chapitre 12

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Depuis le jour où elle aurait dû partir pour Madrid, Maria ne s'était plus montrée au regard des autres. Seuls Saliha, Bashir et le Cheikh savaient qu'elle était encore au palais. Elle avait dû changer de chambre puisque tous savaient que Farès irait certainement vérifier par lui-même que sa belle avait bien quitté son pays.

Elle résidait à présent dans une chambre qui était destinée aux serviteurs du palais, Maria était surprise de voir que les chambres étaient plutôt spacieuses et équipées d'une salle de bain. Certes elle n'était pas aussi belle et luxueuse que sa chambre mais elle s'attendait à de minuscules petites chambres et mal entretenues. Maria se giffla mentalement pour avoir une fois de plus jugé aussi vite.

Toute la journée elle avait pensé à ce que sa vie aurait pu être si elle était partie pour Madrid, elle aurait vécu avec son grand-père et certainement pas avec cette femme que sa mère qualifiait de froide et sans coeur. Elle aurait appris à parler espagnol, elle aurait travaillé et... et n'aurait plus revu le prince. Bien qu'en colère contre lui, elle devait avouer qu'il lui manquait, son regard noir possessif lui manquait, mais Maria était une femme blessée.  Avait-il réellement couché avec cette femme alors qu'il passait la plupart de son temps avec elle ? Si telle était la vérité, alors elle s'était lourdement trompée sur cet homme.

Saliha entra dans sa chambre munie d'un vêtement recouvert d'une housse, elle s'assied comme à son habitude près de la jeune femme.

- Comment vas-tu ?

- Je ressens tellement de sentiments contradictoires, souffla-t-elle exaspérée.
Colère, rage, haine, tristesse et avec tout ça j'ai quand même ce manque de lui.

Elle reprit sa respiration et Saliha sourit de bonheur. Enfin, la jeune femme lui avouait ouvertement qu'elle avait des sentiments pour le prince.

- Ce soir sera un grand soir pour toi et pour Farès, lui dit-elle en enlevant la housse qui cachait la robe qu'elle allait porter pour l'anniversaire du roi.

- Que veux tu...

Plus aucun son ne sortit de sa bouche, la robe que Salhia tenait entre ses mains était d'une telle beauté que Maria en eut le souffle coupé.

- Voici ta robe de bal, sourit la vieille femme face à la tête que Maria faisait. Elle te plaît ?

- Mon dieu Saliha, cette robe est tellement magnifique ! s'exclama-t-elle en touchant le tissu de la robe.

- Tes chaussures arriveront en fin d'après-midi, lui dit-elle en regardant le réveil posé sur le bureau.

Elle eut un soubresaut et mit sa main devant sa bouche.

- Maria ! Tu ne pouvais pas me dire l'heure ! Nous allons être en retard et je ne peux pas être en retard ! Pas aujourd'hui ! Debout ! Hop dans la salle de bain et dépêche-toi ! Dit- elle en la poussant à l’intérieur de la salle de bain.

Maria ne put s'empêcher de rire devant l'affolement  de la servante. Elle se doucha avec rapidité, s'habilla de ses sous-vêtements et sortit munie d'un peignoir.

- Viens avec moi.

- Où allons...

- Tu verras ! La coupa-t-elle, suis-moi.

Elles arrivèrent dans une grande pièce et Maria s'installa sur une chaise où deux femmes l'attendaient.

- Nora va s'occuper de ta coiffure et Malika de ton maquillage.

- Je ne veux pas être trop maquillée s'il vous plaît et pour les cheveux, je ne veux pas qu'on les attache, mon père aimait les voir détachés, sourit-elle.

Les deux femmes acquiescèrent et la coiffeuse commença son travail. Maria se laissa faire, elle avait l'impression de vivre un conte, sa propre histoire, mais ce qu'elle ne connaissait pas était de quelle façon allait finir son histoire. Une fois terminé, Maria ne put observer son reflet, Saliha voulait d'abord qu'elle enfile sa robe et ses chaussures.

Une fois prête, elle regarda les femmes qu'elle avait en face d'elle, les deux femmes était émues et Salhia pleurait de joie, une personne frappa à la porte et Salhia l'invita à entrer.

La tante de Maria entra dans la pièce et s'arrêta net en posant une main devant sa bouche, écarquillant les yeux.

- Eima! cria Maria heureuse.

- Mon dieu Maria tu es tellement belle!

Elle prit sa tante dans ses bras et la serra avec force, des larmes de joie perlèrent le long de ses joues.

- Je suis tellement contente que tu sois là, sourit Maria.

- Je ne reste pas, dit-elle posant une main sur sa joue.

La belle brune baissa les yeux tristement.

- Saliha sera là et je suis sûre que tout ira bien, tu es une femme forte Maria tout comme l'était ta mère, tu sauras prendre les bonnes décisions j'en suis sûre.

- Je n'en suis pas sûre eima, je pense que je me suis trompée, dit-elle la gorge nouée par l'émotion.

- Regarde-toi Maria, répondit-elle en la tournant face au miroir.

Elle observa son reflet dans le miroir et aujourd'hui plus qu'un autre jour, elle se trouvait belle, pour la première fois de sa vie, elle voyait enfin ce que les autres pensaient d'elle. Ses cheveux étaient relâchés en de belles ondulations qui tombaient en cascade jusqu'au bas de son dos, ses yeux étaient mis en valeur par un léger smoky marron ainsi qu’un trait d'eye liner noir qui faisait ressortir la couleur de son regard émeraude. Un rouge à lèvres légèrement rosé colorait ses lèvres. Sa robe était de couleur dorée, était munie d'un léger décolleté et fendue juste au dessus du genou. Elle moulait ses formes à la perfection. Elle portait des sandales à talon dorés qui entouraient ses fines chevilles. Jamais elle n'aurait pensé un jour porter une si belle robe.

- Il va falloir y aller, lui dit Saliha en s'approchant d'elle.

Maria lui adressa un sourire et se retourna vers sa tante la serrant une dernière fois.

- Tu es forte Maria, ne l'oublie pas.

Elle suivit Saliha jusqu'aux grandes portes où se trouvaient tous les invités du prince, elle prit une grande inspiration en essayant de calmer les battements de son coeur qui s'était affolé mais en vain, rien ne pouvait calmer le stress qu'elle ressentait. Saliha lui intima d'entrer dans la salle et après une énième inspiration, elle s'aventura dans la pièce. Tous les regards se posèrent sur elle, même les femmes se mirent à la contempler. Gênée, elle ne savait plus si elle devait repartir ou continuer d'avancer. Mais déterminée, elle continua à marcher espérant croiser le regard de Farès.

Elle le trouva dos à elle, en face de lui se trouvait Bashir et lorsque celui-ci leva son regard sur la belle, il en resta bouche bée. Le prince voyant son expression se retourna à son tour et eut lui-même la même réaction que son ami à un détail près. Son coeur se mit à battre avec puissance, il n'y avait plus rien autour d'eux, plus rien n'existait. Un seul mot sortit de sa bouche :

- Impossible...

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant