Chapitre 21

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   Nadia m'accorde une pause vers 9h pour que je puisse prendre mon petit déjeuner, je sors prendre l'air pour déguster mon capuccino devant le superbe lever de soleil. Le champ magnétique sous lequel nous vivons est presque invisible, et heureusement car ce spectacle est mon seul divertissement lors d'une journée de travail.

Je détourne mon attention lorsque je perçois quelqu'un siffler. C'est Jade. Je souris, heureuse de la voir, surtout que ce n'était pas prévu. Elle monte les petites marches pour me rejoindre devant la porte arrière du Centre de Soins, je lui propose un peu de capuccino tout en riant :

- Tu me fais des visites surprises maintenant ?

Elle sourit mais je sens que le cœur n'y est pas. Elle soupire :

- Je viens te voir pour te dire qu'il faut que tu t'inscrives au Florilège.

Je lève les yeux au ciel, après Gema voilà que Jade s'y met aussi.

- Sérieusement, Ruby, tu es une Alpha, tu peux y participer, et si tu deviens Princesse, c'est à dire une Diamond, peut-être que tu pourras obtenir des informations et trouver un moyen pour sortir d'ici. C'est une occasion en or.

Je me pince les lèvres :

- Il y a des tonnes de sélections à passer, rien que pour aller jusqu'à la première étape télévisée, au Palais, et même si je parvenais jusque là il y aurai encore je ne sais combien de concurrentes, toutes plus motivées que moi, à vaincre. C'est une perte de temps.

- Qui ne tente rien n'a rien.

Et sur ces mots, elle repart tranquillement vers sa zone.


Je suis autorisée à partir plus tôt étant donné que je n'ai pas pris de pause à midi à cause d'une urgence en déplacement. Nous avons dû nous rendre dans un quartier supérieur, celui de l'AmberClass d'après ce que j'ai compris, pour un évanouissement. C'était la première fois que je pénétrai dans un autre endroit que l'Intervalle ou ma zone. Les quartiers supérieurs sont très architecturaux, comparés aux zones inférieures. Ce sont d'immenses tours de plusieurs dizaines d'étages parfois, reliées à l'Intervalle par des portails ultra sécurisés, où l'on entre par détection d'iris et de puce électronique. Leurs appartements sont magnifiques et d'après ce que m'a dit Nadia, ceux que nous avons vus sont loin d'être les plus beaux, car les Amber ne sont pas les plus hauts placés chez les supérieurs. Elle m'a raconté qu'un jour elle était allée chez les Gold, et que la beauté des lieux était tout simplement inexplicable. Je ressens désormais l'amertume de savoir que certains se la coulent douce dans leurs lofts tandis que d'autres vivent dans des HLM aux parois blanchies et dans des logements de quelques mètres carrés.

Histoire de me défouler un peu, je m'oriente vers la salle d'entraînement, l'adjudant Ramirez est là, il commence à nous expliquer quelques techniques de base de self défense et nous pratiquons quelques attaques simples et efficaces, la plupart repartent vers 17:30 mais je décide de rester un peu plus. Je fais la connaissance de Maylane Carter, une fille que je n'avais jamais vu avant et qui vit dans le nord de la zone. Nous discutons quelques minutes jusqu'à ce que Connor surgisse à la porte d'entrée. Il s'approche pour identifier mon interlocutrice, voyant qu'ils ne se connaissent pas, je les présente avant que Maylane ne rentre chez elle, nous laissant la salle pour nous tous seuls.

Connor se dirige vers les étagères et enroule ses poignets avec une bande de boxe :

- Alors, tu veux me montrer ce que t'as appris ? lance-t-il avec un air de défi.

Je lui rends son sourire en signe d'acceptation.

Nous commençons à nous battre sur l'immense tapis, j'esquive la plupart de ses coups car je pense qu'il fait exprès de ne pas trop forcer, étant donné que je suis débutante.

Il enchaîne les feintes et les directs tout en parlant :

- Tu comptes t'inscrire au Florilège dis moi ?

- Qu'est-ce que vous avez tous avec ce truc ? je réponds, exaspérée

Visiblement ça a l'air de le faire rire :

- Tu devrais le faire. 

- Et si j'en ai pas envie ?

Il hausse les épaules.

Nous terminons la séance, et tandis que je reprends mon souffle, je remarque que ses cheveux ont poussé depuis le temps, à tel point qu'ils lui tombent parfois devant les yeux. Je lui fais la remarque d'un air moqueur.

- Comment veux tu que je les coupe ? Il n'y a pas de coiffeurs.

- Et dans l'Intervalle ?

- C'est réservé aux supérieurs.

Je réfléchi un instant, et en effet, c'est vrai que je n'ai jamais vu de salon de coiffure nulle part.

- Je peux te les couper si tu veux.

Il me regarde comme si c'était dangereux, comme si j'allais lui faire une mauvaise blague.

- Depuis quand tu sais coiffer toi ?

- J'en sais rien, je réponds en riant de moi-même.

Finalement nous repartons vers notre bâtiment mais lorsque nous arrivons au pied de celui-ci, Connor m'ordonne de l'attendre en bas. Je fronce les sourcils, surprise, tandis qu'il prend mon sac pour le monter et me débarrasser. J'attends patiemment sur les marches, il revient en moins de deux minutes, un ballon de basket dans les mains. Je ne peux m'empêcher de rire :

- Où tu as eu ça ?

- Peu importe, suis moi.

Je ne discute pas et le suis jusqu'à un city. Je ne savais pas qu'il y en avait un, mais tant mieux. Enfin quelque chose pour s'amuser un peu comme au bon vieux temps. Nous entrons sur le terrain en direction d'un panier, Connor sourit en voyant ma mine émerveillée. Il me lance le ballon, que je rattrape par réflexe, puis nous commençons à jouer.

Il est fort, très fort. Je ne sais pas s'il a fait du basket dans sa vie mais il se débrouille beaucoup mieux que moi. Je fais semblant d'être énervée, ce qui le fait rire encore plus. Au bout d'un moment, il s'arrête et me met au défi de marquer avant lui, me donnant la balle au passage. Défi que je relève... sans succès, mais dans la joie et la bonne humeur.

Depuis que je fréquente Connor, ma vie est beaucoup plus amusante, grâce à lui, je connais pleins d'endroits que je n'aurai sûrement jamais découverts par moi même, j'ai accès aux entraînements gratuits des F.A et surtout, et c'est sûrement le plus important, je me suis fait un ami qui a le même objectif que moi, avec qui je m'entends à merveille et qui ne cesse de me faire rire. C'est un plaisir de passer du temps avec lui.

Comme je suis complètement nulle et que je ne parviens pas à m'approcher du panier sans me faire prendre la balle, Connor finit par me porter sur ses épaules pour que je puisse enfin mettre un panier non sans manquer de nous faire tomber tous les deux à la renverse.

Le couvre feu nous oblige à mettre fin à cette partie et à rentrer, sourire aux lèvres, jusqu'à nos appartements pour retrouver la routine des HLM aux couloirs détapissés et aux murs défraîchis.



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