Chapitre 4 : Un avenir incertain (2/3)

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Des questions se bousculèrent dans sa tête. En vérité, Rachel ne savait pas grand chose sur mamie Lili.

— Je ne savais pas que vous étiez tatouée. Vous faisiez partie de quel Ordre ? demanda-t-elle.

Les yeux de la vieille femme brillèrent de fierté.

— J'ai rejoint l'Ordre de la Pureté à mes vingt ans, après mon service militaire.

Rachel écarquilla les yeux. L'Ordre de la Pureté était une division uniquement composée de femmes, appelées les Vierges. Ces guerrières d'élite, profondément dévotes envers la Matriarche, assuraient la sécurité de la Citadelle de la Lumière située à Luminaria, la capitale.

— Tu ne me crois pas ? Attends, je vais te montrer.

Elle enfila une robe brune en lin, puis se dirigea vers son armoire d'où elle sortit un grand coffret en bois, dans lequel se trouvait une épée avec une poignée noire. Elle retira l'arme du fourreau en cuir noir, dévoilant sur le long de la lame des inscriptions runiques liées à la Lumière.

— Elle a été forgée avec de l'adamantium, le métal le plus solide qui soit. Sa légèreté et sa taille parfaite permettent d'affronter n'importe quel adversaire en toute circonstance. Elle peut être portée à la taille sans être gêné ou qu'elle traîne au sol.

Elle la manipula avec précision en faisant quelques mouvements vifs.

— Elle est flexible et assez tranchante, capable de meuler les entailles au combat. Et même si elle est faite pour trancher, sa pointe est assez fine et aiguisée pour percer les jointures des armures de plates.

Rachel restait sans voix, pendant que la vieille dame montrait sa dextérité à l'épée.

— Mais je divague ! Tu n'es pas venue ici pour écouter les histoires d'une vieille femme nostalgique de son passé, dit-elle en rigolant.

— J'ai du mal à croire que vous étiez une Vierge. Pourquoi avez-vous choisi d'habiter dans cette petite bourgade perdue au beau milieu de nulle part ? Vous auriez pu vivre dans une cité, profitant de la technologie des cristaux sans manquer de rien.

La vieille dame lui sourit chaleureusement.

— Quand je servais à la Citadelle, j'ai rencontré un soldat dont je suis tombée amoureuse. Un coup de foudre ! Il était si beau.Pourtant, en tant que Vierge, je savais que c'était un amour impossible, j'avais fait le vœu de servir la Matriarche jusqu'à la mort. Lors d'une mission où je traquais des hérétiques, j'ai été ensevelie sous un éboulement. J'ai été gravement blessée et j'ai failli perdre l'usage de mes jambes. Louée soit la Lumière, j'ai survécu ce jour là. Cependant, j'en ai gardé des séquelles qui m'ont empêchée de continuer mon rôle de gardienne. On m'a congédiée et remerciée en me proposant de m'installer dans les quartiers luxueux de la capitale. J'ai refusé. Je songeais à rejoindre l'homme pour qui mon cœur battait, espérant vivre le parfait amour.

Elle fit une pause, prenant une mine triste.

— Mais j'étais encore jeune et naïve. Lorsque je suis arrivée ici, il était marié à une femme et il avait eu un enfant. C'était à ce moment là que j'ai compris que je me fourvoyais. Je n'aurais jamais pu lui en donner.

Le regard de Rachel se remplit de compassions, elle était touchée par son histoire.

— Ne me regarde pas comme ça, dis ! Je vais finir par pleurer ! répondit-elle d'une voix atone. J'ai été stérilisée en rejoignant l'Ordre de la Pureté. En échange, la Matriarche m'a offert le don de la Lumière.

— Est-ce que vous le regrettez ? Pourquoi n'êtes vous pas retournée réclamer votre dû ?

Liliane leva les yeux au plafond et prit un air songeur.

— Quand je suis arrivée à Bourg-d'Argent, j'ai entendu un murmure m'inciter à rester ici. Comme si mon devoir de Vierge n'était pas terminé.Peut-être ai-je rêvé ce jour là qui sait ?

Elle souriait à présent.

— Mais peu importe. Je suis heureuse d'avoir servi Sa Sainteté, tu n'imagines pas quel bonheur et honneur cela a été. Je n'ai aucun regret de la vie que j'ai vécue. D'ailleurs, que dirais-tu de partager un bon repas autour d'un verre de vin ce soir ? Je pourrais te raconter quelques anecdotes. N'aimerais-tu pas connaître le quotidien d'une Vierge ?

Rachel lui rendit le sourire.

— Ça sera avec plaisir.

— Parfait ! Je ne vais pas te retenir plus longtemps, tu as certainement des choses à faire. Je t'attendrai au coucher de soleil, on est d'accord ?

— On est d'accord.

Alors qu'elle lui tournait le dos, mamie Lili l'appela.

— Rachel !

Elle se retourna et attrapa au vol l'épée lancée par la vieille femme. Rachel la regardait avec incompréhension.

— Je te la donne.

— Mais je...

— Je sais que tu as toujours voulu servir la Matriarche en t'engageant dans l'armée, l'interrompit-elle. Brandis avec fierté cette arme, protège les faibles et terrasse les ennemis de Sa Sainteté. Même si tu n'es pas un soldat, dans la Lumière, nous ne sommes qu'un.

Les yeux de Rachel s'humidifièrent. Les paroles et le cadeau offert par l'ancienne Vierge l'affectaient. Quelque part, c'était un peu comme si elle avait exaucé son souhait le plus cher. Ne trouvant pas les mots pour s'exprimer, elle la serra fort dans ses bras.

La vieille dame lui rendit son étreinte avec tendresse.

SerenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant