Chapitre 6 : Une sinistre litanie (3/3)

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— Non ?

Rachel regardait d'un air interrogateur.

— Vous n'êtes pas en état de faire quoi que ce soit, continua-t-il, mais ne vous inquiétez pas capitaine, nous allons prendre soin de vous.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Détache-moi, lui ordonna-t-elle d'un ton sec. Ce n'est pas le moment de plaisanter !

— Vous êtes mal placée pour donner des ordres. N'est-ce pas frérot ?

— Ouais frangin, répondit Oldaric en continuant de fixer la silhouette de son capitaine.

Rachel détestait qu'il la reluque ainsi. L'angoisse grandissait en elle.

— Quand ces étrangers seront partis, le village deviendra la cible de tous les brigands de la région. Il n'y aura plus assez d'hommes pour assurer sa protection, et la vie y est déjà assez rude. Je ne tiens pas à faire mes vieux os dans ce trou à rat. Mon frère et moi comptons nous rendre à Castellum. Grâce à l'héritage de notre cher bourgmestre, nous avons assez d'or pour nous profiter du luxe de la cité.

La crainte de Rachel se transformait en colère. Comment osaient-ils ? Non seulement, ils volaient l'argent pouvant être utilisé pour le village, mais en plus, ils les abandonnaient. Ces misérables...

— Ne faites pas cette tête capitaine, les Bourbon ont rejoint la Lumière. Ils ne peuvent pas prendre leur or avec eux, alors nous nous sommes servis et nous les remercions pour leur générosité ! Écoutez, vous semblez avoir passé un mauvais moment, ça m'attriste de vous voir dans cet état. Laissez-nous nous occuper de vous. Vous preniez soin de vos hommes, c'est la moindre des choses que nous puissions faire.

Il en profita sans gêne pour la tripoter.

— Espèce de fils de putain !

— De ce que je vois, se moqua-t-il, n'auriez vous pas utilisé des élixirs de longue vie ? Vous avez la peau d'une adolescente malgré vos... quelques imperfections. C'en est presque effrayant.

Elle lui cracha au visage.

Lambert soupira en s'essuyant le nez avec l'épaule, puis il lui donna une violente gifle.

— Tiens-moi la lanterne frérot, veux-tu ?

Il enleva la ceinture du pantalon de la jeune femme hébétée et le retira. Sans surprise, même sa capitaine était trop pauvre pour s'acheter des sous-vêtements. Son choix de fuir Bourg-d'Argent ne fut que renforcé. Il n'y avait aucun avenir à rester ici.

Il caressa le corps de Rachel avec un air satisfait. Depuis combien de temps avait-il espéré que ce moment arrive ? Certes, ce n'était peut-être pas de cette manière qu'il l'avait imaginé, mais cela lui importait peu. De toute manière, tout le monde dans la milice savait qu'elle n'avait pas été choisie pour être leur capitaine uniquement pour ses compétences de meneuse. Ses attributs féminins y jouaient un grand rôle, et sans exagération, elle vivait sa sexualité de façon libérée avec une maturité et connaissance propre de son corps.

Combien d'entre-eux pouvaient se vanter d'être son amant ? Beaucoup, mais il n'en faisait pas partie. Cette femme possédait une aura mystérieuse dévoilant un certain charisme qui lui permettait de séduire les hommes.

Même les habitants l'ignoraient. Tout se déroulait dans le plus grand des secrets au sein de la milice. Seul Hadvar n'en avait pas connaissance et il en était mieux ainsi.

Derrière son air sympathique se cachait un individu austère. Personne n'osait le contrarier et évitait de trop se rapprocher de Rachel en sa présence. Il en était fou amoureux. À tel point que sa passion le rendait dangereux, et Lambert se souvenait de la fois où il fut passé à tabac par ce jaloux maladif. Lui, la brute du village battu et humilié devant tous les habitants car il s'était déclaré à sa capitaine.

SerenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant