Le Cercle

Chapitre 5

    Je prends un coup de poing qui résonne jusqu'en Alaska. Ça devrait me réveiller et pourtant je suis tétanisée. Je n'arrive pas à le croire. Tout ça n'est qu'un mauvais rêve. Je vais me réveiller bien au chaud dans mon lit lovée au creux de mon oreiller et reprendre une vie normale.

J'ouvre les yeux.

Aïnoa est toujours là, elle sourit jusqu'aux oreilles. Je n'ai jamais vraiment aimé cette fille - elle a un an de plus que moi et un ego aussi énorme que Jupiter – mais je ne pensais pas qu'elle prendrait un tel plaisir à me refaire la mâchoire. Toujours aussi sûre d'elle, elle fait un pas vers moi et me pousse violemment. Je me rattrape sur les élastiques de sécurité. Plus bas, j'aperçois Vasquez qui me fait signe, il murmure entre ses dents :

– Relève toi, Ruby.

Facile à dire quand on fait deux mètre et 90 kilos de masse musculaire.

Les gens continuent à applaudir. Aïnoa les regarde, faisant mine d'être déçue :

– Quoi ? C'est tout ce que vous avez trouvé de mieux pour moi ?

Elle rigole et se retourne face à moi :

– Bye bye, chérie.

Sa réflexion me fait monter le sang à la tête. Je me jette sur elle telle un tigre sur sa proie. Prise de court, elle n'a pas le temps de réagir et se retrouve étalée sur le sol poudreux. Furieuse que j'ai gâché son moment de gloire, elle plante ses ongles dans mon bras et me dégage avec son pied. Je me relève juste avant elle. Elle m'attrappe par les épaules et je profite du fait qu'elle n'attaque pas tout de suite pour tenter de la raisonner :

– Rien ne nous oblige à nous battre, Aïnoa, on peut arrêter ça.

Elle me réponds d'un sourire narquois :

– Mais je n'en ai pas envie.

Elle me fauche avec sa jambe droite, si bien qu'elle réussi à faire écrouler mon mètre quatre-vingt. C'en est trop. Je n'avais pas envie d'en arriver là mais elle l'aura voulu.

Avec agilité, je saisis son poignet pour le bloquer et l'immobiliser et je la fauche à mon tour. Incapable de bouger à cause de la clé de bras que je maintiens, elle tente de me mordre, en vain. Que faire maintenant ? Je ne tiendrais pas comme ça éternellement. Il faut que je mette fin à cet affrontement, et vite. Sans réfléchir, je place mon pied en plein milieu de son dos et je l'éjecte brutalement, lâchant son poignet. Elle pousse un cri et tombe hors de la zone de combat.

Le silence s'abat sur la salle. Je n'entend plus que la voix d' Aïnoa qui hurle afin qu'on la laisse remonter. Je reste en appui sur mon bras et, reprenant mon souffle, je réalise ce que je viens de faire.

Aïnoa me fusille du regard et l'espace d'un instant je crois voir une larme rouler sur sa joue. Je bredouille :

– Je suis désolée.

Les cheveux en bataille, elle ne me lâche pas des yeux. Je me sens mal. Je ne voulais pas.

Mon esprit s'embrume tandis que le commandant Vasquez me relève et me fais sortir. La voix derrière les enceintes s'exclame :

– Le vainqueur est Ruby Romero !

Et le public se remet à applaudir. Je n'y prête pas attention, rongée par la cupabilité. Je trouve néanmoins la force de poser la question au commandant :

– Est-ce que c'est fini ?

Il soupire :

– Courage.