Le voile des tentations |Terminé|

Chapitre 6

HAYDEN

J'ai l'impression de faire face à un fantôme. C'est impossible, ça ne peut pas être elle ! Pas ici, pas aujourd'hui, pas elle ! Ce n'est pas vrai, ça fait un an qu'elle est partie sans laisser un mot, douze putains de mois passés sans savoir ce qu'elle faisait ! Après tout ce qu'elle a fait, ou plutôt n'a pas fait, voir Ophélie ici ne peut tout simplement pas être la réalité.

Son cri cesse à partir de l'instant où je fais un mouvement. Sur le sol, c'est comme si le monde s'était arrêté autour de moi, que tout était prêt à exploser ; et ma rage avec. Je ne veux pas la voir, ni l'entendre et encore moins lui parler. Cette fille m'a blessé, comme personne d'autre n'a su le faire, et je me suis promis que, si un jour je le revoyais, je passerai mon chemin. Je suis prêt à tout pour ne pas souffrir à nouveau, et ce sentiment de haine en moi ne fait que redoubler en intensité en sachant que la cause de mon malheur se tient seulement à quelques mètres de moi.

J'essuie la larme de haine qui a coulé sur ma joue. A côté de moi, Loup se masse un coude en grimaçant. Il faut dire que je l'ai bien amoché, ce con ! Je n'arrive pas à croire que ce type ait réussi à coucher avec Alice, après tout ce qu'elle m'a dit ! Et même, je ne l'aime pas, de toute façon.

— Hayden... C'est vraiment toi...

Je me tourne à nouveau vers Ophélie, les poings serrés. Je ne supporte pas d'entendre sa voix ! D'un bond, je me relève, faisait sursauter Loup et écarquiller les yeux d'Ophélie. Il y a un type à côté d'elle. Putain, et si c'était son mec ?!

Ses magnifiques yeux vairons m'envoutent, comme la toute première fois où je les ai vus, mais cette fois-ci je l'ignore parfaitement. Je ne peux pas faire comme si la promesse qu'elle m'avait faite puis rompue ne m'avait pas brisé tout entier, jusqu'au fin fond de cette merde que l'on appelle l'âme.

— Dégage d'ici Ophélie, je ne veux pas de toi ici ! hurlé-je.

Une leur de tristesse s'allume dans ses yeux, mais j'ai bien trop de haine envers elle pour y faire attention. Le type à côté d'elle me fixe avec rage et serre Ophélie contre lui. Bordel, c'est elle qui est partie, alors pourquoi ce type arrive à me faire sentir coupable ?!

Loup se lève brusquement et regarde Ophélie. Voyant qu'il reste planté là, je lui hurle dessus pour qu'il dégage. Il détale à toutes jambes. Je n'ai plus rien à faire avec lui, enfin pour le moment. Ce connard a de la chance qu'un fantôme de mon passé resurgisse au moment même où il avait besoin d'aide ! Il pourrait certainement la prendre pour un ange, mais Ophélie est bien loin d'en être un.

— Non, Hayden ! Je ne veux pas partir d'ici ! déclare-t-elle, ses yeux sondant les miens.

— Très bien, alors si tu ne dégages pas, c'est moi qui vais le faire !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je pousse Ophélie sans ménagement et cours jusqu'à la sortie du lycée, mais un bras se posant avec force sur mon épaule me stoppe soudain dans ma course endiablée. Je me retourne, prêt à donner un coup à Ophélie – me moquant de savoir si c'est une fille ou non – mais me rend compte que ce n'est nulle autre que ce débile de gars.

— Tu veux quoi toi ? attaqué-je.

— Je ne comprends pas ce qu'Ophélie à bien pu te trouver, tu es un vrai connard mon pote.

— Je ne suis pas ton pote !

— Et heureusement d'ailleurs, parce qu'un ami n'aurait jamais fait ça, et encore moins à elle.

Je lève les yeux au ciel et soupire bruyamment. Mon poing me démange sérieusement, et je commence à envisager de le lui foutre en pleine gueule.