chapitre 7

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Une semaine s'était écoulée depuis le jour où Maria était arrivée au palais, certaines choses avaient changé et d'autres pas. Saliha venait régulièrement la voir pour lui changer les idées et lui faire découvrir les différents lieux du palais, la jeune femme commençait elle aussi à lui parler et se confier à elle, et tout ce qu'elle disait à la servante était précieusement enregistré dans sa mémoire, car de cette façon Saliha pourrait aider le prince à comprendre la jeune rebelle.

Plusieurs fois elle avait revu Farès mais elle faisait de son mieux pour l'éviter, il fallait qu'elle puisse remettre de l'ordre dans ses pensées et lorsqu'il était là, elle perdait tout ses moyens. De plus, il ne cherchait plus vraiment à la voir, ce qui lui faisait de la peine mais que s’était-elle imaginé ? Le prince tombant en amour pour elle, du grand n’importe quoi, se dit-elle en secouant sa tête.

Il y avait des rumeurs rapportant que le jeune prince passait de plus en plus de temps avec cette femme du nom de Nacira. Maria ne comprenait pas ce qu'il pouvait trouver à cette fille, elle était jolie mais certainement sans valeur, c'était une femme facile d'après les rumeurs et Saliha ne la portait pas dans son coeur. Voilà donc ce qui devait intéresser Farès. Elle émit un rictus amer et sentit une fois de plus, la jalousie la gagner, un sentiment qu'elle trouvait totalement absurde au vu de la situation, Farès n’était pas et ne serait jamais à elle.

Aujourd'hui était un jour particulier, Maria allait recevoir la visite de sa tante ce qui lui redonna le sourire, elle s'empara d'une robe vert clair qu'elle enfila rapidement et se fit une tresse qu'elle ramena sur le côté. Son décolleté était mis en valeur par de petits strass argenté, elle tourna sur elle-même heureuse de porter de tels vêtements. Elle qui était habituée aux longues robes noires à cause de la chaleur, se ravissait de porter de la couleur.

Saliha frappa à sa porte et entra le sourire aux lèvres, elle savait que Maria attendait ce jour avec impatience, alors pour lui faire plaisir, elle avait dressé une table avec du thé et des gâteaux dans le grand jardin. Elle demanda à la jeune femme de la suivre et découvrit sa tante assise à la table l'attendant patiemment.

- Eima ! s'écria Maria.

- Mon enfant, répondit-elle en l'enlaçant tendrement, dis-moi comment vas-tu ?

- Ça va, c'est magnifique ici.

- Je suppose qu'ils te traitent bien ?

- Oui, Saliha est la dame que tu as vu, elle est adorable avec moi.

La vieille femme sourit, heureuse de savoir que sa nièce était bien traitée. Elle était tellement inquiète pour elle. Maria avait toujours eu ce caractère sauvage mais lorsqu'elle apprenait à vous connaître, c'était une toute autre femme, souriante, joyeuse et qui avait la joie de vivre. Elle avait cette lueur scintillante dans ses magnifiques yeux verts, une lueur qui avait disparu depuis ce jour tragique.

- Est-ce que tu manges ? demanda-t-elle sérieuse.

- Oui! s'esclaffa Maria, je mange très bien ici, ne t'en fais pas. Au village ils sont gentils avec vous ?

- Ne t'en fais pas, le prince nous a apporté tout ce dont nous manquions et nous a aidé à nous installer.

Maria baissa la tête, alors le prince était sorti de sa cage dorée pour aider les pauvres, incroyable, ironisa-t-elle intérieurement.

- D'ailleurs tout le monde a vu le regard ardent qu'il a posé sur toi la première fois qu'il t'a vue, sourit-elle.

- Eima! s'empourpra la jeune femme, ne dis pas n'importe quoi.

- Je parle seulement de ce que j'ai vu, rien de plus, pouffa-t-elle.

- Le prince a d'autres occupations qu'une pauvre villageoise comme moi, ça fait une semaine que je ne l'ai pour si dire pas vu et c'est peut-être mieux ainsi.

- Pose-t-il toujours des regards sur toi ?

- Hum, oui enfin peut-être je ne sais pas, peu importe.

- Farès n'est pas l'homme que tu crois, il est bien plus que ça, sourit la vieille femme en relevant son menton pour que sa nièce la regarde. Ne laisse pas la haine t'aveugler Maria, apprends de lui et ensuite tu jugeras.

- Eima, c’est un prince et moi eh bien, je suis moi rien de plus.

- La femme du Cheikh était une femme du peuple, rien de plus. Ne juge pas sans connaître mon enfant, ton père le disait souvent.

Des larmes vinrent se nicher dans le creux de ses yeux, sa tante avait raison et pourtant quelque chose l'empêchait d'apprendre à le connaître,  peut-être parce que c'était un homme, elle avait vu de quoi était capable un homme et maintenant elle en avait peur.

- Je vais devoir repartir, dit-elle en la sortant de ses pensées.

- Déjà, soupira la jeune femme.

- Je reviendrai plus souvent, c’est promis.

Maria sourit et raccompagna sa tante jusqu'aux grandes portes la serrant dans ses bras, elle aurait voulu qu'elle reste ici mais c'était impossible. Les portes se refermèrent lourdement et la jeune femme soupira.

- Tout va bien ?

Cette voix lui procura mille frissons, elle avait l'habitude de l'entendre mais à chaque fois l'effet qu'elle lui faisait était la même.

- Oui, tout va bien, dit-elle en regardant le sol.

Cette manie de ne pas le regarder dans les yeux agaçait le jeune prince qui ne manqua pas de le lui dire.

- Mon visage est-il si repoussant ?

- Mon dieu non ! S'offusqua-t-elle en relevant ses yeux verts dans celui du prince qui avait un sourire en coin.

- Très bien, rit-il en se rapprochant d'elle.

Maria recula d'un pas ne sachant pas réellement comment agir en sa présence.

- Maria, jamais je ne ferais du mal à une femme, lorsque je vous ai dit que j'avais des principes et des valeurs je ne mentais pas.

Il était si proche d'elle que Maria pouvait sentir son souffle s'abattre sur elle.

- Ce n'est pas forcément de vous dont j'ai peur, mais... répondit-elle haletante.

- Mais des hommes, répliqua-t-il poings serrés. Je ne suis pas ce genre d'homme Maria, je le dis et le répète, je ne vous ferais jamais de mal.

- D'accord, souffla-t-elle.

Farès pris ce rapprochement comme une victoire, voilà une semaine qu'il tournait comme un lion en cage espérant à chaque instant se retrouver sur le chemin de la jeune femme. Heureusement Saliha était là pour lui donner des nouvelles de la jeune villageoise mais ça ne lui suffisait plus, il voulait l'avoir près de lui quitte à faire ressurgir le désir ardent qui brûlait son être à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui.

- J'ai une surprise pour vous ce soir, Saliha viendra vous chercher pour dix neuf heures, c'est d'accord ?

Abasourdie par ce qu'il venait de lui dire, Maria mit plusieurs secondes avant de lui donner une réponse.

- Je viendrais.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant