Chapitre 17 : Première Tentative

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—Lucie—

J'avais ouïe dire que le retour surprise du Jabberwocky avait fait beaucoup d'heureux. Hazel, de son vrai nom, avait été comme Eve. Il était passé d'ennemi public à ami intime et redoutable défenseur, à la différence près qu'il était resté terré au Pays des Merveilles au lieu d'être une figure publique aussi importante que la Reine de Cœur.

Je m'étais une nouvelle fois enfermée dans la salle des marionnettes. Assise, devant cet ordinateur, j'écoutais les sons heureux des habitants qui gambadaient partout.

Il était 9h du matin, et j'avais fini d'écrire depuis longtemps. Malgré tout, je relisais encore et encore le dernier chapitre que j'eus écrit. Est-ce-que cela suffirait ? Est-ce-qu'ils arriveraient à rentrer chez eux ?

J'avais inséré une date bien précise dans ledit chapitre. La date d'aujourd'hui. À 9h15, précisément, Alice et Eve étaient censées trouver un miroir, entre la statue d'Anubis et celle de Sobek dans le jardin aux statues, section mythologique égyptienne. Quelque part, je crois que ce lieu devait avoir une certaine forme d'importance pour moi.

Petite, je croyais beaucoup, et la mythologie égyptienne regroupait les premiers êtres que j'ai craint et aimé comme les dieux qu'ils étaient. Le pouvoir que me prêtaient les habitants étaient immenses, semblables à ceux d'un dieu. Avec le recul, le parallèle était plutôt intéressant.

Je soupirais et m'étirais, puis me tournais vers ma théière d'eau froide et mon paquet de thé pour coller une bonne dose dudit thé, identifié sous le patronyme d'"Oriental" et mélanger le tout avec une grosse cuillère, jusqu'à ce que l'eau commence à se teinter d'une jolie lueur ambrée. Mon thé était prêt.

J'en avalais quelques gorgées, mâchonnant quelques bout de thé qui ne trainaient pas fond du récipient au passage. Je soupirais, regardant l'heure sur l'ordinateur. 9h07.

Je me levais et sortis de la salle des marionnettes pour me poser dans le jardin. Il faisait gris, d'opaques nuages bloquant les rayons du soleil. Je souriais. J'aimais ce temps.
Rosalie me rejoignit peu après, un verre de jus de fruits à la main. Elle s'assit à côté de moi, pendant que je contemplais la statue d'Hel, déesse nordique de la mort.

-Tu penses que ça marchera, me demanda ma sœur ?

-Je souhaite que ça marche, répondis-je d'un ton égal.

Je bus une nouvelle gorgée de thé et me tournais vers elle en souriant. Elle eut un petit rire amusé :

-Tu as du thé sur la lèvre.

-Ah merde !

Je passais ma main sur ma bouche pour enlever le petit bout de plante, puis fixais ma montre à gousset :

-9h13... Dans 2 minutes on sera fixées.

Je tournais le dos à Hel pour regarder Anubis et Sobek. Je n'avais rien dit aux habitants au sujet des circonstances de la découverte d'une nouvelle porte menant au Pays des Merveilles. Ça serait à eux de voir ce qu'il allait se passer. S'ils savaient, ils se stresseraient pour rien. Cela leur serait néfaste. Je les aimais bien trop pour leur infliger ce stress.

Je fixais ma montre en la faisant bouger tout doucement de gauche à droite. J'attendais que l'heure arrive. À partir du moment où la trotteuse dépassait le fatidique 12, permettant de signer enfin l'irrémédiable heure tant attendue. Je fixais les deux statues, Anubis se tenant fièrement debout face à un banc et Sobek situé à pas plus d'un mètre de là, fixait la surface plane d'un petit étang, assis entre des papyrus de pierre. Entre les deux, une haie sombre les reliait tout en passant inaperçue. C'est dans cette haie qu'ils étaient censés trouver le miroir qui leur permettrait de rentrer.

Le Monde des Humains, la Première Face du Miroir (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant