Chapitre 5 - Souvenirs.

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-Je rêve où bien...

Tout s'est déroulé si vite que mon cerveau a lâché.
Je secoue la tête et me concentre sur le corps étalé par terre.

Connor, allongé, du sang bleu coulant en masse de son front, et le déviant couché à l'autre bout de la pièce, une balle sous le menton.

Je manque de tomber et me retiens contre le mur en tremblant.
Hank, soupire et sort sans rien dire, suivi de Gavin.
Un deuxième policier arrive pour débarrasser la pièce des corps et les amener je ne sais où.

Je tente alors de reprendre mon calme. Pourquoi je suis dans cet état, d'abord ?! Ce ne sont que des androïdes, des bouts de plastique !
Et puis, au moins, nous avons eu des informations qui nous seront d'une grande aide pour l'enquête, c'est notre principal but.

Je prend une grande inspiration et sors à mon tour de la pièce tachée de sang bleu.

J'arrive au bureau d'Hank et m'assois devant lui. Il est concentré sur son téléphone. Quand à moi, je sors un carnet et je dessine des trucs au pif, sans même y prêter vraiment attention.
Le vieux semble le remarquer, éteint son téléphone et s'affale sur le dos de sa chaise roulante.

-T'as jamais vu de cadavre d'androïde avant ?

-J'en ai déjà descendus plusieurs, pour info. C'est juste que...on aurait pu avoir plus d'informations de la part ce déviant mais...

-Tu sais mal mentir, gamine.

Je me tais.
Hank se lève et me regarde.

-J'imagine que t'as pas de bagnole.

-Si...mais elle est au garage...

-Vidange ?

-Petit...incident.

Je détourne le regard.
Disons qu'avouer qu'on a garé sa voiture dans une descente et qu'on a oublié de retirer le frein à main...c'est un peu honteux.
Et la honte est certainement mon pire ennemi.
Après les androïdes et les araignées, bien sûr.

Hank sourit, amusé de me voir gênée, et récupère son portable et son porte-clé.

-J'te ramène, j'imagine.

-T'imagines bien.

Je me lève à mon tour, récupère mon sac, éteint la lumière au dessus de mon propre bureau et me dirige vers la sortie, suivie d'Anderson.

Nous montons dans la voiture et Hank allume la radio. Une simple chaîne de musique qui pourtant, me détend.

Après un silence plus ou moins long, Hank entame finalement une conversation.

-Du coup, ça te fait quoi de bosser avec un androïde ?

-C'est l'enfer.

Hank souris à ma réponse. Il regarde la route quelques secondes et reprend.

-T'as quoi contre les androïdes au juste ?

-J'vous retourne la question, Lieutenant.

-Dis moi d'abord.

Je me tais.
Parler de ces souvenirs est plutôt douloureux pour moi.

-Mon père...s'est fait assassiner par un androïde. Plus précisément NOTRE androïde à l'époque. Va savoir pourquoi il est devenu un déviant. Je pensais qu'il était heureux avec nous...enfin, on allait pas le remplacer, il faisait parti de la famille. Mais un soir, il a décidé de nous laisser tomber et de partir avec mon père.

-Tu veux dire qu'il est mort aussi ?

Ce type n'a aucune gêne, dis donc.

-Ouais...je l'ai poussé par la fenêtre de...de l'immeuble.

-Et t'avais quel âge ?

-12 ans. Ça a beau faire 10 putains d'années que c'est arrivé, j'arrive toujours pas à oublier, ni à passer au travers.

Hank hoche la tête.

-C'est des choses qu'on oublie pas, ça. La mort d'un proche...ça laisse toujours des marques...

Je le regarde.
Au final, il est pas si chiant que ça, le vieux.
Je souris.

-Et toi ?

Hank soupire.

-Bah...un peu près la même chose.

-Je vois...pas très ouvert sur le sujet, j'imagine ?

-Bah déjà moins que toi.

Je roule des yeux en souriant, légèrement amusée par les remarques de Hank.

Quelques minutes après la fin de notre discussion, nous arrivons devant mon appartement.
La pluie tombe et s'écrase sur les vitres ainsi que sur le capot de la voiture, provoquant un bruit de clapotis que je déteste tout particulièrement. Ce bruit me stresse.

Hank regarde d'un tour à l'autre mon appartement et moi. Il semble attendre que je sorte.
Sans plus attendre, et comprenant le message qu'il veut me faire passer, j'ouvre la portière, mets mon bonnet ainsi que ma capuche, récupère mon sac et sors de la voiture.
Je me tourne vers Hank.

-Merci pour...le trajet.

Il hausse simplement des épaules en souriant.
Je referme la portière et rentre en vitesse dans le bâtiment pour tenter d'être le moins trempé possible.

Une fois à l'intérieur, je peux voir derrière la porte en verre la voiture du Lieutenant s'éloigner. Fatiguée, je monte les escaliers jusqu'à arriver à mon appartement.

J'entre en prenant soin de refermer la porte en bois de chêne foncé derrière moi.
D'un pas lent, je m'assois sur le canapé.
Enfin, assoir n'est pas vraiment correct: je m'affale comme une merde sur le canapé, pour être plus exacte.

Je retire mes chaussures et les balance avec flemme à côté de la porte d'entrée. Je retire mon manteau et le pose simplement sur le dossier du canapé, suivi de mon bonnet.

Je soupire, me relève en prenant appui sur mes genoux, et me dirige dans ma chambre.
Je me déshabille puis me mets en pyjama en vitesse, remplie d'une hâte grandissante d'aller me coucher.

Je passe à la salle de bain pour me démaquiller et coiffer mes cheveux, vais récupérer une bouteille d'eau au salon, éteint toutes les lumières et retourne dans ma chambre, seule pièce encore allumée.

Je m'assois sur le lit, pose la bouteille sur ma petite table de chevet, et m'étale sur le lit.
Je reste ainsi durant quelques secondes puis, déjà lassée, me relève et éteint la lumière.

Grâce à la lumière des lampadaires de l'extérieur, j'arrive a marcher jusqu'à mon lit, puis à me glisser sous la couverture. Je me mets alors à fixer le plafond d'un air perdu.

Le seul son m'accompagnant est celui des gouttes s'écrasants dehors sur les toits. Je réfléchis alors, ne trouvant rien d'autre à faire pour m'endormir.

Il est mort.
Connor est mort.
Sous mes yeux...et je n'ai rien pu faire.

Non pas que j'en ai quelque chose à faire, hein. Enfaite, je m'en contre fiche de lui ! Ou plutôt...de cette chose ! C'est un androïde après tout. Un bout de plastique. Vaut mieux l'avoir perdu lui plutôt qu'un humain.

Même si, je l'admets...
Je ressens un léger pincement au cœur rien qu'à penser à ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes, voir heures à peine, durant l'interrogatoire.

Je ferme les yeux et respire lentement.
Malgré que je déteste ce bruit infernal, le son de la pluie glissant dans les rues de Detroit finit par me bercer, et je tombe alors dans les bras de Morphée.

SAVE ME [DBH: Connor X Reader - FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant