Chapitre 14 : Petit Déjeuner

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—Émilie—

Lucie est revenue nous voir beaucoup plus tard. Je crois que je me suis endormie dans les bras de Dante. Quand je lui ai demandé l'heure, elle m'a répondu 3 heures du matin, en rajoutant qu'elle et ses automates ont mis du temps à tout ramasser et à gérer la police.

Elle nous a tous ramené à l'étage dans deux chambres d'amis, mettant Loïc avec Rachelle et Dante avec moi. C'était bien plus agréable de finir sa nuit dans un lit que sur le sol poussiéreux d'une cave.

Je ne sais pas à quelle heure nous nous sommes réveillés. Je sais juste qu'on est resté longtemps au lit, avec Dante. Et qu'il ressemble à un chaton quand il dort. Vraiment adorable...

Nous avons décidé de nous lever quand nous avons entendu des cris dans la chambre d'à côté. Enfin, des cris de protestations, surtout. Je suis quasiment sûre que c'était un coup de Lucie. Je suis sortie, pour voir, laissant Dante trainasser au lit.

À côté de notre chambre se trouvait celle de Lucie. Je jetais un coup d'œil à travers la porte. L'adolescente venait de balancer une couette à la tête de son automate-majordome en s'enroulant autour de son polochon, en signe de protestation.

-Lucie, je vous conseille de vous réveiller tout de suite si vous ne voulez pas que je m'énerve.

-Et vous allez faire quoi ? Me jeter par la fenêtre ? Foutez-moi la paix, il est que 10 heures du mat' !!

-Non, il est 11 heures et demi. Et si vous continuez, je serai tenté de le faire.

Joignant le geste à la parole, Lancelot ouvrit la fenêtre qui menait au petit balcon après s'être débarrassé de la couverture. Lucie profita du fait qu'il lui tournait le dos pour lui envoyer son oreiller à la face et se précipiter dans l'escalier en chemise de nuit. Étant donné que l'endroit était fermé le lundi, elle pouvait se le permettre. Je la regardais faire avec un petit sourire amusé.

Mon instinct me poussait souvent à m'attaquer à tous les humains que je croisais pour faire taire la peur qu'ils causaient, mais elle... C'était comme si elle ne l'était pas. Je me sentais aussi bien avec elle qu'avec n'importe quel autre habitant du Pays des Merveilles, ce que je trouvais remarquable étant donné que je ne la connaissais que depuis la veille et que nous avions à peine échangé 3 mots.

Lancelot courait après Lucie en poussant des chuintements mécaniques que je n'aurais su interpréter, étant donné qu'il pouvait être aussi exaspéré qu'amusé par la situation.

Dante se leva et tituba jusqu'à s'affaler à moitié dans mon dos. Je souriais et lui embrassais la joue.

-Le paresseux daigne enfin se montrer ?

-Un peu de respect, jeune fille, sourit-il.

-Qu'est-ce-que le respect ? Est-ce comestible ?

-En parlant de comestible, ça serait bien qu'on prenne un petit déjeuner, tu ne penses pas ?

-Voyons d'abord si notre chère hôte mourra ou pas dans les prochaines minutes, dis-je avec un sourire.

-Si vous avez faim vous devriez me suivre, nous dit Gauvain, automate d'enfant vêtu comme un enfant de bonne famille du 19e siècle aux yeux rubis et à la perruque écarlate.

Vu la façon dont il était vêtu, il me rappelait un de mes petits frères, mais en plus sympathique, si je me fiais à ma première impression. D'ailleurs, ledit petit frère s'était brisé le crâne dans les escaliers deux jours après que l'on se soit disputé. Je souriais en repensant à cela. C'était mon premier meurtre. Et dire que tout le monde avait cru à un accident...

Le Monde des Humains, la Première Face du Miroir (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant