne. Tu ne dois pas laisser ce sentiment te ronger et t'amener à la haine mon enfant, promet-le moi.

Maria pouvait-elle réellement promettre une chose pareille? Son coeur brisé commençait déjà à bouillir laissant peu à peu le poison de la haine l'assouvir.

— Nous devons enterrer nos morts, souffla Maria.

— Nous allons faire ça ensemble, s'exprima la vieille femme en lui prenant la main.

Les hommes prirent les corps et les installèrent sur une table en pierre, celle-ci était assez large pour y déposer les deux femmes. Maria commença à prendre un linge blanc et nettoya le corps sans vie de sa mère, le regard vidé de toute émotion. Elle effectuait ses gestes tel un robot. La jeune femme laissa place à sa tante et s'occupa de celui de sa soeur, le coeur meurtri par les diverses sentiments qu'elle ressentait. Jamais au grand jamais,elle n'aurait pensé faire ça un jour. Elle s'occupa ensuite une dernière fois de sa mère éclatant cette fois ci en sanglots.

Entourées d'un linge blanc les deux femmes accompagnèrent les hommes qui transportaient les corps et les allongèrent ensuite avec douceur dans leur tombe côte à côte.

Vinrent alors les prières, les derniers pleurs puis enfin le silence. Maria retourna dans sa maison qui avait été pillée par ces méprisants voleurs et assassins. Elle observa tout autour d'elle ne sachant pas par où commencer, la brune se laissa alors glisser contre le mur, pleura jusqu'à épuisement et s'endormit.

Elle se réveilla lorsqu’elle entendit les villageois s'agiter, celle-ci sortit rapidement de sa maison pour aller voir ce qu'il se passait. Au loin, des chevaux galopaient à vive allure droit sur le village, mais il n'y avait aucune crainte dans le regard des habitants, le Cheikh et son armée arrivaient avec les vivres.

Avec son somptueux étalon blanc, le Cheikh s'approcha de ses sujets et demanda aux soldats de leur donner les sacs de nourriture qu'ils avaient apportés.

— Vous avez exactement deux jours pour rassembler vos affaires et vous rapprocher le plus rapidement possible du village le plus proche du palais, dit-il de sa voix majestueuse.

Les villageois parlèrent entre eux et très vite la décision de tout quitter fut décidée, en vue de ce qu'il venait de se passer car tous étaient sous le choc. La sauvagerie de ces hommes était encore présente dans leurs esprits et le serait à jamais.

Maria se rapprocha curieuse d'entrevoir pour la première fois le roi. Elle le détailla de la tête au pied telle une créature mystérieuse. Ses cheveux étaient gris, son regard noir et malgré son âge, il entretenait une belle musculature. C'était un bel homme mais Maria ne voyait en lui, que richesse et injustice.

Où était-il lorsque son peuple se faisait sauvagement assassiner ? Certainement à bronzer au soleil ou à compter ses pièces d'or. Maria s'écarta de la foule poings serrés prête à dire à son roi ce qu'elle pensait du plus profond de son être, mais au même moment, un homme arriva faisant cabrer son bel étalon noir comme la nuit.

Le jeune homme descendit de son cheval avec aisance et se posta face aux villageois le regard peiné mais aussi de rage, ses yeux se posèrent dans ceux de Maria.

Le coeur de la jeune femme tambourina dans sa poitrine avec puissance face à cet homme dont la beauté n'avait d'égale. Les cheveux bruns, la mâchoire dessinée et revêtue d'une barbe de quelques jours, des lèvres ni fines ni pulpeuses, son nez fin et ses yeux sombres s'imprégnaient d'elle.

Mais tout s'écroula lorsque le Cheikh prononça ces deux mots :

— Mon fils.

Alors les poings de la jeune femme se contractèrent à nouveau, son coeur revint de glace et sans plus attendre, rebroussa chemin.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant