Chapitre 20

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J'émerge tranquillement de mon sommeil de plomb. Recroquevillée sur le fauteuil du salon qui m'a servi de lit cette nuit, il me faut un instant avant que les choses ne me reviennent et que je remarque Connor qui passe devant moi avec un plateau sur lequel il a préparé le petit déjeuner. Il sourit en voyant ma tête d'affamée.

- T'as faim, j'espère, me lance-t-il avec un regard en coin.

Je ne comprends pas ce qu'il fait encore ici alors qu'il est réveillé

- Pourquoi t'es pas parti ?

Son sourire s'efface et il reprend son sérieux :

- Je voulais te parler.

Je le fixe avec méfiance, puis finis par le rejoindre à table, pour l'écouter (et manger).

- Je te dois des explications à propos d'hier soir.

Je ne l'ai jamais vu aussi nerveux. Voyant qu'il cherche ses mots je décide de prendre les devants :

- Qui t'a fait ça ?

- C'est une longue histoire mais on va faire simple : il existe des anciens souterrains sous les zones, j'ai découvert ça une nuit, pendant que tu étais au Centre de Transfert.

Le Centre de Transfert, c'est ce que j'appelle les oubliettes, une sorte de prison où ils enferment les "infidèles" avant que ceux-ci ne soient retransférés vers leur peine. C'est là que j'ai passé deux jours avant l'Arène.

- Je pensais que ces souterrains cachaient quelque chose, alors je m'y rendais la nuit pour les explorer. Le problème c'est que je n'étais pas le seul. J'ai croisé des mecs qui m'ont assommé et emmené jusqu'à une ancienne salle de boxe, avec une cage où l'on enferme deux adversaires. Et j'ai du donner quelques coups de poings pour qu'ils acceptent de me laisser sortir.

Je reste bouche bée devant son récit, incapable de dire quoi que ce soit.

- La vérité c'est que ... je pensais que ces souterrains mèneraient vers une sortie.

Je n'en reviens pas. Connor cherche a sortir du Cercle, lui aussi ?

- Je ne pensais pas en parler à qui que ce soit, continue-t-il, mais après avoir appris que tu avais essayé de t'enfuir, je me suis rendu compte que toi et moi on avait le même objectif depuis le début.

C'est bien ce que je pensais. Dire que depuis tout ce temps je voyais Connor comme une personne dont il fallait que je me méfie, une personne qui aurait pu me dénoncer aux autorités où que sais-je encore, alors qu'en fait il cherche la même chose que moi. Je me mets à sourire, hébétée. Il sourit lui aussi avant de me demander comment j'ai fait pour sortir, et nous nous engageons dans une longue discussion. Je lui raconte mon expérience aérienne catastrophique, le plan que je comptais mettre en œuvre pour m'échapper, je lui parle même des tunnels qu'à découvert Gema.

- Est-ce que tu penses que ces tunnels pourraient mener vers l'extérieur ? demande-t-il.

- J'en sais rien mais j'ai pensé à quelque chose : les déchets sont forcément évacués quelque part, et étant donné que la zone chargée des déchets est la dernière zone, la zêta, il faudrait trouver un moyen de savoir s'il existe un conduit ou une voie de sortie là-bas.

Connor me dévisage, il semble choqué par mes propos.

- Mais ... tu es au courant que la dernière zone est une zone à risques ?

Je fronce les sourcils pour témoigner mon incompréhension. Il m'explique que la zone zêta est la zone non seulement la plus sale mais surtout la zone où sont envoyés tous les criminels non tués. Je repense à l'homme que nous avions soigné au Centre de Soins et à ce que m'avait dit Nadia à ce propos. Il serait donc impossible d'avoir accès à des informations à moins d'y être envoyé par le Conseil pour une faute grave.

Tandis que mes pensées s'éparpillent, Connor brise le silence :

- Je voulais te dire ... enfin, te demander : est-ce que ça te dirait d'intégrer l'entraînement des F.A avec moi ?

F.A est l'acronyme des Forces Armées. Je hausse un sourcil :

- Il me semble que c'est réservé aux hommes, non ?

- Les vraies F.A oui, mais là ce sont juste des entraînements donnés par un adjudant volontaire pour apprendre à se défendre. 

L'idée me plaît alors j'accepte et nous décidons de nous y rendre dans l'après midi.

La salle d'entraînement n'est pas très loin de chez nous ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Le lieu est assez sombre à cause du peu de fenêtre dont il dispose mais lorsque les néons s'allument, je distingue les nombreux puching balls et tandis que j'avance pour observer les rangées de gants alignés sur des étagères, j'entends quelqu'un arriver. L'adjudant sert la main de Connor et nous faisons les présentations.

- Ruby, voici l'adjudant Ramirez, c'est lui qui nous entraînera.

Je lui serre à mon tour la main avec un sourire poli. Son poignet est marqué d'un signe que je n'avais jamais vu auparavant, une sorte de "c" avec trois dents à l'intérieur. Il remarque mon regard fixé sur son avant bras :

- AmethystClass, si c'est ce qui t'intéresse.

Je lève les yeux sans comprendre. Je ne connaissais pas cette classe de supérieurs.

Ramirez nous fait visiter la salle puis avant de nous laisser partir, il baisse la voix à l'intention de Connor :

- Tu l'a prévenue pour ... ?

Connor se retourne vers moi :

- L'adjudant Ramirez exerce ses enseignements à l'insu du Cercle, c'est à dire que personne ne doit être au courant de tout ça, compris ?

J'acquiesce d'un mouvement de tête puis nous repartons.

Connor me raccompagne chez moi, je le fais jurer de ne pas retourner dans les souterrains cette nuit, histoire que je dorme en paix, il promet et nous rentrons chacun chez nous.

Je laisse la télé allumée pendant que je mange, comme d'habitude, les infos passent en boucle sur les mêmes chaînes, jusqu'à une annonce, de style publicitaire :

- Ce soir s'ouvrent officiellement les inscriptions au Florilège, mesdemoiselles ! Vous êtes une jeune Alpha et vous avez toujours rêvé d'une vie de château, de paillettes et de robes de princesse à profusion ? N'hésitez plus ! Inscrivez vous dans votre centre d'inscription le plus proche ou contactez ce numéro et tentez votre chance d'entrer dans la compétition pour devenir Princesse du Cercle et passer en DiamondClass !

Une magnifique couronne tourne à l'écran suivie de ce qui doit être le signe de la DiamondClass : les contours d'un diamant.

- Nous vous attendons nombreuses, mesdemoiselles !

Et sur ce, les publicités habituelles reprennent.

Mon téléphone vibre. C'est un message de Gema.

"Il faut que tu t'inscrives."


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