Chapitre 13

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   Je sors de mon immeuble vers 7:30 pour m'élancer dans l'air frais matinal en direction du Centre de Soins. C'est officiellement ma première journée et j'avoue que je suis un peu impatiente. Nadia est là et m'attend pour me remettre mon badge. J'observe un instant la petite carte avec mon nom et, sûrement pour faire comme tout le monde, je l'accroche à ma blouse. Ornée d'une photo d'identité prise lors des tests, elle me rappelle ma carte étudiante, qui m'est assez inutile à présent j'ai l'impression. Aucune information sur une éventuelle reprise de scolarité ne nous a été évoquée et c'est plutôt inquiétant. Je ne suis pas du genre à aimer les cours et tout ce qui va avec mais je tiens quand même à assurer mon avenir et donc à passer mon bac. Et là ça à l'air mal parti.

Le Centre de Soins est un nid à paperasse. Tous les patients ont des dossiers personnels, chaque intervention est répertoriée et archivée. Il n'y a absolument rien qui ne soit pas consigné noir sur blanc.

Nous traversons l'immense bâtiment, passant devant les chambres provisoires où des patients attendent d'être transférés dans un secteur plus approprié. Nadia s'arrête brusquement et se retourne :

- J'ai complètement oublié de te demander si tu avais des questions, quelles qu'elles soient.

Je réfléchi un instant avant de secouer la tête. Nous nous remettons en marche. J'observe les chambres, pour la plupart vides, et les quelques patients à l'intérieur. C'est alors que je reconnais l'un d'entre eux. Je m'arrête net. Là, derrière une grande vitre, se tient la jeune fille de la dernière fois, qui avait été tazée par l'un de ces monstrueux gardes lorsque Gema, Alice et moi nous promenions. Dans la chambre voisine, pour ne pas dire cellule tout bien réfléchi, est assis son camarade. Aucun d'entre eux ne me remarque. Nadia m'observe sans comprendre.

- En fin de compte, si. J'ai une question.

Elle s'approche pour m'écouter, je lui désigne les deux élèves enfermés :

- Où vont-ils ces deux là ?

Surprise par ma question, elle met un temps à répondre :

- Ils sont arrivés hier, on attend de pouvoir les transférer en psychologie.

En psychologie ? Je fronce les sourcils :

- Mais pourquoi ?

- Motifs secrets. Je n'ai pas accès à ces informations.

Le pad de ma tutrice ouvre une fenêtre rouge. Une urgence. Elle me regarde comme pour voir si j'ai compris et nous nous élançons au pas de course pour rejoindre le secteur des urgences.

Nous accueillons un homme avec le doigt en sang. Après avoir remercié les brancardiers nous l'amenons dans une autre salle. Il à l'air de s'être coupé assez profondément et il ne faut pas longtemps à Nadia pour se rendre compte qu'il faut le recoudre. Tandis qu'elle prépare son matériel, je tente de le rassurer comme je peux. Je remarque le tatouage à son poignet. C'est un Zeta. Etant donné son âge assez élevé, ça me paraît bizarre que ce soit un inférieur. Mais peu importe, ce n'est pas la question.

De ses doigts de fée, Nadia arrange sa plaie en quelques minutes puis il est emmené par d'autres infirmières. Nadia commence à faire son compte rendu, j'en profite pour lire les détails. Cet homme s'est coupé à cause d'une machine d'évacuation de déchets. Il a 48 ans et travaille dans la dernière zone, la zone Zeta.

- Un homme de 48 ans parmi les inférieurs ? C'est étonnant, je m'enquiers.

Sans lever les yeux de son stylo, ma tutrice répond :

- Il a sûrement été déclassé.

- Déclassé ?

- Oui, il est passé d'une classe élevée à une classe plus basse. À cause d'un crime sans doute.

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