—Lucie—
Quand il était plus jeune, mon petit frère me disait que j'étais un monstre avec un sourire amusé quand je le taquinais.
Aujourd'hui, je me demande s'il me dirait la même chose, avec le même sourire et la même innocence enfantine.Je réfléchissais à cette question bien peu existentielle lorsque Lancelot vint ouvrir mes immenses rideaux. Ma chambre ressemblait à un mélange entre celle d'une fille de bonne famille du 19e siècle agrémentée de quelques posters de mangas ou de groupes qui me plaisaient et de vêtements sales disséminés un peu partout. Le soleil faisait en quelque sort lumière sur le bordel.
Ce soleil, je l'évitais en me retournant dans mon lit, posant mon oreiller sur mon visage. Je poussais une forme de grondement gémissant sous le tissu à l'intention de mon "majordome-automate". Lancelot poussa un petit cri. Sa main mécanique poussa gentiment mes côtes :
-Vous devriez vous lever.
Sa voix mécanique avait un petit quelque chose de rassurant, surtout quand elle était conjuguée à ses intonations d'un autre monde. Je grognais :
-L'est quelle heure bordel de chiottes...?
-Il est 8h15.
-Alors laissez-moi dormir putain c'est pas encore l'heure !!
-Guenièvre et Ygerne auraient besoin de votre aide pour mettre en place le spectacle de marionnettes de cet après-midi. Il semblerait qu'elles aient réussi à les casser.
Je me redressais en lançant une pléthore d'insultes aux rayons du soleil qui m'aveuglaient et demandais à Lancelot de fermer les rideaux. Ses saphirs oculaires me lancèrent un regard réprobateur tandis qu'il s'exécutait de mauvaise grâce. Je me redressais de façon totalement ridicule et continuais de fixer mon ami automate en livrée de majordome et à la perruque grise :
-J'ignore comment rafistoler de tels artifices, cela n'est clairement pas dans mes compétences.
Sa voix métallique aux accents d'un autre monde me rassurait à chaque fois que je l'entendais. Elle avait une forme de douceur. C'était une des raisons pour lesquelles je lui avais proposé le travail de majordome.
-Ouais, ouais, j'me lève...
-Je vous sers un petit-déjeuner ?
Je pouffais de rire en me pliant en deux :
-Et puis quoi encore ?!
Mon ventre, décidé à me causer du tort parce que cela doit être très drôle, gargouilla. Lancelot eut un ricanement métallique et sortit.
J'avais pas envie de me lever... D'habitude ils me laissent me réveiller à 10h au minimum, 8h15 c'est pas une heure pour me réveiller pour du rafistolage de marionnettes !!
Enfin, il est vrai que ce n'était pas une heure pour se réveiller si on tenait une sorte de musée mêlant spectacles d'automates et de marionnettes, mythes racontés par différentes voix pour donner du réalisme et balade dans des espaces tels qu'une bibliothèque ancienne, une sale cumulant costumes et masques anciens ou un jardin antique.
C'était une forme d'attraction relativement rare, et même si nous vivions dans un petit village calme et éloigné, on avait de la chance que cela intrigue les masses; Des parents et grands-parents y emmenaient leurs progénitures, certains tourtereaux trouvant le cadre romantique venaient y roucouler joyeusement et des passionnés de lecture venaient écouter les mythes et étudier les vieux livres que j'avais eu la chance d'accumuler très rapidement. Surtout grâce à mes amis automates d'ailleurs.
Enfin, automates... Ils n'étaient pas que cela.
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Le Monde des Humains, la Première Face du Miroir (EN PAUSE)
ParanormalSuite du premier bouquin sur Alice au Pays des Merveilles, enjoy ! ^^