Chapitre 20

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Le souffle court, le visage transpirant de sueur un homme s'approcha, la peur au ventre. De son front tombaient de petites gouttes d'eau qu'il essuyait à l'aide d'un mouchoir.

L'homme à l'allure distinguée et si sûr de lui, était tout d'un coup en proie à la peur. De chaque côté de lui se trouvaient deux hommes munis de leur foulard laissant entrevoir seulement leur regard noir. À leurs mains se trouvaient des armes lourdes, des armes dont ils n'hésiteraient pas à se servir pour n'importe quelle raison.

- Mettez ça, lui demanda l'homme en lui tendant un bandeau noir.

- Pourquoi ? rétorqua-t-il curieux.

- Personne ne doit connaître l'endroit où il se trouve, pas même vous.

Il lui tendit durement le bandeau et l'homme s'en empara ne voulant pas s'attirer des ennuis. Les deux hommes de mains le prirent par le bras chacun de leur côté et avancèrent jusqu'à monter dans une voiture. Une fois le chemin terminé ils descendirent et continuèrent à pied sous la chaleur étouffante.

Des coups de feu retentirent et l'homme sursauta cherchant à reculer et se défaire de leur emprise.

- Arrêtez ça tout de suite ! cria l'un des deux hommes.

Alors qu'il allait rétorquer, un troisième homme armé arriva et salua ses frères d'armes. Ils se mirent à rire de l'homme qu'ils détenaient ce qui le fit fulminer de l'intérieur, mais n'étant pas en position de force il préféra se taire. Les hommes armés lui enlevèrent le bandeau lorsque celui-ci fut à l'intérieur d'une grotte ou du moins c'est à ça que cette cavité semblait lui faire penser.

Avançant prudemment en observant autour de lui, l'homme passa près de combattants dont certains s'entraînaient à tirer à l'arme à feu tandis que d'autres étaient simplement assis à même le sol à fumer ou à discuter.

Soudain les deux hommes s'arrêtèrent et entrèrent dans une pièce recouverte de tapis au sol. Face à lui se trouvait un homme au regard azur qui le scrutait avec intérêt le détaillant de la tête au pied.

Les hommes le lâchèrent et Ahmed lui demanda d'un geste de la main de s'asseoir sur les tapis où des oreillers trônaient ici et là dans la pièce.

- Il m'a été très difficile de vous trouver, s'exprima l'homme avec retenue, mais je suis heureux de faire affaire avec vous.

Ahmed l'observa encore une fois avec son beau regard essayant de deviner les pensées de l'homme qui était en face de lui. Il ne lui faisait pas confiance, mais il avait besoin de cet homme impétueux, il était le seul à vouloir trahir Farès et le seul qui pourrait l'aider à voler ce qu'il désirait le plus.

- Maintenant que vous m'avez trouvé monsieur Bokara, dites-moi quel est cette affaire si importante, demanda Ahmed avec intérêt.

Monsieur Bokara se racla la gorge et prit une inspiration pour se donner du courage.

- Le peuple parle et même si je ne prête que rarement attention à leurs commérages incessants, l'une de leurs rumeurs m'a permis de savoir que vous recherchiez ardemment la jeune villageoise aux regard émeraude.

Monsieur Bokara se frotta légèrement le menton avec sa main attendant patiemment la réponse d'Ahmed.

- Je sais déjà où elle se trouve, la question est ; comment puis-je l'atteindre sans que ce maudit prince ne soit à ses côtés ? pesta Ahmed.

- Si je vous dis que je sais exactement comment faire pour enlever la princesse, sourit Monsieur Bokara, sûr de lui.

- Je vous dirais que je suis votre homme, dites-moi comment allez-vous vous y prendre, rétorqua Ahmed en écoutant attentivement cet homme.

- Sachez que ma fille a fait la connaissance de cette jeune femme et qu'elle n'aura aucun mal à la faire sortir de sa forteresse. Après il ne tient qu'à moi d'organiser l'enlèvement, chose qui ne sera pas difficile.

- Que voulez-vous monsieur Bokara ? lui demanda Ahmed en le scrutant une nouvelle fois. Vous n'êtes pas ici pour l'argent car celui-ci ne vous fait pas défaut. Alors ma question est qu'allez-vous y gagner ?

Le regard de Bokara se fit dur et son visage se mit à rougir sous la colère.

- Le prince a osé me traiter comme un vulgaire vaurien, comme si je ne valais rien. Le manque de respect est une chose que je n'admets pas entre personnes de nos rangs. Pas même d'un prince.

Vaniteux, narcissique, imbu de sa personne étaient les premiers mots à avoir effleuré l'esprit du jeune Ahmed qui ne laissait rien paraître quant à ses pensées. Cet homme n'était ni plus ni moins qu'une personne qui avait réussi dans les affaires avec des méthodes plus que douteuses et à présent il se prenait pour un prince, voire pire, pour le Cheikh.

Néanmoins, Ahmed ne lui dirait pas le fond de sa pensée pour le moment. Il était la seule personne depuis des semaines à lui proposer un plan qui risquerait à coup sûr de fonctionner.

- Cela ne me dit pas ce que vous voulez en échange, dit-il en sortant de ses pensées.

- Je veux que le prince paie pour son manque de respect et lorsque vous serez au pouvoir, je voudrai faire partie de vos plus proches conseillers, faire partie intégrante du palais.

- Plus de pouvoir ? Vous en avez pourtant déjà beaucoup dans ce pays, mais quoi qu'il en soit j'accepte votre offre, dit-il en se relevant, je veux être au courant de tout ce qu'il passe, rien ne doit être laissé au hasard car lorsqu'il apprendra qu'elle a été enlevée, le pays entier sera bouclé et mis sous haute sécurité.

- Quelque chose m'échappe, s'enquit monsieur Bokara en fronçant les sourcils. Vous voulez toujours ce pays n'est-ce pas ?

Ahmed émit un rictus amer, il invita l'homme à sortir et l'accompagna jusqu'à la sortie.

- J'ai compris depuis quelques temps déjà que jamais je ne pourrai conquérir cette terre et puisque je ne peux pas l'avoir, je leur prendrai alors ce qu'ils ont de plus précieux. La future reine.

Le regard confus, Bokara commençait à s'agiter.

- Je vous ai promis du pouvoir et croyez-moi vous l'aurez. Vous prendrez ma place de bras droit dans mon pays et vous serez l'un des hommes les plus respectés.

Il souffla de soulagement et regagna le véhicule qui allait le reconduire chez lui.

Ahmed quant à lui, esquissa un grand sourire pour la première fois depuis des semaines. La femme qu'il convoitait plus que tout allait bientôt lui appartenir, il ne la verrait plus seulement en rêve mais bel et bien en chaire et en os. Lui qui maudissait chaque jour le prince de poser la main sur elle, se promit de faire d'elle son épouse et ce de gré ou de force.

Convoité  Par Un CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant