Le Cercle

Chapitre 31

Je suis réveillée par la lumière du jour. Encore à demi-assommée et loin de la réalité, je me redresse mais une main sur mon épaule me force à me rallonger. Je reconnais finalement ma chambre et Connor en train d'appliquer des bandes cicatrisantes sur ma tempe.

- Je suis désolée ... je ... j'aurai dû te prévenir.

Je me prépare mentalement à la leçon de morale qui s'apprête à me tomber dessus dans les dix prochaines secondes mais au lieu de ça il me gratifie d'un sourire rassurant.

Je crois que je ne comprendrai jamais cette espèce de bipolarité masculine, un jour ils vous crient dessus et le suivant ils deviennent de vrais nounours remplis de tendresse. C'est épuisant.

Il lance la discussion sur autre chose, je suppose que dans le fond, il n'est pas aussi indifférent à mon comportement qu'il ne veut le laisser croire. Je lui parle quelques minutes d'Eva et de son plan d'intégrer l'évacuation de déchets puis me décide à me lever pour estimer l'ampleur des dégâts sur mon visage. Je suis censée me rendre dans l'Intervalle aujourd'hui pour récupérer les convocations aux prochaines sélections pour le Florilège alors j'ai assez intérêt à être présentable.

La plaie s'étend de ma tempe vers mon cuir chevelu, heureusement je devrais pouvoir la cacher en détachant mes cheveux, au moins jusqu'à ce qu'elle cicatrise mieux.

Nous quittons mon appartement en même temps, Connor pour aller travailler et moi direction le Centre de Sélections.

Un sourire se dessine sur mon visage lorsque j'aperçois Garett occupé à une vive discussion, semble-t-il, avec la secrétaire. Comme à son habitude, il ne manque pas de se faire remarquer et ne se gêne pas pour envoyer balader une des filles qui attend son tour lorsqu'elle pousse un soupir exagéré. Il me remarque une fois arrivée devant la secrétaire et pousse un cri de joie :

- Ruby, toutes mes félicitations mon sucre d'orge !

Il fais rouler la chaise de la secrétaire sur le côté pour se placer face à moi et je ne peux m'empêcher de rire devant la mine exaspérée de cette dernière.

- Comme ça fait longtemps, dis moi ! (il me détaille de haut en bas comme si j'avais grandi de 20 cm et replace une mèche de cheveux sur mon épaule) Tu es magnifique, mon dieu, quelle princesse tu ferais !

Sur ces mots ils m'adresse un clin d'œil et avant qu'il ne puisse reprendre le flot de ses paroles, la secrétaire perd patience et lui demande s'il peut discuter avec moi plus tard. Il se retourne sans perdre son sourire et agite la main dans sa direction.

- Toi là, je veux que tu fasses ce qu'il faut pour que JE sois le styliste de cette demoiselle si elle est envoyée au Palais, tu entends ?

Elle lève les yeux au ciel et acquiesce nonchalamment en reprenant sa place au bureau. Garett la fixe avec insistance avant de la reprendre :

- Non, non, non ! Je veux que tu le notes. (il pointe la tonne de paperasse sur le plan de travail) TU LE NOTES.

La pauvre petite brune cède et il s'éloigne en me saluant de la main.

Je n'ai pas le temps de passer la porte de chez moi qu'Alison débarque dans le couloir :

- Ruby, attends !

Je me tourne vers elle dans un sursaut, elle sourit :

- Réunion entre filles chez moi ce soir pour le dîner, ça te dit ?

Je soupire de soulagement, je m'attendais à une mauvaise nouvelle. Nous rions de bon cœur et regardant ma montre, je me rends compte qu'il est déjà tard. Naomi et Madison sortent de l'appartement et je comprends qu'elles m'attendaient. Je ris de plus belle et range ma clé pour passer chez ma voisine d'en face. Nous nous installons dans le canapé, musique à fond pour accompagner la pizza au poulet qu'Alison sort tout juste du four et nous trinquons au Florilège. Les discussions vont bon train, surtout en ce qui concerne Naomi et Tiago, je fais déjà mes pronostics sur leur futur couple tandis que les joues de mon amie rosissent et qu'elle me donne un coup de coude pour me faire taire. Mais cela nous fait plus rire qu'autre chose et d'ailleurs c'est bien le mot pour définir cette soirée : nous ne faisons que rire pour tout et n'importe quoi, et honnêtement j'en suis ravie.