Chapitre 14 - Un rayon de lumière

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Point de vue de Audrey

Il fait noir, trop noir. La nuit est tombée depuis un moment déjà et toutes les lumières sont éteintes. Pas un bruit ne vient du salon alors que je sais pertinemment qu'ils sont là, comme toujours. Olivier me force à sortir du lit pour manger et voir autre chose que la décoration de sa chambre. Je ne réagis pas, je fais ce qu'on me demande. J'agis comme une automate, le cerveau incapable de fonctionner correctement. La seule chose qui m'a fait réagir, ce sont ses lettres. Je les lis, relis et relis pour me donner la force de ne pas sombrer plus. Elles me font du bien et me tire vers le haut plutôt que vers le bas. Tom a essayé de m'appeler plusieurs fois, je devrais même dire plusieurs fois par jour mais je ne réponds pas, il a fait son choix. Par contre Lucas a essayé tout à l'heure mais je n'avais pas la volonté de me lever. Olivier est venu voir comme d'habitude et en voyant que Lucas m'avait laissé un message, m'a donné le téléphone. En quelques mots, il est parvenu à me faire sourire. Mon hôte a voulu que je le rappelle mais j'ai refusé, lui demandant de le faire à ma place. Qu'est-ce que je ferais sans lui et Geoffrey? Ils restent ici à tour de rôle voir ensemble. Ils ne me lâchent pas.

Cette obscurité commence à me taper sur les nerfs. J'ai besoin de voir la lumière même si elle est artificielle. Tendant le bras, j'allais appuyer sur l'interrupteur quand la sonnette de la porte d'entrée a retenti, bloquant mon geste. Des voix résonnent. J'entends Olivier et Geoffrey mais également deux autres qui ne me disent rien du tout. Une des deux me paraît cependant familière mais j'oublie bien vite cette idée ne voyant pas du tout ce qu'il ferait ici. Le bruit se rapproche de la chambre et j'entends quelqu'un s'arrêter juste devant. La porte s'ouvre doucement et la lumière du couloir jaillit, aveuglante, m'empêchant de voir qui est là. Ce n'est qu'une fois que mes yeux sont habitués à la luminosité que je peux distinguer une silhouette. Un fauteuil roulant.

- Lucas...

Ce son a dû sortir bien malgré moi puisqu'il s'avance en me confirmant son identité.

- Oui Audrey, c'est bien moi.

- Que fais-tu ici? Mon Dieu, tu ne dois pas me voir comme ça! lui dis-je paniquée tout à coup.

- Peu importe ton état, tu seras toujours magnifique à mes yeux Audrey.

Bizarrement, j'ai du mal à le croire. Déjà que je ne suis pas attirante de base mais avec le traitement ou plutôt non traitement que j'ai fait subir à mon corps cette semaine, c'est sûr que je dois faire peur.

Il se rapproche du lit autant qu'il le peut et stoppe à quelques centimètres. Sa main vient tendrement caresser ma joue ce qui me fait automatiquement fermer les yeux afin d'apprécier sa caresse.

- J'avais besoin de te voir autant que tu avais besoin de moi, alors je suis venu.

- Mais et le centre? Que vont-ils dire?

- Je me suis arrangé et tant que je rentre avant minuit, je suis autorisé à rester ici. Tu me fais une place?

- Heu... oui bien sûr, dis-je en me décalant de l'autre côté du lit.

Il monte dessus avec une facilité déconcertante. Après quelques minutes d'installation, durant lesquelles j'ai pu l'observer grâce au rai de lumière, il se cale enfin et ouvre son bras.

- Tu viens?

- ...

Voyant que je ne réagis pas, il vient me chercher et me tire vers lui jusqu'à ce que ma tête touche son torse. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi blottis l'un contre l'autre mais je me sens bien. Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression d'être à ma place.

Lettres inavouablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant