Chapitre 12

378 68 17
                                    



Le réveil pique les yeux. Ça fait trois jours que j'ai commencé ma formation au Centre de Soins et je ne me fais toujours pas au manque de sommeil. Je commence demain aux urgences et je suis épuisée. Je devrais sûrement faire une sieste mais je n'arrête pas de cogiter. J'ai revu un convoi aérien hier, ce qui fait que ça aurait lieu tous les deux jours, mais comme je ne suis pas sûre je vais encore attendre de voir s'il y en a un ce soir, et si c'est le cas, lundi soir je m'infiltrerai dans le vol de sortie.

Etant donné que c'est mon dernier jour de formation, je termine plus tôt.

J'arrive au Centre à huit heures, accueillie par ma tutrice, Nadia. Elle est toujours aussi bien apprêtée, les cheveux relevés, un léger maquillage et une jolie robe bleue sous sa blouse. On pourrait croire à une femme d'affaire. C'est elle qui est chargée de ma formation et de mon inclusion au Centre de Soins. Elle ne parle pas beaucoup de son passé, avant le Cercle je veux dire, bien que je n'ai pas cessé de la questionner sur le sujet, mais j'ai réussi à lui faire avouer qu'elle était déjà infirmière avant d'arriver ici. Elle fait partie des supérieurs, Jasperclass, précisément. En trois jours elle m'a appris bien plus que ce que je ne pouvais espérer. Grâce à elle j'en sais beaucoup plus sur le fonctionnement du Cercle, et sur les classes supérieures plus particulièrement. Si les classes appelées inférieures, soient les nôtres, portent des noms de lettres grecques, les classes supérieures portent des noms de pierres précieuses, sauf pour la plus haute d'entre elles, la classe de la présidente et des hauts dirigeants, selon Nadia, qui s'appelle la Masterclass. Les Masters vivent dans la Matrice, au cœur même du Cercle. Cet endroit serait impénétrable pour toute personne y étant étrangère, d'après ma tutrice.

Obtenir autant d'informations n'a fait qu'accroître ma soif de m'échapper. Et même si je pense mesurer les risques que je vais prendre en essayant, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai une chance d'y parvenir. Ça fait un bout de temps que je suis les informations du Cercle sur la chaîne télé principale et je n'ai pas entendu parler d'une quelconque tentative de sortie. Ils ne s'y attendront pas et c'est là tout mon point fort.

Je rentre à l'appartement vers 16:30 et je m'écroule sur mon lit.

Je suis réveillée par la pluie deux heures plus tard. Encore dans les vapes, je me lève doucement pour me diriger vers la cuisine. Je meurs de faim.

J'attrape un paquet de gâteaux et reviens dans le salon. Il me faut bien dix bonnes secondes avant de comprendre qu'il pleut. En temps normal, rien d'extraordinaire, mais ici, c'est bien la première fois depuis une semaine que je vois de la pluie. Est-ce qu'un champ de force laisse passer la pluie ?

Ça me semble bizarre.

Mon téléphone vibre. C'est un message du Centre de Soins m'annonçant que je suis officiellement prise au sein de leurs activités. Je souris bêtement devant mon écran.

Il est bientôt 19:00 et ma bonne humeur soudaine m'entraîne jusqu'à la fenêtre du débarras. Je vais inviter Naomi.

Je fais coulisser avec précautions la vitre neuve et tends le bras pour toquer à celle de ma voisine. Au bout de quelques instants, la lumière s'allume, la fenêtre d'en face coulisse à son tour et Naomi en sort la tête :

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- T'as faim ?

Elle me regarde, un sourire aux lèvres.

- Et comment.

Je souris à mon tour et nous refermons toutes deux la fenêtre. Malgré le peu de temps que nous sommes ici, nous sommes déjà très proches elle et moi. Et je suis tellement contente d'avoir pu trouver une amie à qui je peux parler tous les jours, qui vit dans la même zone et le même bâtiment que moi. Ça me rassure en fait.

Le CercleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant