Chapitre 9

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Je suis réveillée par Eva qui m'indique qu'on m'appelle. Je me redresse doucement et regarde autour de moi. Nous sommes toujours dans le gymnase qui est à présent presque vide. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des jours. Eva me tend la main pour m'aider à me lever. Je me rends compte que je me suis retrouvée à au moins deux mètres de mon sac alors que j'étais juste à côté au début. Je fais la grimace, encore dans les vapes avant de le ramasser machinalement. Sonia arrive et m'attrape par le bras pour me tirer vers la porte où attendent deux gardes et un ... un robot. Je cligne des yeux pour être sûre que je ne rêve pas. J'ai en face de moi un robot tout droit sorti des meilleurs films de science-fiction, et j'en perds mes mots. Il ressemble beaucoup à un humain s'il on ne prends pas en compte son visage, la seule chose c'est que tout son corps – est-ce que je suis censée dire "corps" ? - est irrigué par des connections dorées, comme des vaisseaux sanguins sauf qu'ils sont parfaitement droits. Il tient deux petites valises, l'air de rien.

Les gardes me pressent :

- On y va, maintenant.

L'un d'entre eux me pousse jusqu'à la porte tandis que je ne peux détacher mes yeux du robot qui nous suit avec les valises. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi il a des valises.

Le garde de tête pousse la porte et la lumière se déverse sur nous. Je ferme les yeux tout en marchant, bien que je sache pas où je met les pieds.

Lorsque je les rouvre, je manque de tomber. Je m'arrête net, complètement déboussolée par ce qui se découvre sous mes yeux. Nous ne sommes plus au lycée. Mais dans une ville. Et le plus effrayant c'est que le gymnase est toujours là, derrière moi. J'écarquille les yeux, bouche bée. Je ne réagis même pas lorsque les gardes ruminent et m'attrapent pour me forcer à avancer dans les rues de cette ville que je ne connais pas. Nous marchons à vive allure, passant devant de superbes bâtiments, des bus verts pastels, les rues sont entièrement blanches, c'est incroyable.

Ma surprise ne tarde pas à se transformer en panique. Il faut je parte d'ici au plus vite. Je regarde autour de moi, le gymnase est encore derrière nous. Je ne réfléchi pas une seconde de plus : je me dégage brusquement de la prise des gardes et me mets à courir le plus vite possible. Pris de court, ils n'ont pas le temps de me retenir. L'un d'entre eux se met à aboyer dans une oreillette et ils s'élancent aussitôt à ma poursuite. Je ne me retourne pas, par peur de ralentir, je tourne à un carrefour, changeant de direction. Je ne sais absolument pas où je me dirige mais peu importe, il faut que je dégage de cet endroit. Je suis surprise de la vitesse à laquelle je cours. La peur fait faire des miracles, je ne m'essouffle même pas. Je tourne une nouvelle fois mais je me retrouve face à deux autres gardes qui se jettent sur moi pour m'immobiliser. Je tente de résister, les larmes aux yeux :

- Lâchez moi ! Je veux rentrer chez moi !

Ils me relèvent sans répondre et nous refaisons le chemin inverse.

Je suis anéantie. En deux jours, ces monstres m'ont arrachée à ma famille, à ma ville et mes repères. Et maintenant je n'ai aucune idée de la façon dont je vais pouvoir me sortir d'ici. En tout cas, ce n'est pas en me mettant à courir à l'aveugle, c'est sûr.

Nous passons une porte qui nous mène de l'autre côté d'un grillage où s'élève un quartier complètement différent du reste. Les rues sont classiques, grises. Je remarque qu'il n'y a aucun magasin, et pas grand monde. Il n'y a pas non plus de maisons, seulement de longs bâtiments qui ressemblent beaucoup à des HLM, et malgré leurs couleurs vives, le quartier semble morne et désert.

Nous arrivons à l'entrée d'un bâtiment rose pastel sur lequel est plaqué un huit noir. Nous grimpons les marches jusqu'au deuxième étage avant de remonter un couloir. L' un des gardes écarte une de ses mains, méfiant, pour fouiller dans sa poche tandis que nous arrivons devant une porte numérotée 08217. Il finit par sortir une clé et ouvre la porte sans me lâcher des yeux, l'autre me pousse à l'intérieur de l'appartement. Le couloir de l'entrée est horriblement étroit, j'aperçois, au bout, des rideaux opaques qui laissent passer un peu de lumière. Je fais quelques pas et me retourne. Le robot dépose une valise sur le côté avant de ressortir. J'ouvre la bouche pour signaler qu'elle n'est pas à moi mais on me balance les clés et claque la porte. Je soupire en les ramassant et j'avance dans le petit appartement, laissant la valise dans l'entrée.

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