chapitre 9

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Maria était allongée sur son lit réveillée, mais préférait garder les yeux fermés, se remémorant chaque passage du film qui l'avait parfois fait rire ou pleurer. Mais la scène qu'elle avait aimé le plus, fut celle de son propre film, oui, Maria avait l'impression d'être l'héroïne d'un de ces films à l'eau de rose. Le regard que Farès posait sur elle était d'une telle sincérité, qu'elle sentit son cœur rater un battement.

- Mais que m'arrive-t-il ? se dit la belle brune. C'est impensable, surréaliste.

Elle se leva de son lit et regarda dehors, une magnifique journée s'annonçait aujourd'hui et elle comptait bien en profiter. Elle prit sa douche et enfila une belle combinaison fluide.

Saliha entra dans sa chambre en ayant pris soin d'avoir frapper juste avant. La vieille dame sourit en voyant la mine heureuse qu'affichait sa petite protégée.

- Alors cette soirée ?

- C'était absolument magnifique ! Le film était super! L'écran était énorme et...

- Et le prince ? Sourit-elle malicieusement.

- Saliha ! dit-elle rougissante de honte.

Maria prit place sur l'un des petits fauteuils ne regardant pas la servante se rapprocher d'elle, attendant patiemment qu'elle parle.

- Je pense qu'il se sent coupable de ce qu’il s’est passé au village, il fait tout ça dans le but de me redonner le sourire et pour que je lui pardonne à lui et son père, se confia-t-elle dans un souffle.

Saliha posa une main sur son coeur et esquissa un léger sourire.

- Maria, dit-elle en lui relevant le menton, sais-tu ce qui est advenu de Zia?

Elle fronça tout d'abord les sourcils et répondit ensuite à la question.

- Non, je ne l'ai pas revue depuis quelques jours.

- Le prince est venu la voir une seule et unique fois, il ne la jamais revue par la suite. La jeune femme est partie vivre avec l'un des gardes qui est follement tombé sous son charme, dit-elle le sourire aux lèvres.

- C'est exact, résonna une voix derrière elles, une voix qu'elle avait l'habitude d'entendre et qui pourtant ne cessait de la faire frissonner.

Elle se retourna et vit Farès au pas de la porte, appuyé nonchalamment contre celle-ci, le regard sévère plongé dans celui de Saliha. La vieille femme s'éclipsa rapidement, les laissant seuls.

Maria étudia le physique avantageux du jeune prince habillé d'un simple jean et d'un tee shirt à manches courtes. Muni d'une barbe de trois jours il était sans doute l'homme le plus séduisant sur terre. Voyant qu'il affichait un sourire en coin, Maria rougit de honte de l'avoir observé d'une telle façon.

Farès quant à lui, se délectait de voir rougir la belle brune. Il savait qu'il ne la laissait pas indifférente mais rien n'était gagné, cette femme portait en elle une grande souffrance et une seule chose le préoccupait, la rendre heureuse, la voir sourire.

- Suis-moi.

Elle le suivit et tous deux arrivèrent dans le jardin privé du prince et ce jardin était tout bonnement magnifique. L'architecture était travaillée à la perfection, les murs étaient couverts de céramique de couleurs et de formes différentes. Les palmiers apportaient un côté exotique à ce jardin et les fleurs étaient magnifiquement entretenues. Maria inspira profondément pour remplir ses poumons des odeurs que ces plantes dégageaient.

- Ce jardin est d'une incroyable beauté, souffla-t-elle en avançant à l'abris du soleil sous un chemin d'ombre.

Farès sourit en voyant le regard de sa belle, elle était absorbée par le décor alors que lui, était absorbé par son beau visage. Ils marchèrent jusqu'à un point d'eau et Maria y plongea sa main pour rafraîchir son visage, le jeune prince réprima le désir ardent qui se propageait dans son corps face à cette vue.

- Saliha se montre un peu trop bavarde parfois, dit-il en regardant au loin.

Maria pouffa de rire en voyant la mine sérieuse qu'affichait Farès.

- Elle est adorable et cherche seulement à me distraire, je me suis beaucoup attachée à elle, et sachez qu'elle vous aime beaucoup.

- Saliha me connaît depuis que je suis enfant et m’a vu grandir, seulement, elle me voit d'une façon qui n'est pas moi.

Il prononça ces paroles avec une certaine amertume qui n'échappa pas à la jeune femme.

- Et comment vous voit-elle ?

Surpris par sa question, il mit un certain temps à répondre.

- Sachez seulement que je ne vois pas ce qu'elle voit.

- C'est une réponse très évasive, dit-elle en le regardant avec sérieux.

- J’ai du sang sur les mains, souffla Farès, je ne mérite pas le bonheur qu'elle pense que je mérite.

Elle était stupéfaite, le prince avait du sang sur les mains ? Mais de quoi voulait-il parler exactement, avait-il tué des gens ? Sa curiosité l'emporta et elle décida de lui poser la question.

- Avez-vous tué des gens ?

Il retourna vivement son regard pour rencontrer ses magnifiques prunelles emeraude, son regard était d'une telle innocence qu'il en eut le souffle coupé.

- Quel âge as-tu Maria ?

Surprise, elle répondit tout de même à sa question.

- J'ai vingt-deux ans et vous ?

- J'en ai huit de plus que vous, dit-il amèrement. Vous ne savez pas grand chose sur moi.

- Je ne m'intéresse pas aux magazines, dit-elle en souriant, nous n'avions pas la télévision non plus, mon père était contre.

- Parlez-moi de vous, de ce que vous faisiez dans votre village.

Ses joues prirent une teinte rosée, mais si elle voulait en apprendre d'avantage sur lui, il était normal qu'elle aussi se livre à lui.

- J’aime lire et je lisais donc souvent. Je dansais avec ma soeur, la danse orientale était l'un de nos passe-temps favoris, j'aidais beaucoup mes parents aux différentes tâches de la maison mais ma mère mettait beaucoup d'énergie dans notre éducation scolaire. Ma mère a fait des études et tenait à nous instruire, je sais donc lire, écrire et d'après ce qu'elle disait j'avais un bon niveau scolaire. Ma mère étant espagnole elle est arrivée dans ce pays à l'âge de vingt-deux ans, elle s'est faite enlever par mon père et ils ont fini mariés.

Farès arqua un sourcil et Maria sourit face à son incompréhension.

- C'est une magnifique histoire et peut-être un jour, je vous la raconterai. On ne venait que très rarement en ville, bien sûr je savais qui était le Cheikh et qu'il avait un fils, mais rien de plus. J'aimerais à présent en connaître plus sur vous.

Il était totalement fasciné par son récit et comprenait mieux à présent la jeune femme, elle était à moitié Espagnole ce qui le surprit, et l'histoire de ses parents était d'autant plus surprenante.

- Vous êtes une femme surprenante Maria, dit-il d'une voix rauque.

Il la contemplait avec tellement de passion que le coeur de Maria s'emballait à mesure que le visage du prince s'approchait du sien, elle ferma les yeux heureuse et angoissée de recevoir son premier baiser.

- Farès ! hurla une voix.

Elle ouvrit brusquement les yeux et détourna le regard gênée par cette situation, Farès jura en arabe et se leva poings serrés.

- Bashir... j'espère que c'est important.

Son ami s'approcha de lui et chuchota à son oreille. Farès serra les mâchoires, le regard assombri par la colère.

- Que se passe-t-il Farès?

Il se retourna l'air grave et lui dit :

- Tes grands parents sont là pour te ramener en Espagne.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant