chapitre 3

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Le Cheikh quant à lui se tenait fièrement sur son cheval, même si la vue de ces pauvres hommes lui faisait mal au cœur. Contrairement à ce que Farès pensait, son père essayait tant bien que mal d'éradiquer les hommes qui voulaient du mal à son peuple. Mais comment faire, il avait tout mis en oeuvre pour retrouver cet homme qui se cachait là quelque part dans ces dunes de sable.

L'arrivée de son fils le sortit de ses pensées, il savait qu'il finirait par le rejoindre et ce soir encore, une dispute éclaterait entre père et fils.

Mais lorsque le regard du prince se posa sur cette jeune femme aux yeux d'une beauté incomparable, il sut dans leurs regards qu'elle pouvait être la femme qui manquait à son fils.

Malheureusement, son regard ne lui échappa pas lorsqu'il appela Farès son fils. Comme beaucoup de villageois, elle le tenait très certainement responsable de ses massacres et cette fois, c'est son fils qui allait en payer le prix.

— Farès.

l'intéressé mis plusieurs secondes avant de  dėvier son regard pour le poser sur le visage impassible de son père.

— Nous allons rentrer mais j’ai une dernière chose à leur annoncer.

Le cheikh se tourna vers son peuple et leur dit:

— Les jeunes femmes qui ne sont pas mariées et sans famille, peuvent si elles le désirent, venir vivre au palais tant que Ahmed n'aura pas été arrêté.

Une jeune femme s'avança alors vers le roi qui fit signe à l'un de ses gardes de l'asseoir sur son cheval.

Le coeur de Farès battait à tout rompre, il voulait qu'une seule chose, que la jeune femme vienne à lui, qu'elle lui fasse un signe, quelque chose pour qu'il puisse la protéger au palais. Mais elle n'en fit rien, il remonta alors sur son cheval et sans attendre partit au galop avec dans sa mémoire, le regard émeraude de la jeune femme.

Maria de son côté, écoutait attentivement les propos du Cheikh. Une partie de son être était tenté de le rejoindre car là au moins elle serait sûre d'être en sécurité. Mais sa fierté l'emporta sur sa raison et elle ne fit rien. Une larme coula le long de sa joue car elle aurait aimé à ce moment précis, avoir le conseil de sa mère, de sa soeur ou même de son père mais il n'y avait plus qu'elle. Du moins c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce que sa tante ne la rejoigne.

— Maria ! cria sa tante, pourquoi n'es-tu pas allée avec eux !

— Me cacher derrière les grandes portes du palais pendant que mon peuple se fait attaquer, jamais.

— Tu étais là aujourd'hui Maria et as tu réussi à changer quelque chose ? As-tu réussi à les arrêter ? Non, dit-elle la gorge nouée par l'émotion.

— Eima je te promets que j'ai essayé, répondit-elle dans un sanglot.

La vieille femme la prit dans ses bras pour apaiser son chagrin.

— Je sais mon enfant et tu t'es battue comme une lionne, tout le monde en parle ici, mais ce n'est pas suffisant. Il te veut je l’ai vu Maria, Ahmed reviendra et cette fois, il ne repartira pas sans toi.

Un frisson parcourut le corps de la jeune femme, l'homme qui lui avait tout pris voulait à présent s’en prendre à elle, mais jamais elle ne le laisserait cet homme l'approcher ou si elle le laissait, ce serait pour mieux le tuer, se promit Maria.

— Dans deux jours tu iras au palais jeune fille.

— Eima! Protesta Maria.

— Je suis la plus âgée mon ange et tu dois m'écouter, ma décision est prise.

Maria jura entre ses dents mais savait que sa tante avait raison. Si elle voulait garder la vie sauve et venger sa famille, elle n'avait pas le choix, elle allait tout mettre en oeuvre pour assouvir sa vengeance, et rien ni personne ne pourrait l'en empêcher.

~

Farès continua sa course folle jusqu'au palais lançant des regards assassins à quiconque voudrait l'interpeller, il entra dans ses appartements et se faufila sous la douche, laissant les jets d'eau froide apaiser son corps.

Il revoyait sans cesse le visage angélique de la jeune femme apparaître devant ses yeux, à cette pensée, une sensation naquit au creux de son ventre. Pourquoi son corps réagissait avec une telle ferveur au physique de cette femme, surtout qu'il n'avait vu que son visage.

Farès secoua sa tête de gauche à droite comme pour chasser les images obscènes qui naissaient dans son esprit.

Le jeune prince n'était pas fou, il avait bien vu le regard haineux qu'elle avait posé sur lui.

— Je ne mérite pas une telle femme, souffla Farès en sortant de sa douche.

Il s'habilla et un homme entra dans la chambre du prince.

— Votre père vous demande.

— J'arrive, dit-il fermement.

Le jeune prince rejoint son père dans son bureau bien décidé à lui demander des explications sur ce qu'il s'était passé une fois de plus dans ce village.

Il entra surpris d'y retrouver son père seul, sans les conseillers. Il prit place attendant que le Cheikh parle.

— Je sais ce que tu vas me reprocher Farès mais ne te fatigue pas, si je dois le refaire, je le referai.

— Mais père! rétorqua Farès, le sang bouillant dans ses veines, comment voulez vous que de simple paysans puisse se défendre face à ce malade! Ils vivent dans le village le plus reculé de la ville, il était évident que tôt ou tard ils s'en prendraient à eux.

— Je ne pensais pas que Ahmed s'approcherait autant, je dois l'avouer, mais ce qui est fait est fait et nous n'y changerons rien.

— Si vous m'écoutiez moi plutôt que vos conseillers, on n’en serait pas là, Rugit-il.

— Un jour tu me succéderas Farès et tu verras que les décisions sont parfois difficiles à prendre.

— Je ne suis pas pressé de me retrouver sur le trône, croyez-moi.

— Je sais mon fils, mais il est temps à présent pour toi de me succéder, il serait temps pour moi de te laisser la main. Tu as une vision du peuple que je n'ai pas mais tu es aussi plus jeune et ta façon de gouverner et de prendre les choses en main est plus moderne, plus adaptée à présent.

Les yeux écarquillés le jeune homme écoutait attentivement son père, c'était la première fois qu'il lui parlait de cette façon, ce qui le fit frémir.

— Je ne peux pas pour le moment père et vous savez pourquoi, répondit Farès sans le regarder.

— Tu as bientôt trente ans maintenant, il est temps à présent pour toi de te trouver une femme.

Le prince émit un rire amer et sortit en trombe du bureau de son père. Le Cheikh quant à lui esquissa un léger sourire. Il avait mis en place une stratégie qui sera quitte ou double. Soit la jeune femme viendrait au palais et à ce moment là ce serait à son fils de la séduire, soit elle ne viendrait pas ou pire encore, la haine qu'elle éprouvait à son égard empêcherait son coeur de s'ouvrir et dans ce cas précis, l'un comme l'autre seraient brisés.

C'était un risque à prendre.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant