Chapitre 4 : Un avenir incertain (1/3)

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Le soleil venait de se lever, quand Rachel se réveilla dans le lit d'Hadvar. Seule dans la chambre, elle se redressa en couvrant son corps d'un drap, puis elle s'approcha de la fenêtre d'où elle vit les villageois animer les rues.

Aujourd'hui, elle devait rendre visite au bourgmestre pour obtenir l'autorisation d'exploiter la carrière. Un sujet délicat, mais elle saurait le convaincre en évoquant la vie difficile des habitants et des possibilités qui s'offraient à eux. Tout le monde connaissait le potentiel des cristaux de psynergie, et elle doutait qu'il les abandonne.

Quand son bain fut prêt, elle laissa glisser le drap le long de son corps et entra dans la bassine jusqu'à avoir l'eau au menton. Le silence l'apaisait et elle en profitait avant de commencer cette journée chargée qui l'attendait. Avec ses responsabilités de capitaine, elle avait peu de temps pour se reposer.

Après s'être relaxée, elle s'habilla et ajusta son uniforme à sa silhouette. Elle devait être présentable devant le bourgmestre. Elle s'était vêtue d'un pantalon brun, d'une paire de bottes et d'une chemise en lin par dessus laquelle elle avait enfilé une vareuse en cuir.

En passant à côté du miroir accroché au mur, elle vit ses cheveux noirs ébouriffés qui ondulaient jusqu'aux épaules. « Regarde-toi, on dirait une sauvage. Ce n'est pas digne d'une capitaine. » Alors elle se fit un chignon laissant quelques mèches dépasser sur son front.

Elle mit à son cou le pendentif décoré d'une pierre blanche, en forme de losange que sa mère lui avait offert. « Tant que tu le porteras, la Lumière te protégera. » Depuis, Rachel le chérissait et ne s'en séparait jamais. Puis elle prit son glaive en acier abandonné à la hâte la veille sur le plancher.

En descendant au rez-de-chaussée, son regard se posa sur la table du salon, là, où Hadvar lui avait laissé le cristal. Il était accompagné d'une lettre.


Désolé de ne pas t'avoir avertie de mon départ. Tu es si belle quand tu dors que je n'ai pas voulu te réveiller. Fais comme chez toi pendant mon absence, et n'oublie pas de prendre le cristal pour le montrer à Bourbon. Il te demandera certainement une preuve. Je serai bientôt de retour.

Ta douce chaleur me manque déjà.

Hadvar.


Un sourire se dessina sur son visage.

Elle appréciait sa compagnie. C'était un bel homme avec d'excellentes compétences au maniement des armes à feu, et ses aptitudes à l'épée étaient loin d'être mauvaises. Il aurait pu être capitaine à sa place, mais il n'aimait pas avoir de grandes responsabilités. « Je n'ai pas l'âme d'un leader, ce rôle te conviendrait mieux qu'à moi. » lui avait-il dit.

Depuis son entrée dans la milice, il l'avait toujours encouragée et soutenue. Rachel le considérait comme un ami, un frère, une personne sur qui elle pouvait compter et se confier. Néanmoins, elle doutait partager les mêmes sentiments qu'il avait à son égard. C'était confus. Elle ne savait pas si cette liaison serait durable ou non, mais pour l'instant, la situation lui convenait.

L'heure tournait. Elle prit une pomme dans la corbeille de fruits et la croqua à pleines dents, puis elle sortit de la maison.

Les rues du village étaient propres depuis que le bourgmestre avait décidé de les faire paver. Les boutiques s'ouvraient, et une jeune fille avec des nattes rousses déambulait dans l'allée, portant dans de grands paniers en osier du pain et des gâteaux.

Le hennissement d'un cheval retentit lorsqu'un troupeau de cochon passa devant l'animal. Le cavalier fut jeté en bas de sa monture, et les villageois lui vinrent en aide tandis qu'un homme tentait de maîtriser la bête effrayée. Le garçon tombé se releva, rassurant tout le monde.

Alors qu'elle arrivait à un coin de rue, Rachel vit un long filet translucide s'échapper en sifflant d'une fenêtre, et entendit le bruit d'une chute d'eau.

— Par tous les diables, que Rhamée vous maudisse ! hurla une vieille femme qui faisait tournoyer sa canne vers le ciel.

— Oh ! Excusez-moi mamie Lili, je ne vous avais pas vue ! répondit une jeune demoiselle, visiblement gênée, depuis sa fenêtre.

— Z'avez pas où déverser votre pisse ?

— Bon sang madame Xandra, dit Rachel en ayant du mal à ne pas rire. Vous ne pouviez pas prévenir avant de jeter l'eau ?

— Je suis vraiment désolée !

— Allez à la merde !

— Je vous ai dit que j'étais désolée, et ne criez pas comme ça !

Le visage de la vieille dame devint tout rouge, et elle hurla :

— Je crie si j'ai envie de crier !

La jeune femme grimaça et ferma la fenêtre.

— Oui, c'est ça, rentre chez toi ! Espèce d'imbécile !

— Allons, ne vous énervez pas ainsi mamie Lili. Venez, je vous emmène chez vous.

— Ne t'en fais pas ma petite chérie. Je peux me débrouiller.

— J'insiste, je ne veux pas que vous attrapiez froid . Je me fais déjà assez de soucis pour vous.

Mamie Lili lui sourit. On la surnommait la « terreur du village » à cause de son tempérament sanguin, et peu de gens osaient l'importuner. Pourtant, Rachel appréciait cette vieille dame au grand cœur qui n'hésitait pas à aider son prochain.

Elles passèrent dans une allée où de petites maisons étaient bâties sur un soubassement de pierres. Les murs étaient en torchis et les toits en chaume, leur donnant un aspect misérable. Puis, elles arrivèrent à destination.

— Tu restes un peu ?

Rachel n'osa pas refuser. Mamie Lili désirait peut-être avoir un peu de compagnie. Elle vivait seule depuis des années, alors elle accepta son invitation et entra dans l'habitation.

Elle pénétra dans la maison, sur sa gauche se trouvait une petite pièce meublée d'un canapé, d'une table basse ronde ainsi que d'une armoire située dans un coin. Au-dessus du lit, un petit tableau avec un coucher de soleil avait été accroché.

— Peux-tu m'aider à me changer ma petite chérie ? J'ai du mal à défaire les liens de cette robe.

— Bien sûr, laissez-moi faire.

Pendant qu'elle l'aidait, Rachel reconnut le symbole du Sanctum dessiné sur l'épaule gauche de la vieille dame. Seuls ceux ayant fait partie d'un Ordre possédaient ce tatouage. À sa connaissance, de tous les habitants du village, seul son père avait rejoint l'armée. À quel Ordre avait-elle pu appartenir ?

SerenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant