chapitre 8

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Bachir, un membre proche de la garde royale arqua un sourcil en souriant.

- Ne vous faites pas de film, lui dit le jeune prince en accompagnant ses paroles d'un revers de main. Je ne vois rien dans son regard qui pourrait me laisser croire qu'elle m'apprécie, bien au contraire.

- Voyons Farès ne lis-tu pas dans ses yeux ? Tu es tellement persuadé que tu ne la mérites pas que tu en deviens aveugle mon ami. Nous sommes en temps de guerre prince et tu as fais ce qui te semblait juste pour ton peuple, tu as peut-être du sang sur les mains mais c'était pour défendre les tiens et pour aucune autre raison.

Farès ferma les yeux et laissa son ami s'en aller, il avait beau se dire que Bachir avait raison, il ne parvenait pas à se dire qu'il était un homme bien. Un homme qui méritait d'être heureux. Il avait essayé de renoncer à Maria en s'éloignant d'elle durant une semaine et il en avait souffert.

Saliha entra à son tour le regard pétillant de bonheur, Farès soupira en voyant son comportement, ce qui n'échappa pas à la vieille femme.

- Regarde l'homme que tu es devenu, dit-elle en posant une main sur son visage.

- Saliha... répondit-il en esquissant un sourire, depuis que je suis enfant tu ne cesses de me répéter à quel point je suis beau.

- Et je suis fière de ne pas m'être trompée, grand, beau et fort, un futur Cheikh.

Il lui fit un sourire en coin mais ne dit rien, le voir s'infliger un tel mépris de lui-même faisait mal au coeur à Saliha, elle espérait du plus profond de son être que la jeune rebelle le changerait.

- Il est l'heure et tout est prêt, je vais chercher Maria.

Farès se rendit dans la salle espérant que cette surprise allait la ravir.

Saliha entra dans la chambre de la jeune femme qui se contemplait nerveuse dans le miroir, ce qui la fit rire.

- Es-tu prête ? lui dit-elle en lui tendant la main.

- Je pense que oui.

Elle saisit sa main et la servante la mena directement au prince qui l'attendait devant une porte, celui-ci ouvrit la bouche en voyant la belle vêtue d'un pantalon soyeux et d'un haut qui laissait apercevoir une infime partie de son ventre. Il sourit essayant tant bien que mal d'évacuer la bouffée de désir qui naissait en lui.

- Merci Saliha.

Elle repartit à ses appartements en faisant un clin d'oeil au prince, qui lui leva les yeux au ciel.

- Regardez-moi Maria..

La belle posa ses yeux verts dans ceux du prince qui lui tendit la main pour la faire entrer dans la grande salle. Farès se mit devant elle pour l'observer et un sourire naquit sur ses lèvres en voyant la mine effarée de la jeune femme.

- C'est... c'est... peina-t-elle à articuler.

- C'est une salle de cinéma privée.

Les yeux rivés sur l'écran géant, Maria n'en revenait pas, elle qui n'avait même pas la télé était stupéfaite. Le sol était tapissé d'une moquette rouge, les murs étaient décorés de rideaux rouges et les sièges étaient en cuir noir. De petit spots lumineux éclairaient très légèrement la pièce.

- Je ne suis jamais allée au cinéma et mes parents n'avaient même pas la télé, lui confia-t-elle, merci beaucoup Prince, c'est une très belle surprise. dit-elle les joues rouges.

- Farès sera amplement suffisant et je suis heureux que ça vous plaise.  

Le prince ne se lassait pas de voir la belle brune s'empourprer, elle était tellement belle lorsqu'elle souriait, pensa-t-il.

- Venez vous asseoir, vous pouvez manger tout ce qui vous fait plaisir, dit-il en lui montrant les mets délicieux posés sur une table face à eux.

Elle se servit timidement un gâteau et un à un les spots s'éteignirent, le stress de se retrouver dans le noir la gagna, mais le prince se précipita de la rassurer.

- Les lumières au fond ne vont pas s'éteindre, seulement les lumières près de l'écran.

- Merci, répondit-elle en le regardant dans les yeux.

Elle remarqua une petite étincelle dans son regard noir et une étrange sensation s'empara d'elle.

Le son puissant des hauts parleurs la fit sursauter et brisa cet instant, Farès étouffa un rire en voyant Maria poser une main sur son coeur. Le film défilait mais le jeune prince ne suivait rien du film, trop occupé à lire les expressions sur le visage de la jeune femme, elle passait du rire aux larmes selon la scène qui se jouait et le jeune prince refoulait chaque vague de désir qui incombait son être.

Le film toucha à sa fin et Maria souriait de toutes ses dents.

- C'était un film magnifique! s’exprima-t-elle avec joie.

- Magnifique, souffla-t-il.

Un silence s'en suivit auquel Maria cherchait désespérément à rompre, alors elle dit la première chose qui lui vint à l'esprit.

- Vous venez souvent ici ?

- Pas vraiment, mon statut m'oblige à remplir beaucoup de papier ou à participer à des réunions.

- Ce n'est pas au Cheikh de remplir ces obligations ?

- Je suis le futur Cheikh et je prendrai la place de mon père très bientôt, soupira le prince.

- Ça n'a pas l'air de vous enchanter, répliqua-t-elle esquissant un léger sourire.

Farès sourit en voyant qu'elle prenait plaisir à discuter avec lui sans crainte, mais pouvait-il réellement lui dire les raisons pour laquelle il craignait de monter sur le trône ? Devait-il lui avouer qu'il lui fallait absolument une épouse et que celle-ci enfante la première année de son règne? Non elle n'avait pas l'air de connaître cette tradition et il ne voulait en aucun cas lui faire peur.

- Ce sera deux fois plus de réunions, ironisa Farès, mais je changerai certaines choses, j'essaierai de moderniser un peu cette partie du pays, j'ai différentes idées que mon père ne partage pas toujours.

- Il vous faudra alors suivre votre propre chemin et suivre vos propres règles, j'espère que vous ferez un bon Cheikh, confia-t-elle timidement.

Farès sentit son coeur défaillir lorsque Maria releva lentement son regard esquissant un sourire hésitant.

- Je l'espère aussi, répondit-il en évitant son regard.

Craignant de ne pas pouvoir se retenir plus longtemps et céder à la tentation de capturer ses lèvres, Farès se leva et lui prit la main pour la raccompagner à sa chambre. Maria regarda sa main dans celle du prince et sentit à nouveau cette chaleur envahir son corps, elle ferma les yeux quelques secondes essayant de se reprendre. Arrivée devant sa chambre Maria sentit son coeur battre avec puissance dans sa poitrine. Elle se servit de sa main libre pour ouvrir sa chambre et fit un pas à l'intérieur, Farès qui ne la lâchait pas, elle dut se retourner et son coeur manqua un battement lorsque celui-ci lui adressa un sourire enjôleur.

- Bonne nuit Maria, murmura-t-il en lui lâchant la main avec lenteur.

- Bonne nuit Farès.

Elle referma la porte et mit sa main contre son cœur sentant désespérément que la haine qu'elle ressentait envers lui, se transformait en un tout autre sentiment.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant