Chapitre 3 : Moji

171 29 116
                                    


Des arbres aux grandes feuilles longeaient le bord de la route qu'Hadvar parcourait d'un pas vif. Tenant compte du froid matinal, il portait un grand manteau confortable avec des gants. À sa taille se trouvaient deux pistolets aux crosses en noyer et aux montures en bronze pouvant être serties.

Il ne s'en séparait jamais. C'était un précieux cadeau offert par Rachel, le jour où un marchand ambulant était passé dans leur village. « Ce n'est pas tous les jours qu'on peut acquérir de nouvelles armes, en plus ces pistolets auraient appartenu à un ancien soldat. J'espère qu'ils te plairont et que tu sauras en faire bon usage. » lui avait-elle dit ce jour là.

Un son mélodieux retentit. Un feu-follet apparut près de lui et vint se poser sur son épaule. Une lueur argentée passa dans ses yeux bleus, et il esquissa un sourire. La présence de cette petite créature de Lumière procurait un sentiment de bien-être et de sérénité. Les villageois croyaient en l'existence d'un esprit de Lumière, mère des feu-follets et gardienne de la forêt, mais pour Hadvar, tout ceci n'était qu'un mythe. Personne ne pouvait prétendre l'avoir vu.

Quelques instants plus tard, il reconnut une habitation délabrée construite à l'extrémité d'une petite forêt. Un peu différente que dans ses souvenirs, mais sans aucun doute, c'était la maison de Moji.

Une enseigne en bois retenue par une chaîne menaçait de tomber. Il y était écrit dessus : Chez Moji. Artificier professionnel. Produits de la région.

La dernière fois qu'il était venu, il ne manquait pas une partie du toit de la maison, qui semblait être au hasard recouverte d'une série de planches clouées pour la garder fermée. À côté de l'entrée, plusieurs caisses en bois étaient maladroitement empilées les unes sur les autres. Un simple choc aurait suffit pour les faire tomber.

Hadvar saisit le heurtoir et frappa à la porte en tenant à l'œil l'équilibre précaire des boîtes, et de la pancarte ballottée parle vent.

— Moji, êtes-vous là ?

Il entendit du mouvement à l'intérieur, puis un bruit assourdissant suivi d'un fracas de verre.

— Bordel de... ! Un moment ! hurla une voix criarde à l'intérieur de la maison.

Soudain, la porte s'ouvrit dans un claquement devant Hadvar qui sursauta, tandis que les caisses s'écroulèrent à côté de lui.

Un homme rondelet d'une cinquantaine d'années, et de petite taille se tenait devant lui le visage couvert de suie. Il leva la tête vers Hadvar dévoilant ses yeux marrons géants, projetés et magnifiés par ses lunettes.

— Oui ?

— Bonjour, je suis Hadvar, j'habite à Bourg-d'Argent, le village voisin. Vous souvenez-vous de moi ?

— Non !

Hadvar était abasourdi. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il venait.

— C'est tout ?

— Je suis déjà venu me procurer chez vous de la poudre noire, j'espérais que vous pourriez m'en vendre de nouveau.

— Ah ! Oui, oui, entrez, s'il vous plaît ! Entrez ! dit-il avec enthousiasme.

Il fit des gestes vifs l'invitant à le suivre, puis il courut dans l'arrière boutique.

Il y avait une multitude d'étagères et d'armoires, toutes sortes de bocaux de différentes tailles étaient entreposés, ainsi que des fusées d'artifices rangées par couleur. Quelques planches en bois recouvertes de moisissure se trouvaient dans un coin de la pièce, là où le toit avait été détruit.

SerenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant