Chapitre 7

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    Je suis réveillée en sursaut le lendemain matin par un microphone :

– Bonjour, mes enfants !

Mme Sunsiller. Je me couvre la tête avec mon oreiller.

– Il est six heures et demi, nous sommes le vendredi 13 novembre et il est temps pour vous d'entamer cette belle journée ! Vous êtes attendus pour sept heures au self. Soyez à l'heure, les enfants. Le Cercle vous souhaite une merveilleuse journée.

Aline saute de son lit en panique :

– Je ne serais jamais prête en une demi-heure !

Elle se rue vers la salle de bain, dont elle claque la porte. Nous nous réveillons tranquillement. Pas de quoi paniquer, on est déjà habillées et de toute façon, je n'ai pas de quoi me maquiller.

Finalement, Eva me prête son mascara. Aline sors de la salle de bain au bout de vingt-cinq minutes et après s'être plainte de ses cheveux non lissés et de son maquillage préhistorique, elle se prends six regards tueurs et se décide enfin à mettre ses chaussures. Nous partons ensuite pour le self.

Après avoir passé un bout de temps à faire la queue, nous arrivons en haut pour manger. La salle est pleine à craquer et nous peinons à trouver deux places à la même table. C'est perturbant de voir un bol de céréales avec un jus de fruit et du lait sur ce plateau où j'ai l'habitude de prendre le repas du midi. Je mange avec Eva, nous restons muettes un long moment jusqu'à ce que quelque chose d'autre attire notre attention : le lycée d'en face. En effet, c'est bizarre mais notre lycée est situé juste en face d'un autre, ce qui donne à cet endroit un air de campus universitaire. Et, comme si de rien n'était, les élèves de l'autre côté arrivent pour leur journée de cours. Nous tournons la tête pour regarder. Un claquement résonne dans le mur et des volets électriques se mettent à descendre lentement.

Évidemment.

Ils ne veulent surtout pas que les autres nous voient ou tentent de rentrer.

Nous remontons à la chambre avec les autres filles. Au bout d'un moment, une référente vient nous chercher et nous escorte jusque dans le hall où nous retrouvons nos classes respectives. Sonia fait l'appel avant de nous faire descendre dans les sous-sols. Nous marchons en rang derrière une autre classe dans un couloir qui me paraît infini. Après un virage, j'aperçois une porte. Nous entrons dans une salle gigantesque - et le mot est faible – qui ressemble beaucoup à une salle de théâtre. Je ne peux m'empêcher d'ouvrir de grands yeux devant l'ampleur de ce qui se cachait sous mes pieds depuis tout ce temps. C'est juste incroyable.

Trop occupée à lever les yeux pour observer le décor, je trébuche sur une marche. Je me rattrape de justesse sur Aaron qui se retourne, surpris, avant de me sourire gentiment. Je m'excuse et, en faisant bien attention où je met les pieds, cette fois, je tourne la tête vers la scène. Sur celle-ci est dressé un pupitre avec un micro et, plus loin, une espèce de bar circulaire avec un bac rempli d'eau, du coton et quelques bouteilles sur le coté.

Nous sommes assis par classes, comme dans l'amphithéâtre. La salle est plongée dans le noir puis des projecteurs s'allument sur la scène, accueillant M. Ambrose. Ce dernier s'avance vers le pupitre en nous saluant de la main.

‒ Bonjour et bienvenue à tous ! Aujourd'hui est un grand jour pour chacun d'entre vous. Vous allez enfin être gradés !

Quelques applaudissements s'élèvent de l'assemblée. Il se racle la gorge et reprends :

‒ Et comme il n'y a pas de grand jour sans notre grande et chère présidente, merci d'accueillir avec un tonnerre d'applaudissement Mme Sunsiller !

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